mardi 30 avril 2013

Les éditorialistes et le Livre blanc

Patrice Chabanet, Journal de la Haute-Marne :
" Le Livre blanc de la Défense sacrifie-t-il nos armées ? C'est mieux que si cela avait été pire, répondraient les humoristes. Il est clair que la réduction des dépenses publiques touche tous les secteurs. La Défense ne pouvait donc pas y échapper. Cela veut dire des réductions d'effectifs, des programmes d'équipement revus à la baisse. Le rabot budgétaire ne devrait épargner que notre force de frappe nucléaire. Sans doute la tentation de Bercy était-elle de serrer un peu plus la vis. Mais l'intervention française au Mali a servi de bouclier financier à nos militaires. La réussite de l'opération - en dépit d'une nouvelle perte hier matin - a montré la nécessité de disposer d'un outil de projection fiable et rapide, et donc d'avoir les moyens de le pérenniser. A force de raboter, ici ou là, on finit par toucher l'os."

Dominique GARRAUD, La Charente Libre :
"...Face à des armées souffrant du complexe de la "variable d'ajustement", François Hollande a choisi une voie réaliste qui maintient la France dans un statut militaire de "nation cadre" essentiel pour sa diplomatie et la promotion de ses valeurs. Une singularité partagée avec la seule Grande-Bretagne dans une Europe moins que jamais volontariste pour traduire dans les faits une politique commune de défense et de sécurité qui n'a jamais dépassé le stade des symboles".

Patrick LOUIS, La Dépêche du midi :
"...Comment, au nom de quoi, ce secteur particulier pourrait-il échapper au traitement décidé par le gouvernement dans sa longue quête vers un équilibre nouveau.Il faut rappeler que Nicolas Sarkozy avait pris la décision, lors de son mandat, de supprimer 54 000 emplois. Il en reste aujourd'hui 10 000 dont la réalisation est en cours. Le document propose un nouveau recul de 24 000 postes. Notre armée ne va pas être frappée pour autant par «l'apocalypse budgétaire», par le «tsunami» annoncés bien avant la publication des travaux".

Jacques CAMUS, La Montagne :
"...Le Livre blanc de la Défense qui lui a été remis hier s'inscrit dans cette volonté de concilier rigueur budgétaire et « compétitivité » de notre outil de défense. Cela ne se fera pas sans douleur, avec 24.000 suppressions de poste d'ici 2019 s'ajoutant aux 54.000 victimes de la période 2008-2015. Autrement dit, la « piétaille » fera les frais des investissements dans les matériels et les technologies de pointe.
Sera-ce suffisant pour faire face aux nouvelles menaces nées des évolutions géopolitiques ? La réduction constante des budgets de défense (sauf aux USA) est-elle compatible avec l'état du monde ?"

Raymond COURAUD, l'Alsace :
"Waterloo 1815, Sedan 1940, Dien Bien Phu 1954… Bercy 2013 ! L’histoire de l’armée française est sur le point de s’enrichir d‘une nouvelle défaite. L’ennemi n’a rien à voir avec les « féroces soldats » dont il est question dans la « Marseillaise ». Ce sont les technocrates du ministère de l’Économie qui nous préparent un désastre sans précédent. Il y a peu, la présidente socialiste de la commission de la Défense nationale, à l’Assemblée, affirmait que « Bercy veut tuer le ministère de la Défense".

