vendredi 24 septembre 2021

Mort au Mali du CCH Blasco


Agé de 34 ans, le caporal-chef Maxime Blasco du 7ème bataillon de chasseurs alpins de Varces (Isère), "est mort au combat au cours d’une opération de reconnaissance et de harcèlement conduite par la Force Barkhane dans le Gourma malien, au Sud-Est de N’Daki, dans la région de Gossi, à proximité de la frontière entre le Mali et le Burkina Faso" annonce ce soir l'état-major des Armées. Le tireur aurait été "neutralisé". A l'occasion de son précédent séjour au Mali, en mai 2019, lors d'un engagement avec une trentaine de terroristes, l'hélicoptère Gazelle dans lequel Maxime Blasco avait pris place était touché par des tirs et était contraint de se poser d'urgence. Ejecté lors de l'impact, le CCH Blasco "malgré de graves blessures et la proximité immédiate des ennemis, n’hésite pas à extraire le pilote ainsi que le chef de bord, blessés et encastrés dans l’aéronef en feu. Il les traine jusqu’à une zone dégagée sur près de cinquante mètres puis, toujours sous le feu ennemi, les arrime par une manœuvre de fortune sur un hélicoptère Tigre venu en renfort avant de s’accrocher par la seule force des bras au train d’atterrissage. Son action permettra le sauvetage et la survie de l’équipage de l’hélicoptère. Blessé au dos et souffrant de multiples fractures vertébrales, il est rapatrié en France. En récompense de ses services exceptionnels, il est décoré de la croix de la Valeur militaire avec étoile de Vermeil puis de la Médaille Militaire des mains du Président de la République" apprend-on dans la biographie diffusée ce soir par le ministère des Armées.

Jacques Lecompte-Boinet, « Mémoires d’un chef de la Résistance »

  



Lors d’un dîner à Alger, fin 1943, Jacques Lecompte-Boinet explique à son interlocuteur, membre comme lui de l’Assemblée consultative provisoire, les raisons de son engagement en résistance. « C’était le dégoût d’être seul de ma lignée à n’avoir pas fait mon devoir envers mon pays pendant la guerre (1939-40) à cause de mes cinq enfants et il fallait absolument que, justement, vis-à-vis d’eux, je me rachète, je sois digne de mon père et de mon grand-père. » Lorsqu’il se raconte, cet autodidacte de la lutte clandestine a déjà vécu beaucoup de vies en peu de mois. Phénomène habituel chez ces hommes et ces femmes qui s’engagèrent parce qu’humiliés par la défaite, l’occupation, Vichy.

                                       Ceux de la Résistance

Fonctionnaire dans les services financiers de la préfecture de Paris, gendre du général Mangin* et beau-frère de Diego Brosset**, Jacques Lecompte-Boinet (1905-1974) a intégré en 1941 le Mouvement de Libération nationale (qui deviendra Combat) dont il dirige, en zone nord, le bureau d’information. En février 42, il échappe à Paris à l’arrestation, ce qui ne l’empêche pas de continuer à vivre en famille à Sèvres (aujourd’hui Hauts-de-Seine, alors Seine-et-Oise) jusqu’en juillet de l’année suivante. Une trahison au sein du mouvement provoque, en effet, une vague d'arrestations qui aboutit au démantèlement de l'état-major parisien. JLB se retrouve quasiment seul. Il créé alors L’organisation nationale de la Résistance et échappe en juin, à nouveau aux Allemands. Son mouvement se transforme en janvier 1943, en Ceux de la Résistance qui devient rapidement l’un des plus importants de l’ex zone Nord. Effectuant des opérations de sabotage des voies ferrées et navigables de l'Est, CDLR assure également de nombreuses réceptions de parachutage. Ses membres participent aussi à la diffusion des ouvrages des Editions de Minuit (créées en 1941) et notamment du Silence de la Mer. Livre écrit par l’un des deux fondateurs de la maison d’édition, Jean Bruller sous le pseudonyme de Vercors que Jacques Lecompte-Boinet rencontre régulièrement. Pour la France libre, ce dernier devient l’un des hommes chargés d’incarner un « contre-Etat » face à Vichy, comme l’explique dans la postface, l’historien Bruno Leroux.

