samedi 30 avril 2022

Camerone aux antipodes

© Camerone d'après Daniel Lordey, collection CM

A Nouméa, à 18 000 kms de la maison-mère (Aubagne), entourés de fidèles et des porte-drapeaux des amicales d’anciens combattants, les anciens légionnaires de Nouvelle-Calédonie se sont réunis en cette fin du mois d’avril 2022 pour honorer ceux de Camerone et de toutes les guerres auxquelles a participé la Légion étrangère. En présence du général Valéry Putz, commandant supérieur des forces armées en Nouvelle-Calédonie (FANC) et chef de corps du 2ème Étranger (REI) entre 2014 et 2016.
Pas de compagnie tournante de la Légion étrangère pour commémorer le combat de Camerone cette année, mais la présence et l’activité de la petite mais active amicale des anciens légionnaires du territoire ont compensé les effectifs réduits. « Peu im
porte le nombre, pourvu qu’il y ait du cœur ! » rappelle un ancien képi blanc. « Et il y en a eu dans cette cérémonie sobre et simple. » Celle-ci s’est déroulée de nuit, devant le monument aux morts de Nouméa, sur la place Bir Hakeim, dont le nom évoque bien sûr les hauts faits du bataillon du Pacifique mais également évidemment de la 13e DBLE.
Conformément à l’exigence de la tradition, le texte du combat de Camerone a été intégralement récité par un jeune ancien. « Dans le ciel de Nouméa, portés par un accent qui rappelait l’engagement des étrangers au service de la France, ont résonné les mots du serment du Capitaine Danjou et les noms de ces hommes qui l’accomplirent jusqu’à l’extrême limite, et pour beaucoup jusqu’au sacrifice suprême » raconte un participant.
Ayant honoré dignement la mémoire de leurs anciens, les légionnaires calédoniens ont ensuite « chaleureusement » entretenu la cohésion de la Légion autour d’un repas. Le Boudin a ainsi retenti au milieu du Pacifique.

mercredi 20 avril 2022

Enora Chame "Lorsque je quitte la Syrie et me tourne une derrière fois vers ce pays, l’ombre me semble avoir tout recouvert"

Enora Chame est le pseudonyme d’un officier supérieur français. Diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris, de l’Institut national des langues et civilisations orientales (arabe), brevetée de l’Ecole de guerre, cette militaire (Air) a effectué dans sa carrière de nombreuses missions opérationnelles. Dans son premier livre, "Quand s’avance l’ombre" (Mareuil éditions), elle raconte une mission exceptionnelle (à tous points de vue) effectuée en Syrie d’avril à août 2012, en qualité d’observateur de l’ONU.


- Enora Chame, vous connaissez la Syrie depuis 2004. Ce pays est alors, , votre "Graal" racontez-vous. Pourquoi ?
"Parce que la Syrie est à cette époque l’un des pays du Moyen-Orient les plus fermés aux militaires, peu fréquenté par les touristes, et me semble donc particulièrement mystérieux… et attirant. Aujourd’hui, je dirais la même chose de l’Iran."

- Lorsque vous y retournez 8 ans plus tard, c'est dans le cadre d'une mission onusienne. Et là, vous vous avancez vers l'ombre...
"J’y suis retournée régulièrement. De 2004 à 2006 fréquemment, puis 2010, 2011, 2012. Dans tous les cas dans le cadre de missions ou de mutations à l’ONU. L’ombre semble me suivre, je ne m’avance pas vers elle. Elle se manifeste chaque fois que je découvre qu’un site ou une ville que j’ai connu est gagné, d’une façon ou d’une autre, par la violence. Lorsque je quitte la Syrie et me tourne une derrière fois vers ce pays, l’ombre me semble avoir tout recouvert."

- Vous êtes le seul officier français parmi ces 300 observateurs (non armés) ? 
"Oui !"

- La violence est partout. Le diable est dans tous les camps ? 
"Le diable, d’une manière générale, est, dans toutes les guerres, dans tous les camps. Pour ce qui concerne Al Qaida, je dirais oui. Les deux camps ont pensé s’en servir ou l’instrumentaliser, avant d’être dépassés par des jihadistes qui n’attendaient que le chaos pour prospérer."

- Un djihadiste menace de vous égorger ? 
"Oui, c’est ce qu’il me dit. Je ne suis pas la seule à avoir été menacée de la sorte."

- Comment psychologiquement, sortez-vous de cette mission ? 
"Très bien. Fatiguée, évidemment, et changée, comme toutes les missions vous changent. Je me surveille de près et me remets vite. Mais il restera toujours ce souvenir de mission inachevée, et de son échec. Il faut, avec le temps, se pardonner d’avoir été impuissant."

- Ne vous sentez-vous pas impuissante, ne pouvant rien faire pour la population ? 
"Très."