Dominique QUINIO, La Croix :
"...Chaque pays européen vit le même scénario de restrictions. Nécessité faisant loi, ne serait-il pas temps de construire une défense européenne, en mutualisant les moyens et les compétences? Si le continent veut exercer une responsabilité sur la marche du monde, il n'est pas raisonnable de ne compter que sur la Grande-Bretagne et la France, elles-mêmes obligées de s'appuyer sur des soutiens technologiques américains".

lundi 29 avril 2013

Un sixième soldat français tué au Mali (actualisé)

Le caporal-chef Stéphane Duval, 32 ans, du 1er Régiment de parachutistes d'infanterie de marine (1er RPIMA, Bayonne) a été tué aujourd'hui dans l'extrême nord du Mali, entre Tin Zaouaten et Boughessa. Décès annoncé peu après 20h par l'Elysée. Selon le journaliste Jean-Marc Tanguy (http://lemamouth.blogspot.fr/), "son VPS a été touché par une explosion, mais à ce stade, l'EMA ne tranche pas entre un IED et une mine abandonnée (l'interrogation était la même lors de l'explosion sur un AMX10RCR qui avait elle aussi tué un soldat français). Deux autres opérateurs, qui occupaient vraisemblablement le même véhicule, ont été "sérieusement" touchés, mais ils ont pu être évacués par hélicoptère sur le MCV de Tessalit, et leurs vies ne seraient plus en danger. Ils seront vraisemblablement rapatriés assez rapidement par un Falcon médicalisé de l'ETEC".

vendredi 26 avril 2013

Général de Saint-Chamas : "La force de la Légion, c’est sa capacité d’intégration"

2013 est une année particulière pour la Légion étrangère. Pour trois raisons : l'engagement remarqué des légionnaires, notamment du 2ème REP, au sein de l'opération Serval au Mali ; le 150ème anniversaire de Camerone qui sera célébré dans quatre jours ; enfin, la considération marquée par le commandement à l'institution. Le 14 juillet à Paris, le général de division Christophe de Saint-Chamas défilera, en effet, à la tête de 450 de ses hommes sur les Champs-Elysées. C'est une première. Année particulière mais rappelle le commandant de la Légion étrangère (Comle), "la qualité d'une troupe, n'est jamais acquise...".


Crédit : Lieber- Légion étrangère  
Comment se présente ce 150ème anniversaire de Camerone ?
Nous mettons tout en œuvre pour que cette fête soit une grande réussite. A Aubagne, la cérémonie sera présidée par le ministre de la défense. Tous les régiments de la Légion étrangère seront mis à l’honneur par la présence de leur emblème. Un public de plus de 9 000 personnes est attendu. Et notre nouveau musée, « le Louvre du légionnaire », sera inauguré après la prise d’armes. Simultanément, au Mexique, le ministre délégué chargé des anciens combattants présidera une cérémonie sur les lieux du combat avec les autorités mexicaines et un détachement de légionnaires.
Cette journée sera l’occasion de redire combien ce combat est fondateur pour la Légion car il donne tout son sens à l’engagement des étrangers au service de la France. Camerone, c’est l’humilité de ceux qui savent qu’ils vont mourir. Il ne s’agit ni d’un renoncement ni d’une inconscience. Mais bien de la fidélité à la parole donnée.

Anniversaire qui se déclinera en deux parties, avec le 14 juillet où vous défilerez à la tête de 450 légionnaires sur les Champs-Elysées. C'est exceptionnel ?
C’est un honneur ! Comme toujours les pionniers ouvriront la marche avec leur hache et leur tablier de cuir. Viendra la musique, comme jadis dans les batailles les tambours battaient la charge en tête des colonnes qui montaient à l’assaut. Je défilerai devant sept emblèmes et trois compagnies fournies par les 2e REP, 1er REC et 2e REG. Toutes les composantes de la Légion seront représentées : infanterie, cavalerie et génie.
Lorsqu’un légionnaire, soldat étranger au service de la France, défile sur les Champs Elysées,  il est applaudi par la population, c’est extrêmement fort. Cela manifeste ce lien indéfectible qui unit les Français à la Légion. Le légionnaire y mesure la reconnaissance de la France pour son parcours d’exception.

