dimanche 30 novembre 2014

Forces spéciales belges (2ème partie) Des opérateurs recrutés à 25-30 ans, "à l'âge où l'on devient performant au marathon"

Demain, 1er décembre s'ouvrira la période de recrutement. Un mois de pré-sélection à laquelle peut se présenter tout militaire belge ayant servi au moins trois années pour le ministère de la défense. Officiellement, tout soldat appartenant à un pays membre de l’Union européenne peut également être candidat (1). « Généralement, ils sont une quarantaine à postuler. 70% sont issus des paras-commandos. Selon les statistiques, le 1er janvier, ils seront 25. Et après six mois de formation, entre 5 et 10 » détaille le Major Denolf, commandant de l'unité. « Pour aider le candidat à réussir ses tests, pas de cris mais du coaching » explique un cadre. Après six mois de formation générale réussie, c’est la remise du béret et de l’insigne. Ensuite, c’est six autres mois de formation complémentaire et « intensive » axés sur « l’action directe ». L’année suivante les nouveaux opérateurs seront intégrés dans les teams dans lesquels ils vont acquérir une spécialité. « Mais chez nous, en réalité,  la formation dure deux ans » note le patron du Special Forces Group. Pas toujours évident de trouver des volontaires qui correspondent aux besoins, vu les difficultés de la formation et des contraintes familiales que le métier implique. Il n’est pas rare, en effet, que les opérateurs soient absents plus de huit mois par an de leur domicile. Pourtant, ils passent entre 5 et 12 ans au sein du groupe. « Chez nous, un membre des SF, avec une moyenne de 5 ans de service (3+2) gagne entre 2000 et 2500 € nets » ajoute un officier de l’unité. « La plupart des hommes qui réussissent le stage sont des hommes de 25-30 ans. C’est l’âge où l’on devient performant au marathon » glisse avec le sourire Wim Denolf. 
 
Crédit : SF Gp
Dans un cadre budgétaire sans cesse comprimé (-1,5 milliard sur 12 milliards d’€ dans les cinq ans à venir pour la défense belge) et un cadre opérationnel de plus en plus multinational, le nouveau commandant des Special forces Group envisage toujours plus de synergies avec notamment les forces spéciales françaises : « On a une même mentalité, un même esprit, une même culture. Les dernières années, face  à l’intensité des déploiements différents, la coopération était assez limitée, mais il entre dans mes intentions de chercher à intensifier celle-ci ».

(1) " On a eu par le passé un Français, un Néerlandais et un Grec qui se sont présentés à la journée d'information mais ils n'ont pas débuté la pré-sélection" raconte un recruteur.

samedi 29 novembre 2014

Les forces spéciales belges héritières du Belgian SAS squadron (1ère partie)


Wim Denolf avec le ministre de la défense Steven Vandeput (crédit : défense)
En France, on l’appellerait « Mon Commandant ». En Belgique, c’est « Mon Major ». Wim Denolf, 44 ans, y commande les forces spéciales (FS). Ce flamand quadrilingue (néerlandais, français, anglais, allemand), issu de l’Ecole Royale Militaire a également fréquenté l’école internationale des forces spéciales à Pfullendorf en Allemagne (Bade-Wurtemberg). Après deux passages au sein de l’unité, un séjour récent dans un état-major américain en Afghanistan, il est donc, depuis le 3 septembre dernier, son responsable. Le QG est situé à Heverlee, ville qui jouxte Louvain (Brabant flamand) dans un quartier qui abrita, naguère, l’école du train de la logistique.

Crédit : SF Gp
Le format des forces spéciales belges est celui d'un escadron hyperspécialisé : haute montagne, plongeurs de combat, chuteurs opérationnels. Les terriens « s’entrainent en montagne en Norvège, en France, en Allemagne, les chuteurs opérationnels peuvent sauter en Arizona (USA), en Jordanie, au Maroc, en Slovénie, les plongeurs eux travaillent en mer du Nord, dans les rivières, les carrières belges mais aussi en Corse, en Norvège au Danemark et aux Pays-Bas… » détaille le Major Denolf. Les FS c’est une dizaine de groupes bilingues, chacun composé de six opérateurs intégrant toutes ces spécialités. Auquel il faut ajouter un petit détachement maritime (SOBU) disposant de Frisc, (bateau de 11 m) acquis avec les Forces spéciales néerlandaises avec lesquelles « existe une coopération étroite », à savoir cours et entraînements communs, collaboration lors d’opérations. 
 
