dimanche 31 mai 2015

Au contact



Le nouveau modèle de l’armée française s’appelle « Au contact ». Il a été présenté jeudi par le chef d’état-major de l’armée de terre, à Polytechnique (Palaiseau), dans une opération de communication à destination des acteurs politiques, des industriels et des journalistes. Pourquoi ce nom ? Il renvoie, explique-t-on dans l’entourage du général Bosser, aux réalités du combat. Pour les communicants militaires, il faut également utiliser le slogan de manière plus ouverte en allant au contact du monde et de ses réalités mais aussi au contact des Français et des territoires.

samedi 30 mai 2015

D'autres missions de la gendarmerie

Deux de ses formations sont peu connues. La gendarmerie de l'armement et celle chargée de la sécurité des armements nucléaires. La première, forte de 279 militaires, est placée sous l'autorité du délégué général de l'armement. La seconde, 50 personnels, est principalement implantée à l'Ile-Longue (Finistère) où sont stationnés les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins de la Force océanique stratégique et à Taverny (Val d'Oise) où est situé le centre opérationnel des Forces aériennes stratégiques.

lundi 25 mai 2015

La gaffe norvégienne ?



En 2008, la Norvège a vendu à un homme d’affaires la base sous-marine d’Olavsvern, près du port de Tromso (nord du cercle polaire arctique). Cette décision politique prise lors de la restructuration de la marine royale, nourrit toujours de fortes critiques dans le pays, notamment de la part de militaires retraités. Principal reproche : le manque d’anticipation, à l’heure de fortes tensions entre la Russie et l’OTAN,  alors que la flotte russe du Nord se déploie en mer de Barents. « Cela prive nos sous-marins d’un point d’appui crucial, logé dans la montagne » dit à Oslo un ancien officier supérieur. Pour sa part un ex vice-amiral parle « de pure folie ». Mise en vente sur un site d’annonces en ligne sans trouver d’acquéreur, la base qui a coûté 500 millions d’euros a été vendue 40 millions au groupe éponyme Olavsvern qui, aujourd’hui, loue les quais à des navires russes officiellement de recherche ou de collecte de données sismique.
La décision de fermer Olavsvern a été prise par le gouvernement de Jens Stoltenberg (parti travailliste) qui est aujourd’hui…secrétaire général de l’OTAN. L’actuel gouvernement norvégien (conservateur) n’entend pas revenir sur cette décision.

vendredi 22 mai 2015

Amazonie, mission conjointe CNRS-Légion étrangère



Ce raid est un défi : 320 km parcourus à pied le long de la frontière entre la Guyane et le nord du Brésil. Une expédition jamais réalisée qui va être entreprise, à partir du 2 juin, par quatre scientifiques et quatorze légionnaires du 3ème REI (Régiment étranger d’infanterie, Kourou). A l’origine de ce raid, François-Michel Le Tourneau, géographe, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) qui explique : « Fixée en 1900 par un arbitrage de la Suisse, la frontière entre la Guyane et le Brésil se compose de deux tronçons : tout d’abord le fleuve Oyapock, de son embouchure à sa source ; puis la « frontière sèche », constituée par la ligne de partage des eaux entre la source de l’Oyapock et le point de Trijonction Brésil/Surinam/Guyane française. Du fait de son isolement, cette dernière a été tardivement reconnue et matérialisée. Ce n’est que durant les années 1950-60 que des missions coordonnées par l’IGN (Institut géographique national) y installeront sept bornes en ciment. » C’est la première fois que ce parcours, « le raid des 7 bornes » va être effectué d’une seule traite. Deux guides brésiliens participeront également à l’opération.

L’objectif est à la fois scientifique (inventaires botaniques, relevés géographiques) et militaire (mission de renseignement sur les activités humaines, test de nouveaux matériels, adaptation et résistance des hommes à un milieu particulièrement inhospitalier, orientation topographiques).
Le groupe espère parcourir 10 kilomètres par jour. Il n’existe aucun sentier « si bien que nous devrons nous frayer un chemin dans la forêt dense. Mais nous éviterons le plus possible l’ouverture de layons (sentiers), qui consomme beaucoup d’énergie et ralentit la marche. Nous progresserons donc en nous adaptant le mieux possible à la topographie et en recherchant les sous-bois clairs qui permettent d’avancer au mieux. Afin de ne pas surcharger les sacs (25 à 30kg), des ravitaillements seront positionnés par hélicoptère sur les bornes » précise François-Michel Le Tourneau sur son blog. 1146 rations individuelles sont prévues "et chaque homme aura sur lui 6 à 10 jours de vivres en permanence" a pour sa part précisé le colonel Walter, chef de corps du 3ème REI.
Autre difficulté importante de la mission : franchir les collines des monts Tumuc Humac. L’expédition espère arriver vers le 20 juillet à la source du fleuve Oyapock.