L'image de marque de la Légion n'a jamais été aussi bonne. Le comportement des légionnaires au Mali y a largement contribué !
La qualité d’une troupe n’est jamais acquise ! L’efficacité au combat, au Mali ou ailleurs, montre que la pédagogie exigeante que nous utilisons pour former des légionnaires, hier comme aujourd’hui, ces étrangers aux origines extrêmement diverses, est la bonne. La rigueur et la discipline donnent une qualité de soldats exceptionnelle. A cela s’ajoute la richesse des parcours individuels !
Nous pouvons tous être fiers de nos légionnaires qui ont risqué leur vie et la risquent toujours pour défendre les intérêts de la France. Et là comme ailleurs, les légionnaires se sont montrés dignes de la confiance qui leur est faite.

Je vous ai entendu récemment définir ainsi votre mission : "Prendre des grains de sable et en faire du ciment !" ?
La force de la Légion, c’est sa capacité d’intégration. A la Légion, les grands principes d’intégration datent de sa création en 1831. Ils lui sont consubstantiels. Ils visent la participation active, dans une même unité, d’hommes de cultures très diverses. Cette tradition est essentielle en temps de paix ; elle devient vitale en opération. L’intégration repose sur l’apprentissage de la langue française, le culte d’une histoire commune, l’adhésion à des valeurs partagées, des règles de vie spécifiques et des symboles auxquels s’identifier. On s’engage volontairement à la Légion pour des raisons très variées, mais on y partage un même idéal. Chacun peut y retrouver sa dignité. Le nombre élevé et constant de candidats qui chaque jour frappent à la porte de cette institution unique, nous conforte dans l’idée que ce modèle est attractif pour la jeunesse.

Le format Légion est aujourd'hui de 7000 légionnaires. Est-il suffisant pour remplir toutes les missions qui vous sont confiées ?
Chaque légionnaire compte et la Légion sait remplir les missions qui lui sont confiées, quel qu’en soit le prix, avec la même détermination que la soixantaine de légionnaires le jour de Camerone. Au quotidien, notre rôle consiste à faire vivre et à préserver la cohérence d’un outil performant qui contribue à l’efficacité et au rayonnement de l’armée de terre.

jeudi 25 avril 2013

795 légionnaires recrutés en 2012

Photo : Henri Weill
10189 candidats se sont présentés, 3350 ont été retenus et dirigés à Aubagne où 795 ont finalement été recrutés. Age moyen de ces nouveaux légionnaires : 23,5 ans (1).  Parmi les tendances géographiques  : 25,5% sont d’origine slave soit une augmentation de 3% par rapport à l’année précédente, 19,5 % viennent d’Europe centrale et des Balkans (chiffre en recul de 10 points par rapport à 2003), 17,5 % sont nés dans un pays occidental (statistique qui ne cesse de croitre chaque année), 9% d’Afrique subsaharienne, 8,5% d’Asie, 5,5% d’Amérique latine, 2,7 % viennent  (principalement) d’Afrique du nord. Enfin les Français sont 11,8 %, soit le chiffre le plus bas depuis 2002.

(1) Légionnaire, portraits (Nimrod, 2013) livre de photographies de Jean-Baptiste Degez auquel j'ai participé pour les textes.

mercredi 24 avril 2013

L'hommage national à François Jacob

Photo : Henri Weill
Cinq Compagnons de la Libération étaient présents ce matin dans la cour des Invalides pour rendre hommage à l'un des leurs, François Jacob mort vendredi à Paris. Auprès d'eux, cinq ministres, le chef du gouvernement et le président de la République pour qui François Jacob, prix Nobel de médecine et ancien chancelier de l'ordre de la Libération "c'est à la fois une œuvre scientifique majeure et une haute idée de son pays". Il y avait également des académiciens en grande tenue, un ancien Premier ministre, un ex ministre de l'intérieur, le chef d'état-major des armées, le grand chancelier de la Légion d'honneur, des amis, des proches, des anonymes, des jeunes aussi. C'est à eux, en conclusion de son intervention, que François Hollande s'est adressé. "François Jacob disait : Ceux de ma génération, en quoi pouvaient-ils croire ? On leur avait volé leur jeunesse, tué leurs amis, écrasé leurs espoirs, leurs enthousiasmes. Il ajoutait :  De tous les grands mots il n’y avait guère que « Liberté » qui avait résisté. C’était pour la liberté qu’il avait quitté maison, famille, pays. Pour la liberté qu’il s’était battu. Pour la liberté qu’il avait été comme d’autres, à un moment blessé, pour la liberté qu’il avait refusé que n’importe qui puisse faire n’importe quoi. »