Eddy Blondeel (crédit : Wikipedia)
Cette unité est l’héritière du Belgian SAS squadron conduit, durant la Seconde Guerre mondiale, par le très populaire capitaine Eddy Blondeel dont la personnalité n’est pas sans rappeler celle de Philippe Kieffer. Blondeel désobéit à son gouvernement à Londres afin de pouvoir être, avec ses hommes, les premiers militaires belges à prendre position dans leur pays en 1944. Ils arrêtèrent, l’année suivante en Allemagne, le ministre des affaires étrangères nazi, Joachim Von Ribbentrop puis le successeur d’Hitler, l’amiral Karl Doenitz. L’étendard et les traditions de ces SAS furent transmis aux forces spéciales en 2011 ainsi que sa devise Who dares wins, « Qui ose, gagne ! ».  



 Les FS peuvent opérer à l’intérieur, comme à l’extérieur de la Belgique. Ces vingt cinq dernières années l’unité est intervenue officiellement en Haïti, en Côte d’Ivoire, en Afghanistan, en Libye, au Tchad et en Centrafrique, ainsi que dans la lutte contre la piraterie maritime. Missions également lors de périodes de tension dans les anciennes colonies belges : République démocratique du Congo (ex-Zaïre), Rwanda, Burundi afin de procéder à l’évacuation de ressortissants, de protection de l’ambassade et du chef de poste. Les forces spéciales possèdent d’ailleurs un détachement d’agents de sécurité (DAS) formés spécifiquement. Les hommes qui le composent, affectés dans d’autres unités, sont rappelés en cas de besoin.

A suivre...

vendredi 28 novembre 2014

Polynésie, vote d'une résolution demandant une nouvelle réparation pour les essais nucléaires

L'assemblée de Polynésie vient d'adopter à Papeete, une résolution demandant à l'Etat réparation pour le préjudice écologique provoqué, entre 1966 et 1996, par les 193 essais nucléaires réalisés à Fangataufa et Mururoa. Ce vote a été obtenu par une coalition  composée d'élus du Tahoera'a Huiraatira (droite) et d'indépendantistes. Paris a accordé à la Polynésie une dotation globale de développement économique de 150 millions d'euros, versée annuellement pour compenser la perte d'activité et de recettes fiscales à la suite de la fin des essais et du départ des militaires.

jeudi 27 novembre 2014

François Hollande : le budget de la défense "sera tenu"

"Il a été tenu et sera tenu" à 31,4 milliards d'euros annuels, assure le président de la République dans un courrier à Jean-Pierre Raffarin, président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat. M. Raffarin avait récemment manifesté, dans un courrier à François Hollande, ses "graves interrogations" pour le budget 2015.

mercredi 26 novembre 2014

Un tueur d'Hervé Gourdel tué par l'armée algérienne

C'est l'information que vient de donner à Alger le ministre de la justice Tayeb Louh, à l'Assemblée populaire nationale (APN). "L'un des auteurs de ce meurtre, identifié  auparavant, a été éliminé en octobre dernier" par des militaires dans le cadre d'une opération antiterroriste.