mercredi 20 mai 2015

Fin de parcours pour Abdelkrim le Touareg et Bana



Ils étaient deux des principaux chefs d'’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et d’Ansar Dine : Amada Ag Hama alias "Abdelkrim le Touareg" et Ibrahim Ag Inawalen alias "Bana". Ils ont été tués, au nord du Mali dans la nuit du 17 au 18 mai, par les forces spéciales françaises. Au cours de cette opération, deux autres terroristes ont été neutralisés au cours des combats, précise le ministère de la défense qui estime que "cette opération, après celle ayant mis hors de combat Ahmed Al-Tilemsi (MUJAO, en décembre dernier) porte un nouveau coup dur aux groupes armés terroristes sahéliens".
Ag Hama appelé aussi Abdelkrim al-Targui aurait été lié à la plupart des enlèvements de Français dans cette zone. Il avait ainsi revendiqué au nom de son organisation l'enlèvement et l'assassinat des reporters de RFI Ghislaine Dupont et Claude Verlon, le 2 novembre 2013.

dimanche 17 mai 2015

Jean Zay et les polémiques

 
Crédit : www.clermont-ferrand.fr

"Jean Zay fait partie de ces grands hommes que leur oeuvre exemplaire place au-dessus des considérations de chapelle, des appartenances". Qui écrit cela ? Roger Karoutchi, sénateur UMP des Hauts-de-Seine, auteur avec Olivier Babeau d'une biographie du ministre de l'éducation nationale du Front populaire (Ramsay, 2006). Jean Zay sera "panthéonisé" le 27 mai prochain avec Germaine Tillion, Geneviève Anthonioz de Gaulle et Pierre Brossolette. Une fois la décision prise par le président de la République, une polémique a été déclenchée par le général Delort, président du Comité d'entente des associations patriotiques et relayée, notamment, par le général Pinard-Legris au travers de l'association de soutien à l'armée française. Celle-ci repose sur un poème écrit par Zay lorsqu'il avait 19 ans " odieux poème sur le drapeau français" note une nouvelle fois dans sa dernière lettre (mai 2015) le général Pinard-Legris qui annonce que "L’ASAF ne sera pas présente au Panthéon le 27 mai, journée nationale de la Résistance, afin de ne pas cautionner ce qu’elle estime être une forfaiture, une insulte inacceptable faite à l’ensemble des Françaises et des Français, en particulier à ceux qui souffrirent et sacrifièrent leur vie pour le drapeau". 

Le Drapeau


Que contient ce poème ? «... Terrible morceau de drap coulé à ta hampe, je te hais férocement, Oui, je te hais dans l’âme, je te hais pour toutes les misères que tu représentes… Que tu es pour moi de la race vile des torche-culs ….». Cité ainsi tout est quasiment dit, en effet. Sauf que ce texte a une histoire que l'on ne peut ignorer.  
Le Drapeau est un poème en prose écrit le 9 mars 1924 par Jean Zay, âgé de 19 ans. Celui-ci précisa ultérieurement qu’il avait été rédigé dans le cadre d’un jeu littéraire entre étudiants et non publié. « Oublié dans un livre, retrouvé par un individu malveillant et vénal, Le Drapeau fut vendu aux milieux d’extrême-droite orléanais… » explique un autre biographe de Zay (Olivier Loubes, Jean Zay, Armand Colin, 2014).

