vendredi 17 septembre 2021

Commentaire : Les « Pokens » et le coup de Trafalgar


En rompant le contrat français de fourniture de 12 sous-marins conventionnels au profit de submersibles à propulsion nucléaire, les « Pokens », -les Australiens, ainsi surnommés en Nouvelle-Calédonie- semblent avoir changé de doctrine. Longtemps, la question du nucléaire militaire a constitué une question majeure de la vie politique du pays-continent. Au point, dans les années 70 de tendre considérablement les relations diplomatiques entre nos deux pays à cause des essais nucléaires français à Mururoa (Polynésie). Canberra s’agaçait également qu’un processus de décolonisation n’ait pas été mis en place en Nouvelle-Calédonie voisine*. La fin des essais en 1996, les accords de Matignon (1988) puis de Nouméa (1998) rassurèrent les Australiens. Les temps redevinrent cléments. Jusqu’à ces dernières heures.
La rupture du contrat est intervenue sans ménagement. Certes dans ce dossier complexe, nos amis allemands avaient essayé « de savonner la planche des Français » comme le raconte une source informée, mais Naval Group et la France ont esquivé. Certes, en janvier dernier, le ministère australien de la défense annonçait que les Tigre français livrés en 2011 seraient remplacés par des Apache. C’était une alerte. 
Aukus (Australia-United Kingdom-United States), le partenariat anti-chinois augure d’un temps nouveau. Le rapprochement militaire que la France avait noué avec les « Pokens » constituait un point fort de sa stratégie Indo-Pacifique (une zone économique exclusive de 9 millions de km² à protéger). Une fois la colère française passée, ce sera l’heure des négociations sur les pénalités qui coûteront certainement plus cher à l’Australie que les sommes remboursées par la France à la Russie en 2015 pour les deux porte-hélicoptères Mistral. Pour l’heure, l’exercice Croix du Sud mené par les Forces armées de Nouvelle-Calédonie (FANC) avec 17 armées de la région, dont nos « partenaires » australiens, est toujours prévu au printemps 2023.

* L'Australie a attendu 2011 pour s'excuser d'avoir retiré de force des milliers d'enfants Aborigènes, jusqu'aux années 1970, à leurs familles à des fins d'assimilation mais également à tous les Aborigènes victimes de mauvais traitement.