mardi 25 novembre 2014

Et le sport de masse se développa lors de Première Guerre mondiale

En 1914, la France compte 41 millions d'habitants. Seuls 300 à 400.000 sont inscrits dans un club sportif. La guerre va modifier le paysage du sport au point qu'en 1918, il s'en trouvera totalement transformé. Michel Merkel, auteur de 14-18, le sport sort des tranchées (éditions Le Pas d'Oiseau) explique cette transformation en quatre dates.
- "En septembre 1914, à la suite de la première bataille de la Marne, 750 km de tranchées sont creusés. La guerre de mouvement devient une guerre de position. Les soldats s'ennuient entre deux offensives". L'état-major pour leur remonter le moral leur propose alors des activités sportives militaires traditionnelles (ramper, marcher au pas...) ce qui n'intéresse guère les Poilus. Mais ceux d'entre eux qui pratiquent une discipline initient leurs camarades. L'encadrement laisse faire.
- Le 1er juillet, la bataille de la Somme marque la deuxième étape. " Les Anglais sortent de leurs tranchées et chargent ballons aux pieds. Le sport construit les individus, porte des valeurs" raconte l'auteur qui fut membre de l'équipe de France de judo.
- Le Chemin des Dames (avril 1917) est également significatif. Alors qu'éclatent des mutineries, une directive du général Pétain confirme la pratique du sport au front "avec des moyens importants".
- L'arrivée des Américains (1917) entraînera l'arrivée de nouvelles disciplines comme le basket, le volley-ball...
Dans les années qui suivent le nombre de clubs sportifs en France augmente considérablement. La fédération française de football est créée en 1919. Celles de rugby et d'athlétisme l'année suivante.

lundi 24 novembre 2014

Paroles d'honneur


C'est le titre du dernier ouvrage de Paul Barril, publié par les éditions Télémaque et L'Essor de la gendarmerie (1). Le cofondateur du GIGN livre là sa vérité, notamment sur l'attentat à Kigali, le 6 avril 1994, contre le Falcon qui transportait le président rwandais Juvénal Habyarimana (et son homologue burundais Cyprien Ntaryamira). Attentat qui déboucha sur un génocide au Rwanda qui fit 800.000 morts majoritairement Tutsis. Pour lui -qui était proche du président assassiné et qui fut mandaté par sa veuve pour mener une enquête sur les conditions de l'attentat- seul le FPR (Front patriotique rwandais) du président actuel Paul Kagamé a pu mener cette opération. C'est une thèse que M. Barril soutient depuis de nombreuses années. Des ONG ont, elles, demandé à la justice sa mise en examen, l'accusant d'avoir fourni des armes aux génocidaires. 
Par ailleurs, interviewé dans le numéro de décembre de l'Essor de la gendarmerie il explique que "sans le GIGN et la cellule élyséenne, j'aurais sans doute fini ma carrière comme commandant de groupement, colonel ou général. Et çà, je le regrette..." Aujourd'hui, atteint de la maladie de Parkinson Paul Barril vit à Londres.

(1) 19,90 € disponible en librairie à partir du 12 décembre.

samedi 22 novembre 2014

L'Ordre du Canada



C’est la plus haute distinction du pays. 42 Canadiens l'ont reçue vendredi. Créée en 1967 pour reconnaître « des réalisations exceptionnelles, le dévouement remarquable d’une personne envers la communauté ou une contribution extraordinaire à la nation ». Distinction qui comprend trois grades : membre, officier et compagnon, le plus élevé. La reine Elisabeth II est la souveraine de l’Ordre dont le chancelier est le gouverneur général en poste. 

Médaille de compagnon
 L’insigne a la forme d’un flocon de neige à six pointes. Au centre, une feuille d’érable entourée d’un anneau rouge sur lequel figure la devise de l’Ordre : desiderantes meliorem patriam, « ils veulent une patrie meilleure ». Depuis sa création plus de 6000 personnes ont, expliquent les Canadiens, « été investis ».