Jean Zay et le patriotisme

A la chambre des députés, le vendredi 31 janvier 1936, Jean Zay (sous-secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil, cabinet Albert Sarraut (24 janvier-4 juin 1936) s'en expliquait : « Il s’agissait d’un pastiche littéraire » dit-il. « Si le texte qui a été produit était, et ce n’est pas le cas, l’expression d’une opinion sérieuse et réfléchie, l’homme que je suis le repousserait avec horreur, et ayant voté ici les crédits de la défense nationale, attesterait avec force, quels que puissent être les commentaires, la loyauté de son patriotisme ». Xavier Vallat, député de l'Ardèche (droite), futur Commissaire général aux questions juives de Vichy qui prend aussitôt la parole, se déclare extrêmement satisfait de l'explication fournie (compte-rendu de séance de la chambre des députés).
Le texte repose sur deux thèmes, la mort, la patrie. A l’inverse, Zay les a utilisés positivement dans un autre texte quelques années auparavant. Plus précisément en 1916. L’inspecteur d’académie du Loiret met en valeur une vingtaine de copies du certificat d’études primaires. Dont celle de l’élève Jean Zay. Thème de ce devoir : « Vous voyez passer dans les airs un aéroplane. Vous le suivez longtemps du regard ; puis vous demeurez pensif, vous demandant quelle sera sa destinée ». Zay, 12 ans, écrit : « Cet aéroplane que je viens de voir passer, où va-t-il ? A la mort ? Combien revient-il d’aviateurs sur un cent ? (…) Tous les Français, petits ou grands, qui sont morts pour leur pays peuvent reposer tranquilles. La France est là, elle garde dans son livre d’or le nom de ces martyrs, gravés éternellement, meurs heureux ! (…) Que de dévouements obscurs (…) Va petit avion, va doux oiseau de France, va ! et que tes ailes d’or s’étendent à jamais dans le ciel pour marquer que la France, plus belle et plus brillante que jamais ne veut pas mourir ! » (texte reproduit dans Le bulletin de l’instruction publique du Loiret).

Jean Zay et la politique

Lorsqu’il débuta en politique, à Orléans (1924), les premiers à attaquer Zay furent les communistes. Zay radical, est perçu comme « un ennemi de classe », un « juif dénaturalisé » (il est élevé dans le protestantisme). En 1932, Zay, 27 ans, est candidat à la députation. Le journal d’extrême-droite, Le Journal du Loiret écrit : « Un juif authentique, Elie-Jean Zay (…) ose solliciter vos suffrages… ». Ce texte du Drapeau commencera à être utilisé contre Jean Zay après les tensions du 6 février 1934, pendant la guerre d’Espagne et les  crispations politiques qu’elle provoque de ce côté-ci des Pyrénées. C’est un « terreau de choix » pour l’Action française. C’est l’époque où Zay est stigmatisé : « le juif Zay »….

Le juif Zay

« Vous savez sans doute que sous le patronage du négrite juif Jean Zay, la Sorbonne n’est plus qu’un ghetto (…) Je vous Zay », écrit de l’une de ses cibles (avec Georges Mandel) Louis-Ferdinand Céline en 1938, dans L’Ecole des cadavres. L’écrivain laisse éclater sa haine à l’égard des tenants de la paix.
Les notes de Jean Zay prises lorsqu’il est ministre seront publiées illégalement après avoir été récupérées frauduleusement. Avant d’être un livre, elles sont un feuilleton qui parait du 28 février au 18 avril 1941 dans l’hebdomadaire Je suis Partout (devenu à partir de 1941, collaborationniste et antisémite). C’est Lucien Rebatet, condamné à mort à la Libération, qui a monté l’opération qui vise à accuser Zay d’avoir contribué à déclencher la guerre. L’avant-propos de ce livre de notes publié sous le titre « Les carnets secrets de Jean Zay » est signé Philippe Henriot, secrétaire d’Etat à l’information et à la propagande dans le dernier gouvernement Laval, de janvier 1944. Il écrit à propos de Zay : « A des heures décisives de notre vie nationale, ce petit juif se trouvait lancé dans la politique par l’aberration du suffrage universel… ».