Photo : présidence de la République

lundi 22 avril 2013

Mort de François Jacob, prix Nobel de médecine et Compagnon de la Libération

Crédit : Ordre de la Libération
« Quand je tombe sur mon nom, en retrouvant un livret d’étudiant, des papiers militaires ou un article de vieux journal, cela me semble concerner des types qui s’appelaient comme moi ». Voilà comment se définissait François Jacob.
Etudiant en médecine, celui-ci se destine à une carrière de chirurgien lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate. Il interrompt alors ses études et rejoint les Forces françaises libres à Londres le 1er juillet 1940. Il participe ensuite, dès le mois d’août, à l’expédition de Dakar au titre de médecin auxiliaire, puis à la campagne du Gabon. Nommé médecin-chef de la 12ème compagnie du Régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad, il révèle, disent ses supérieurs, des qualités humaines et une efficacité remarquables. C’est au sein de la Colonne Leclerc, lors des campagnes du Fezzan, de Tripolitaine et de Tunisie, que le fraîchement promu médecin sous-lieutenant François Jacob va faire montre d’un exceptionnel courage au feu, n’hésitant pas, à de nombreuses reprises, à aller chercher des blessés sous les tirs ennemis. Lui-même blessé en mai 1943 au Djebel Garci, il n’abandonnera son poste que le lendemain après s’être assuré de son remplacement. Il est de nouveau grièvement blessé au mois d’août 1944 en Normandie et termine la guerre à l’hôpital du Val-de-Grâce. Très sévèrement touché à un bras et une jambe, il devra plus tard, bien que devenu médecin, renoncer à la chirurgie et se consacrer à la recherche. Biologiste mondialement reconnu, notamment pour ses travaux sur les mécanismes génétiques des bactéries, il obtient en 1965 le prix Nobel de médecine. François Jacob fut de 2007 à 2011, chancelier de l’Ordre de la Libération. Il reste encore vingt deux Compagnons de la Libération en vie (sur 1038).

samedi 20 avril 2013

Dans 10 jours, le général Guignon portera la main du capitaine Danjou


En 1945, le public ne sait rien de Camerone et ce que la commémoration de cette bataille signifie pour les légionnaires. Ce n’est que depuis les années soixante dix que cet anniversaire est célébré « de façon brillante » dans les régiments, selon la formule de Marie Larroumet, qui a travaillé sur l’image de la Légion étrangère (1). Porter un 30 avril à Aubagne, la main de bois du capitaine Danjou commandant les soixante hommes qui se sacrifièrent en 1863 face au Mexicains, est considéré comme un « honneur ultime » pour reprendre la formule d’un ancien. Cette année pour le 150ème anniversaire de Camerone, c’est le général d’armée (2S) Michel Guignon, qui en sera chargé (voir post du 20/11/2012). Ancien chef de corps du 2ème Régiment étranger de parachutistes (1980-82) puis ultérieurement gouverneur militaire de Paris (1992-96), il sera accompagné de l'adjudant Berthold Vossler -auquel il doit la vie en Algérie- et du caporal-chef (en activité) Laplagne, du 2ème REI. 


Michel Guignon, alors commandant le 2ème REP (1980-82)


Vous porterez la main du capitaine Danjou pour le 150ème anniversaire de Camerone. Que ressentez-vous ?
Une immense fierté, une grande émotion .Pour un officier de Légion, c'est l' honneur suprême, le couronnement d' une vie légionnaire .