vendredi 21 novembre 2014

Légion étrangère, la remise du képi blanc

Arc de Triomphe, 28 octobre, en présence du Comle (4ème RE)
 Vendredi prochain, se déroulera à Couiza (Aude) une remise de képis blancs. Ce sera la 19ème de l'année qui en comptera 21. Celles-ci sont organisées dans le département de résidence du 4ème Régiment étranger (RE), l'Aude, dans des départements limitrophes mais aussi plus lointains : Pyrénées-Atlantiques (Saint-Jean-de-Luz, le 16 avril), Alpes-Maritimes (Mandelieu-la Napoule, le 5 juillet), Paris (le 28 octobre).
Après quatre semaines d'instruction passées dans l'une des trois fermes du régiment et au terme d'une marche de cinquante kilomètres, 40 à 60 légionnaires reçoivent lors de cette cérémonie leur képi blanc. Un telle section d'engagés volontaires compte habituellement une trentaine de nationalités. L'âge moyen de ces hommes est de 23,5 ans. A l'issue de trois autres mois de formation, ces néo-légionnaires rejoignent leur régiment d'affectation. Généralement, en métropole. Préalablement, ces hommes ont émis trois choix. 80%  obtiennent satisfaction (1er choix). Problème propre à la Légion et ses 146 nationalités : viser à l'équilibre de celles-ci dans les régiments.
A Couiza le 28 novembre, le président du Service départemental d'incendie et de secours (SDIS) de l'Aude (par ailleurs maire de la commune) offrira une ambulance au régiment, destinée à l'instruction des auxiliaires sanitaires de la Légion étrangère.

jeudi 20 novembre 2014

Burkina-Faso : la nouvelle promotion du lieutenant-colonel Zida

Un officier de son entourage l’avait affirmé mardi : il serait nommé Premier ministre. Les faits lui ont donné raison. Au pouvoir depuis le départ, le 31 octobre de Blaise Compaoré après 27 ans de « règne », le lieutenant-colonel Zida vient d’être nommé à la primature par le président intérimaire du Burkina-Faso, Michel Kafando auquel il remis le pouvoir il y a deux jours. Cette désignation intervient à l’issue d’une négociation entre civils et militaires. La transition militaire d’Isaac Zida, qui avait pris le pouvoir à la chute de Compaoré, aura duré moins de trois semaines. Aucun de ces deux hommes ne pourra être candidat à la présidentielle de 2015. 
Le maintien de militaires au cœur du jeu politique suscite de l’inquiétude à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Pour sa part, l’officier appelle ses compatriotes et la communauté internationale à l’accompagner « sans a priori ».

mardi 18 novembre 2014

1429 personnes assassinées en 5 mois en Syrie par le groupe EI

Ce chiffre vient d'être fourni par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Selon cette organisation, 900 étaient des civils dont près de 700 appartenaient à la tribu Chaitat qui s'est soulevée contre le groupe autoproclamé Etat islamique. Parmi ces personnes assassinées figurent Peter Kassig et 18 soldats syriens décapités dimanche.

vendredi 14 novembre 2014

On lui doit le Famas



Qui se souvient parmi les générations de militaires qui ont utilisé le FAMAS depuis 1978, quel était son concepteur ? Il s’agit de l’ingénieur général Paul Tellié qui vient de décéder à l’âge de 95 ans, dans les Pyrénées-Orientales. Saint-Cyrien en 1940, il reprit plus tard des études afin d’obtenir un diplôme d’ingénieur. C’est à la manufacture d’armes de Saint-Etienne où il était affecté que le projet FAMAS fut mené à partir de 1967. A bien puisqu’il équipa les armées onze ans plus tard. 400.000 exemplaires furent produits. Le fusil à répétition modèle F1 (FR-F1) fut également mis au point par Paul Tellié.

mercredi 12 novembre 2014

Les 94 ans du 4ème Régiment étranger

"Plus de la moitié de la Légion passe chaque année au 4ème RE" précise cet officier. "Que ce soit pour la formation d'engagés volontaires (1000) ou dans des stages qui reçoivent 3000 légionnaires". Le régiment de Castelnaudary (Aude) devenu "une référence mondiale en matière de formation d'étrangers" précise-t-il, fêtera vendredi son 94ème anniversaire. Trois fois dissous, il est établi dans le Lauragais depuis 1976 et au quartier Danjou depuis 1984. 
Depuis 1920, le régiment "des fortes têtes", qui dépend du commandant de la Légion étrangère (COMLE), a perdu 13 officiers, 60 sous-officiers et 390 légionnaires au combat  (Maroc, Syrie, Tunisie, Madagascar, Algérie).