Le ministre du Front populaire

1936-1939, J. Zay est ministre de l’Education nationale et des beaux-arts, gouvernements Léon Blum 1 et 2, Camille Chautemps 3 et 4, Edouard Daladier 3. Il est à l’origine de la création du CROUS, du brevet sportif, de la prolongation de l’obligation scolaire (de 14 à 16 ans), de l’interdiction des propagandes confessionnelles dans l’enseignement public, des classes de 6ème d’orientation, du festival de Cannes, du CNRS et a porté un projet de création d’une Ecole nationale d’administration…

1939-44

Le 10 septembre 1939, Jean Zay démissionne du gouvernement pour s’engager dans l’armée (sous-lieutenant dans le Train). "Ce qu'il ne dit pas" raconte Roger Karoutchi "c'est qu'une appendicite mal opérée a depuis quelques jours dégénéré en abcès. Il usera de son pouvoir pour échapper à la visite médicale d'incorporation".  Le 20 juin 1940, il embarque sur le Massilia, en compagnie d’autres parlementaires, à destination de Casablanca, munis d’ordres officiels pour participer au repli des membres du gouvernement et des Chambres en Afrique du Nord afin de poursuivre la guerre. Durant le voyage l'armistice est signé. Retournement en métropole, les parlementaires embarqués font figure d'accusés. Zay est  empêché de se rendre à Vichy pour participer à la réunion des Chambres (10 juillet 1940). Puis il est arrêté par le nouveau régime. Interné à Clermont-Ferrand. Condamné à la déportation et à la dégradation. Détenu au Fort Saint-Nicolas à Marseille puis à Riom. Le 20 juin 1944, Jean Zay est abattu par la Milice à Cusset (Allier). Son corps sera identifié en 1948. Un an plus tard, un certificat d’appartenance à la Résistance lui est attribué. Il porte le numéro 10779.

Zay dans la mémoire nationale

En 2004, François Fillon rendait hommage à celui qui jeta les bases « d’une école républicaine qui est encore la nôtre… ». La promotion 2012 de l’ENA choisit de porter le nom de Jean Zay. 5 lycées, 21 collèges, 66 écoles françaises portent son nom.

jeudi 14 mai 2015

La Légion, l'étranger et la langue française

L'engagement constitue un saut dans l'inconnu pour l'étranger, difficile à appréhender pour nous, Français. Arrivant à Castelnaudary (Aude), la grande majorité des engagés volontaires ne parle pas un mot de français, langue de travail de la Légion. Pour mesurer la difficulté à laquelle ces hommes se trouvent confrontés, imaginons-nous nous engager dans l'armée finlandaise sans parler le finnois ou chinoise sans parler mandarin ou cantonnais. Pour évoquer cette réalité, l'actuel COMLE (commandant la Légion étrangère), le général Jean Maurin raconte une anecdote personnelle. "Je suis russophone et j'ai commencé à apprendre cette langue au lycée Jules Verne à Nantes. En 2004, j'ai été auditeur au CHEM russe à Moscou. Les premières semaines ont été difficiles pour suivre l'enseignement dans une langue que pourtant j'avais entretenue. J'ai compris alors ce que pouvait ressentir un légionnaire étranger. J'ai compris qu'il ne sert à rien de faire de long discours..."

mercredi 13 mai 2015

Et le Lusitania sombra...



Crédit : rmslusitania.fr

 Au-dessus de lui, le capitaine du sous-marin allemand aperçoit un paquebot britannique à quatre cheminées. Un navire capable de traverser l’Atlantique en moins de cinq jours. Mis à l’eau il y a six ans. Nous sommes le 7 mai 1915. L’officier allemand du U20 a déjà coulé de nombreux bateaux. Mais il ne dispose que d’une torpille de faible puissance. Quels dégâts causera-t-elle ? Elle est lancée et touche son but. L’officier est tout à coup surpris. Une deuxième explosion retentit. Celle-ci est beaucoup plus violente. Le RMS Lusitania sombre en un quart d’heure. Toutes les chaloupes ne peuvent être mises à la mer par l’équipage. Sur 1959 passagers qui avaient pris place sur le paquebot à New York à destination de Liverpool, 1198 disparaissent au large de l’Irlande. Son armateur vantait le "plus grand et plus rapide paquebot du monde" pouvant atteindre les 21 nœuds.
Les enquêteurs établiront rapidement que le Lusitania avait embarqué des munitions à destination des troupes britanniques qui se battent sur le front. Une cargaison secrète composée notamment de 4200 cartouches de fusil, d’explosifs... Ce drame, présenté par le gouvernement des États-Unis comme "un crime de guerre", va devenir un "argument majeur dans la mobilisation américaine contre l'Allemagne" explique André Larané, fondateur du site Herodote.net