- Dans ce livre, vous racontez que lors de précédentes missions, dans d'autres zones, vous avez demandé à des camarades de garder une balle pour vous "si cela tournait mal"... 
"Je garde toujours une balle pour moi dans les environnements très hostiles et incertains. C’est ce que l’un de mes anciens chefs faisait pour lui-même en Afrique, et j’ai adopté le même état d’esprit. Demander à un camarade de ne pas me laisser tomber entre de très mauvaises mains, et possiblement imposer un calvaire à mes proches, m’est arrivé à deux reprises dans ma carrière, et pas dans cette mission. Pour moi, il s’agit de la meilleure façon possible de mettre ses affaires en ordre, afin de retrouver sérénité et concentration pour poursuivre la mission."

vendredi 15 avril 2022

Le général Lardet poursuit à la tête de la Légion



Arrivé à l’été 2020, le général Alain Lardet effectuera une troisième année au COMLE. Agé de 53 ans, ce saint-cyrien de la promotion Capitaine Hamacek (1989-92) a eu à gérer, au cours de ses deux premières années, le recrutement en période covid avec la fermeture des frontières, l’évolution de la solidarité à la Légion, le centenaire de la devise Honneur et fidélité et un partenariat avec le XV de France qui va s’étendre jusqu’à la coupe du monde de rugby, en 2023.

mardi 12 avril 2022

Des décorations pour le 60e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie

Ces contingents exceptionnels, publiés ce matin au Journal officiel, sont destinés aux anciens combattants. Ils se répartissent ainsi.

Légion d’honneur :

- Grand croix : 1

- Grand officier : 3

- Commandeur : 2

- Officier : 10

- Chevalier : 100

Médaille militaire : 40

Ordre national du Mérite : 40.

lundi 4 avril 2022

Un stage au CEFE pour le XV de France ?


©Armées

Le général Alain Lardet et Fabien Galthié se sont envolés pour la Guyane. Objectif pour le patron de la Légion étrangère et l’entraineur du XV de France, étudier la faisabilité d’un stage de l’équipe tricolore au Centre d’entraînement en forêt équatoriale afin de préparer la coupe du monde de rugby qui se déroulera, en 2023, en France (8 septembre-28 octobre).
Armé par le 3e régiment étranger d’infanterie (REI, Kourou), le CEFE « a pour vocation d’aguerrir les corps et les esprits, de façon à repousser les limites physiques et humaines, renforcer l’esprit de corps des stagiaires » explique un spécialiste.
L’équipe de France a effectué en janvier dernier un stage au 1er régiment étranger de cavalerie (Carpiagne, Bouches-du-Rhône) afin de préparer le Tournoi des 6 nations, qu’elle a remporté.

dimanche 3 avril 2022

La Légion et les Ukrainiens

En Ukraine, parmi les combattants venus défendre le territoire certains se prétendent anciens de la Légion étrangère. Un phénomène assez classique qu’un porte-parole de l’institution, cité ce matin par le JDD, démentait « 80 % n’ont jamais été légionnaires. »
En revanche, 702 Ukrainiens y ont vraiment signé un contrat d’engagement.
Le général Alain Lardet, le COMLE, avait annoncé le 1er mars aux képis blancs qui en sont originaires qu'ils pourraient se rendre dans certains pays limitrophes afin de "recueillir leur famille", sur autorisation. Une mesure destinée à freiner les désertions. Aujourd’hui, 63 défections ou absences irrégulières ont été constatées.
Par ailleurs, 70 familles ukrainiennes ont été accueillies à Marseille au Centre des convalescents et des permissionnaires de la Légion étrangère (CCPLEM) en partenariat avec l’Ordre de Malte.

samedi 2 avril 2022

Camerone 2022 : le capitaine Estoup portera la main du capitaine Danjou

 


La cérémonie marquant le 159e anniversaire de Camerone, aura cette année pour thème de « Sidi Bel Abbès à Aubagne. » Il y a soixante ans, la Légion quittait en effet l’Algérie pour le sud de la France. Avant ce départ, le 1er régiment étranger de parachutistes (successeur depuis 1955 du 1er BEP) a été dissous par Pierre Messmer, ministre des Armées pour avoir participé au putsch des généraux à Alger. C’était un 30 avril, en 1961. Les officiers sont arrêtés. Parmi eux, un capitaine qui commande la 3eme compagnie, le capitaine Joseph Estoup. Le saint-cyrien est jugé à Paris. Il se souvient de la « la diligence intelligente » de la Maison Mère et de « l’extrême froideur » de l’armée, raconte-t-il en 2019 dans un ouvrage, Lits de cendres*. Condamné à deux ans de prison avec sursis, il perd son grade et ses décorations et est rayé des cadres de l’armée. C’est sa mort militaire.

Réhabilité, il refusera toujours de porter ses médailles et notamment sa Légion d’honneur décernée pour son comportement en Indochine, à moins de trente ans. Le 30 avril prochain, le capitaine Joseph Estoup (né en 1929) portera sur la Voie sacrée à Aubagne (Bouches-du-Rhône) la main du capitaine Danjou. La veille, il sera fait commandeur de la Légion d’honneur. Il sera accompagné de l’adjudant-chef (er) Heinrich Hartkopf, de l’adjudant-chef Saïd Ighir, de l’ex sergent Lucien Véres et du brigadier-chef Magomed Moussaiev qui constitueront sa garde légionnaire. Pour la première fois, depuis soixante-et-un ans, il portera officiellement ses décorations.

*Yveline édition, 2018, 307 pages