                                    La Résistance vue de l’intérieur

L’un des indéniables intérêts de ces Mémoires d’un chef de la Résistance est de raconter le quotidien, l’intime parfois, de la vie des résistants. Une réflexion de Lecompte-Boinet datant de la fin 1942, explique l’un des enjeux de l’engagement : « L’année s’achevait. Mais combien d’amis avais-je perdu ? » Elle dit l’anxiété qui abîme les résistants : « La nervosité qui s’emparait de nous progressivement, la vie que nous menions en vase clos avec la crainte toujours suspendue sur nos têtes d’une arrestation possible… » Tout est résumé dans cette citation***. Jacques-Marie, Le Bouédic, Peyrac, Mondor, Dumont, Réaumont, Legrix, Jacques, Mathieu, Lefort…le chef de CDLR usa de très nombreux alias. Son récit minutieux, qui n’inclut pas forcément la nuance, s’intéresse particulièrement à ces hommes et femmes décidés à « faire quelque chose » contre l’occupation de leur pays. Qu’y voit-on ? Outre la peur, les pièges, la traîtrise, les drames nous l’avons vu, des épisodes burlesques, le don de soi, l’héroïsme, l’amateurisme des débuts puis la professionnalisation, les rapports compliqués entre civils et militaires (ou anciens), la difficulté de jeunes gens pour s’affirmer face à des résistants plus âgés, les rivalités entre mouvements donc entre les hommes, une bataille des égos, la suffisance de certains chefs de réseaux ou de mouvements ou de la France libre, la concurrence avec Londres (où il se méfie des juifs qui entourent le général de Gaulle et les parlementaires de la IIIème République) et tout cela malgré la menace permanente que faisaient peser les services de répression de l’occupant efficacement secondés par leurs sicaires français ainsi que la police et la gendarmerie de Vichy. C’est là le clair-obscur de la Résistance. Durant ces mois à part, le temps se dilate explique Lecompte-Boinet et l’équilibre personnel de chacun de ces « aventuriers » est certainement terriblement menacé.

                                                    1245 pages

Ces mémoires d’almanach, qui nous conduisent également à Londres et donc à Alger, sont une combinaison d’écrits de l’auteur compagnon de la Libération. Elles sont un pari audacieux -1245 pages- mais courageux des éditions du Félin. Avec un appareil critique riche et une postface efficace, voici un ouvrage important pour approfondir ses connaissances de la résistance intérieure. A l’heure où dans le débat public la Résistance continue à être convoquée ou prise en otage, ces Mémoires d’un chef de la Résistance (juré au procès Pétain) offrent une opportunité pour combler nos lacunes. Bruno Leroux écrit que ces mémoires ne sont pas tout à fait comme les autres. Ce livre est effectivement un bel exercice d’anamnèse, les événements ouvrant le sens à de multiples situations psychologiques, précieuses pour cerner les acteurs et leurs choix.

Mémoires d’un chef de la Résistance, Jacques Lecompte-Boinet, éditions du Félin, 39 €.

*Le général Charles Mangin fut marginalisé par Pétain lors de la Première Guerre mondiale mais Clémenceau lui obtiendra ensuite le commandement de la Xème armée.

** Français libre, le général Brosset prend le commandement en août 1943 de la 1ère division française libre (DFL). Il meurt en novembre de l’année suivante dans un accident en Haute-Saône, au volant de sa Jeep.

*** Le nombre de déportés résistants est évalué à environ 45 000 par François Marcot dans le Dictionnaire historique de la Résistance, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2006. D’après l’historienne Gaël Eismann, environ 3 000 personnes ont été fusillées après jugement des tribunaux militaires allemands. Environ 1 000 otages ont été fusillés par les Allemands. Environ 12 000 résistants sont victimes de la « lutte contre les bandes » menée par la Wehrmacht, la Waffen SS et la Sipo-SD, qu’ils aient été tués au combat, exécutés ou massacrés avec des civils (environ 3 000).

lundi 20 septembre 2021

Les opérations d’influence chinoises dans le monde, y compris en Nouvelle-Calédonie



 

"Les actions mises en œuvre par Pékin dans ses opérations d’influence à l’étranger relèvent de deux objectifs principaux et non exclusifs l’un de l’autre : d’une part, séduire et subjuguer les publics étrangers, en faisant une narration positive de la Chine, dont témoignent notamment quatre récits (le « modèle » chinois, la tradition, la bienveillance et la puissance) ; d’autre part et surtout, infiltrer et contraindre" expliquent Paul Charon et Jean-Baptiste Jeangène Vilmer au début de leur étude sur Les opérations d’influence chinoises, un moment machiavélique, mise en ligne ce matin par l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (www.irsem.fr).
Le premier est directeur du domaine "Renseignement, anticipation et menaces hybrides" de l’IRSEM, le second, son directeur. Les deux chercheurs consacrent quelques lignes dans ces 646 pages à l’intérêt manifesté par le régime chinois à la Nouvelle-Calédonie : "Parmi les leviers utilisés par Pékin dans ses opérations d’influence, figurent notamment les mouvements citoyens, en particulier les mouvements indépendantistes. En Nouvelle-Calédonie comme à Okinawa, le Parti-Etat déploie la même stratégie consistant à noyauter l’économie, se rapprocher des responsables politiques locaux au travers de nombreuses associations d’amitié, voire de manipulations de l’information, pour encourager le sentiment indépendantiste qui est dans l’intérêt de Pékin… "