jeudi 6 novembre 2014

Emile Huby, né le 7 novembre 1914

E. Huby, juillet 2014 (HW)
Cet ancien méhariste fête ce vendredi ses cent ans. Une cérémonie se déroulera à la mairie du XIXème arrondissement de la capitale, où le maire François Dagnaud lui remettra la médaille de la ville de Paris. Il y a cinquante et un ans, dans la cour d'honneur des Invalides, il avait été décoré de la Légion d'honneur.
Emile Huby s’engage dès l’âge de 18 ans (en 1932) dans l’armée et fut, de 1934 à 1937, opérateur radio dans une compagnie saharienne. En 1940, il est transmetteur au sein de la 5ème division de cavalerie avec laquelle il participe à la Campagne de France. Il entame ensuite des études de droit qu’il ne peut mener à leur terme à cause d’une tuberculose, qu’il parviendra à soigner. Policier de 1945 à 1969 (préfecture de police de Paris), sa carrière se poursuit ensuite au sein de l’Agence foncière et technique de la région parisienne, organisme chargé alors de l’aménagement des villes nouvelles. Entre 1954 et 1968, parallèlement à sa fonction au « Service des étrangers » à la PP, il dirige le centre Ferrié qui forme à Vincennes (cours du soir) des prémilitaires et des sous-officiers de réserve à l’arme des transmissions.
Discret, il se qualifie d'homme ordinaire. L'homme ordinaire est né à la quinzième semaine de la Première Guerre mondiale. Un samedi.

mercredi 5 novembre 2014

Colère du chef des Navy Seals

Qui s'adresse à ceux "qui recherchent la célébrité ou la fortune" en révélant des informations sur les missions secrètes de l'unité. Cet avertissement du contre-amiral Brian Losey intervient alors que la chaîne américaine Fox News a annoncé la diffusion, les 11 et 12 novembre prochains, d'un documentaire consacré à un ancien membre des Navy Seals qui dit être celui qui a abattu Oussama ben Laden au Pakistan en 2011. Emission qui fait suite au livre d'un autre ex-commando, Matt Bissonnette qui a écrit ses mémoires No easy day (2012) sans prévenir le Pentagone. Brian Losey, commandant des opérations spéciales de la marine menace de "conséquences judiciaires ceux qui violent délibérément la loi".

mardi 4 novembre 2014

Sivens, la politique, les taiseux et les gendarmes (actualisé)

C'est comme si les aiguilles d'une montre s'emballaient et prenaient, à chaque tour, un peu plus de vitesse. Ainsi peut-on résumer Sivens, vite devenue affaire d'Etat. Quatre éléments y ont contribué : la mort d'un manifestant, les mises en accusation violentes de Cécile Duflot, l'absence de voix venues tempérer les attaques menées par l'ex-ministre contre le fonctionnement de l'Etat et en particulier les forces de l'ordre (ici, les gendarmes). Et enfin la surchauffe médiatique.
Tout le monde est d'accord pour déplorer la mort d'un jeune homme de 21 ans mais il y a  indécence manifeste à la récupérer politiquement. N'aurait-il pas été raisonnable d'attendre de connaître le contenu du rapport d'enquête pour se prononcer. Ainsi, quel était le contexte qui prévalait au moment des faits ? 
Mais non ! La députée Cécile Duflot n'a pas eu de mots assez durs pour dénoncer ce "scandale absolu" et la "tâche indélébile sur le quinquénnat", confisquant à l'occasion la parole d'EELV (habituellement si éparpillée). Personne n'est réellement dupe : ces outrances verbales tacticiennes ne visent qu'à régler des comptes avec François Hollande et Manuel Valls ; le PS avait pourtant réservé en 2012 une circonscription en or à Paris à la représentante écologiste...Qu'en pensent les Français ? J'attends avec impatience le premier sondage qui mesurera la perception des déclarations de Madame Duflot et plus généralement de cette affaire du barrage tarnais. Il risque d'être porteur de surprises...
L'air du temps a porté d'autres reproches. Pourquoi n'a-y t-il pas eu de réaction rapide du président de la République et du Premier ministre ? Les gendarmes ont informé le préfet. Que s'est-il passé ensuite ?
Depuis le 26 octobre, date de la mort de Rémi Fraisse, il doit suffire d'une main et demie pour comptabiliser les politiques qui sont venus pondérer ce discours au lance-flamme. Discours qui vise à établir un principe : la culpabilité des forces de l'ordre. J'imagine l'état d'esprit de ces hommes et de ces femmes (gendarmes ou policiers) chargés à longueur d'année de gérer manifestations et manifestants, d'éviter les débordements. Leur univers n'est pas le plus enviable : attaqués, caillassés, insultés, blessés...  Ils sont toujours considérés comme des coupables potentiels. L'un d'entre eux et la chaine de commandement ont-ils commis une faute à Sivens ? L'enquête le dira. Mais condamner à priori les gendarmes, dans une sorte de délit de fonction, est ridicule. Beaucoup d'entre nous avons attendu la réaction de C. Duflot après les saccages enregistrés à Nantes et Toulouse perpétrés par des activistes intolérants. Ces gendarmes sont soumis au devoir de réserve. Mais sans nul doute, comme l'expliquait récemment une jeune femme gendarme, "qu'ils en ont gros sur la patate ".


dimanche 2 novembre 2014

Valse militaire à Ouagadougou

Durant les manifestations de la semaine la foule scandait souvent un nom, celui du général Kouamé Lougué, ancien ministre de la défense. Une fois le président Compaoré parti (en Côte d’Ivoire) c'est un autre général, Nabéré Honoré Traoré, chef d’état-major qui s’approchait du pouvoir, annonçant vendredi qu’il assumait désormais les plus hautes fonctions. Mais ce n’était là qu’illusion. Samedi, c’est un lieutenant-colonel Isaac Zida qui coiffait sur le poteau les généraux. Commandant adjoint du régiment de sécurité présidentielle (RSP), unité présentée comme la mieux armée du pays, celui-ci annonçait sur les ondes d’une radio qu’il assumait désormais les responsabilités de chef de cette transition « et de chef de l’Etat pour assurer la continuité de l’Etat ». Le soutien militaire lui semble acquis. Ce coup de force a-t-il un avenir ? La société civile burkinabè et l’opposition politique -bien peu audible durant les journées qui ont conduit Blaise Compaoré à renoncer à ses ambitions « éternelles » puis à quitter le pouvoir- se prononcent pour une transition « civile ». L’Union africaine (UA) également.

samedi 1 novembre 2014

« De la Pierre à l’Olivier », des groupes de parole pour les proches de victimes d’opex

Samedi 9 juin 2012, 13h45. Pascale Lumineau se prépare à recevoir une nouvelle patiente. Elle boit un café avec son mari. La sonnette retentit à leur domicile de Saint-Gély-du-Fesc (Hérault). « Mon mari et moi, avons su tout de suite… » 
Une délégation vient apprendre à ces deux anciens militaires que leur fils, Pierre-Olivier, a été tué le matin en Afghanistan, victime d’un attentat suicide. Trois autres militaires français sont également morts. Pierre Olivier, aîné d’une fratrie de cinq enfants, servait au 40ème régiment d’artillerie depuis 2010. 
Pascale Lumineau vient de créer De la Pierre à l’Olivier, une association qui souhaite mettre en place des groupes de parole, s’adressant à tous les proches de militaires ayant vécu ou vivant un traumatisme.


Pascale Lumineau (droits réservés)
Ce 9 juin 2012, la délégation arrive et vous apprend la mort de Pierre-Olivier. Puis, c’est le trou noir…
Pascale Lumineau : Tout devient noir, en effet…. Une part de nous sait, une autre refuse. Et le combat commence, la survie commence. Je me sens forte de cet enfant parti, qui m’insuffle son énergie. Je ne sais plus si le noir n’était pas ma vie d’avant finalement... J’ai envie de me cacher dans un trou pour panser ma plaie. Mais curieusement, je sens que ce n’est pas là qu’est ma mission. Ce noir doit s’éclaircir et Pierre-Olivier me guide désormais. Ce qu’il me dit est d’aller aider ceux qui restent !