vendredi 17 septembre 2021

Commentaire : Les « Pokens » et le coup de Trafalgar


En rompant le contrat français de fourniture de 12 sous-marins conventionnels au profit de submersibles à propulsion nucléaire, les « Pokens », -les Australiens, ainsi surnommés en Nouvelle-Calédonie- semblent avoir changé de doctrine. Longtemps, la question du nucléaire militaire a constitué une question majeure de la vie politique du pays-continent. Au point, dans les années 70 de tendre considérablement les relations diplomatiques entre nos deux pays à cause des essais nucléaires français à Mururoa (Polynésie). Canberra s’agaçait également qu’un processus de décolonisation n’ait pas été mis en place en Nouvelle-Calédonie voisine*. La fin des essais en 1996, les accords de Matignon (1988) puis de Nouméa (1998) rassurèrent les Australiens. Les temps redevinrent cléments. Jusqu’à ces dernières heures.
La rupture du contrat est intervenue sans ménagement. Certes dans ce dossier complexe, nos amis allemands avaient essayé « de savonner la planche des Français » comme le raconte une source informée, mais Naval Group et la France ont esquivé. Certes, en janvier dernier, le ministère australien de la défense annonçait que les Tigre français livrés en 2011 seraient remplacés par des Apache. C’était une alerte. 
Aukus (Australia-United Kingdom-United States), le partenariat anti-chinois augure d’un temps nouveau. Le rapprochement militaire que la France avait noué avec les « Pokens » constituait un point fort de sa stratégie Indo-Pacifique (une zone économique exclusive de 9 millions de km² à protéger). Une fois la colère française passée, ce sera l’heure des négociations sur les pénalités qui coûteront certainement plus cher à l’Australie que les sommes remboursées par la France à la Russie en 2015 pour les deux porte-hélicoptères Mistral. Pour l’heure, l’exercice Croix du Sud mené par les Forces armées de Nouvelle-Calédonie (FANC) avec 17 armées de la région, dont nos « partenaires » australiens, est toujours prévu au printemps 2023.

* L'Australie a attendu 2011 pour s'excuser d'avoir retiré de force des milliers d'enfants Aborigènes, jusqu'aux années 1970, à leurs familles à des fins d'assimilation mais également à tous les Aborigènes victimes de mauvais traitement. 

jeudi 16 septembre 2021

Le chef du groupe EIGS tué par l'armée française (actualisé)

 

@Armées

"Adnan Abou Walid al Sahraoui, chef du groupe terroriste Etat islamique au Grand Sahara a été neutralisé par les forces françaises" a annoncé cette nuit, sur Twitter, Emmanuel Macron. Cet émir autoproclamé a été tué lors d’une opération de Barkhane "le mois dernier" a précisé ce matin, lors d'une conférence de presse, la ministre des Armées. Lors d'une opération qui a pu être menée "grâce à une manoeuvre de renseignement de longue haleine" et des captures de quelques-uns de ses proches, a expliqué Florence Parly. Désigné "ennemi prioritaire" au Sahel lors du sommet de Pau (janvier 2020), cet ancien d’Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI) était considéré comme le responsable des attaques meurtrières menées dans la région des trois frontières (Mali, Niger, Burkina Faso). La ministre des Armées estime ainsi qu'il est, avec son groupe, à l'origine de la mort de 2 à 3000 personnes. Adnan Abou Walid al Sahraoui avait ainsi ordonné, il y a un peu plus d'un an, l’assassinat  de six humanitaires français et leur guide et chauffeur nigérien. 

vendredi 10 septembre 2021

Les médaillés de Tokyo décorés

"Mérites éminents" pour la Légion d'honneur, "mérites distingués" pour l'ordre national du Mérite. 158 sportifs français médaillés lors des récents Jeux Olympiques et Paralympiques de Tokyo (Japon) viennent d'être récompensés lors d'une promotion spéciale publiée aujourd'hui au Journal Officiel. Les athlètes ayant reçu une médaille d'or lors d'une première participation sont faits chevalier de la Légion d’honneur, chevalier de l’ordre national du Mérite s'ils ont obtenu l’argent ou le bronze. Les "récidivistes" sont promus officier. Cette promotion comprend 71 décorés de la Légion d'honneur (65 chevaliers et 6 officiers) et 87 de l'ONM (85 chevaliers et 2 officiers).
Cette pratique visant à récompenser des sportifs ayant participé au rayonnement de la France dans le monde a été initiée par le général de Gaulle en 1964, après les Jeux d'hiver à Innsbruck (les JO d'été s'étant déroulés...à Tokyo).
Les sportifs des Armées ont obtenu lors de cette XXXIIème olympiade (23 juillet au 8 août 2021) 13 médailles, ceux engagés ensuite dans les épreuves paralympiques ( 24 août au 5 septembre), 19 (un athlète du ministère de l'Intérieur).