Ensuite, on se retrouve très vite seul ?
Vous savez, dans le deuil, on est seul. Chacun vit sa douleur différemment, au sein de la famille, au sein du couple et encore plus avec le reste de la société.
Isolés dans le Sud, car géographiquement nous n’avons plus de repères militaires… et le régiment de notre fils est basé dans l’Est… Les trois familles qui, comme nous sont touchées par le départ de leur soldat, sont éloignées. Bref personne avec qui échanger, parler, pleurer notre fils, notre héros.

« La parole libère » dites-vous. C’est la thérapeute ou la maman qui parle ?
La thérapeute est la maman. Si je n’avais pas fait tout ce parcours, je n’aurais certainement pas pu faire face à ce changement de vie. Et oui, chaque patient reçu met des mots sur ses maux et ainsi libère le mal. Donc c’est par l’expérience que je diffuse cette vérité.

Ainsi est née l’association « De la Pierre à l’Olivier ». Un nom très symbolique
Oui, la pierre qui symbolise la solidité et l’olivier représente lui paix et sagesse ; ce qui évoque aussi mon fils, dans sa démarche militaire comme dans sa démarche personnelle.
Autre symbole fort dans la recherche du nom de l’association : quand mon fils a disparu, dès le lendemain, le bel olivier planté dans notre jardin et entouré de pierres a complètement séché, il s’en est allé comme notre héros ! Nous l’avons remplacé assez vite et étions désespérés de ne pas voir ce nouvel olivier prendre racine, fleurir, presque à se demander si nous n’avions pas été trompés sur la marchandise ! Quelle n’a pas été notre surprise lorsque le 18 mars de cette année, soit le lendemain de la création de l’association, il y avait quelques feuilles qui pointaient le bout de leur nez. C’était sûr : mon fils approuvait mon action et restait à mes côtés pour m’aider dans cette tâche !

Qui s’adresse à tous les proches de militaires ayant vécu ou vivant un traumatisme, « aux collatéraux des opex » ?
Elle s’adresse, en effet, à toutes les familles au sens large du terme : les familles des décédés comme celles des blessés – ayant subi un traumatisme physique et/ou psychologique – (femmes, parents, frères, sœurs, cousins, copains…) et les frères d’armes, s’ils le désirent  J’inclus également les familles des soldats qui ne sont plus dans l’institution, car ceux-ci n’ont pas vu leur traumatisme s’envoler lors de leur démission ou de leur mise à la retraite !

L’armée sait-elle gérer ces traumatismes ?
L’armée gère pour les militaires – et je ne voudrais pour rien au monde empiéter sur leur terrain – mais il y a les familles, ce que nous appelons la base arrière, qui elles ne sont pas toujours accompagnées, surtout dans le temps alors il y a matière à aider, croyez moi…

Dans la douleur, il faut intégrer également l’indifférence de la société...
Le souci quand on perd son enfant, c’est qu’au départ tout le monde est là, vous entoure, vous protège et puis les jours passent, les mois passent et on vous laisse dans votre chagrin, votre douleur… En même temps, le deuil d’enfant ou autre proche, c’est un processus qui se vit seul. Cependant, quand il s’agit de votre enfant unique, qu’on vous oublie dans votre maison, votre appartement, la vie qui s’est arrêtée au moment de son envol n’a plus trop de sens si personne ne vous tend la main, même pas un voisin tout proche !

Combien de groupes de parole créés ?
Pour l’instant deux groupes ont été constitués : un à Suippes et un à Clermont-Ferrand. J’essaye d’en installer partout où les personnes prennent contact avec moi, pour que je puisse créer des antennes relais de l’association. Mais faire bouger n’est pas une mince affaire même si le besoin est plus que réel...

DR

Contact : Pascale Lumineau : 06 07 59 33 33 ; courriel : fami7lumi@hotmail.fr