Pourtant, des émotions, vous en avez vécues durant votre carrière ?
Sans doute , mais celle là est particulière. Le 30 avril 1963, j'étais à Aubagne, revenant de Sidi-bel-Abbès et nous célébrions le centenaire de Camerone dans des conditions très pénibles. La vie même de la Légion était menacée. Cinquante ans plus tard, au même endroit, je remonterai la Voie Sacrée dans un quartier Vienot resplendissant, devant une foule immense venue témoigner confiance et admiration à nos régiments qui viennent de s' illustrer au Mali. Que rêver de mieux !

Votre fierté, c'est d'avoir à vos côtés l'adjudant Vossler...
Oui .Le 31 Janvier 1961, après un dur combat, le sergent Vossler et le lieutenant Guignon, couchés dans le même hélicoptère, étaient évacués sur l' hôpital de Constantine dans un triste état. Aujourd'hui, nous sommes encore debout tous les deux, unis par les mêmes souvenirs, dans la même ferveur.

En 2012, Hubert Germain qui s'apprêtait à porter la main commentait ainsi son choix "Ainsi, je boucle l'affaire !". Etes-vous dans le même état d'esprit ?
Tout à fait. J'ai commencé ma carrière à la Légion, J' y ai servi dans tous les grades, de sous-lieutenant à colonel. J'arrive au soir de ma vie. La Légion m'accorde ce dernier hommage. Je peux partir tranquille...



(1)   Marie Larroumet, Mythe et images de la Légion étrangère, L’Harmattan, 2004.

vendredi 19 avril 2013

Le dernier voyage du Jacques Cartier


Crédit : Marine nationale

Le bâtiment de transport léger (BATRAL), Jacques Cartier a appareillé pour la dernière fois aujourd'hui, de Nouméa pour rejoindre Brest où il sera désarmé. Mis en service en 1983, il était basé depuis 1984 en Nouvelle-Calédonie, devenant une "silhouette familière" dans une région où il effectuait des missions de souveraineté et de surveillance. Le Jacques Cartier a également participé à de nombreuses opérations humanitaires, lors de l'indépendance du Timor (1999-2000), aux îles Tonga après le passage d'un cyclone (2002), aux Samoa (2009) mais aussi en Papouasie Nouvelle-Guinée et régulièrement, pour diverses missions, à Vanuatu (ex Nouvelle-Hébrides). Ce bâtiment, dont l'équipage (45 marins) est composé d'un tiers de Calédoniens, achève sa carrière sous les ordres du capitaine de corvette Amaury Moreau de Bellaing, son 28ème et dernier "pacha" (En collaboration avec Flash d’Océanie, http://newspad-pacific.info/).

mardi 16 avril 2013

Légion étrangère, les célébrations du 150ème anniversaire de Camerone

150ème anniversaire oblige, les onze chefs de corps des régiments Légion (ou leurs représentants) participeront à Aubagne, le 30 avril au matin, à la cérémonie présidée par le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian. En conséquence, ces régiments célébreront Camerone à des dates différentes :
27 et 28 avril pour le 2ème REG (présidée par le général Houssay), 29 avril pour le 2ème REP, en présence des hommes ayant participé à l'opération Serval au Mali (général Paulet). Le 30 avril en fin de journée pour le 1er REG (général Kolodziej), le 2ème REI (général Bras, la cérémonie se déroulera dans les arènes de Nîmes), le 1er REC (général de Villiers). 3 et 4 mai au GRLE (général Charpentier), 4 et 5 mai au 4ème RE (général de Braquilanges).
A Mayotte, la célébration au DLEM se déroulera le 30 avril (général Hogard), le 2 mai aux Emirats arabes unis pour la 13ème DBLE (colonel Maffeis). En Guyane (3ème REI), Camerone sera célébrée le 4 mai en présence du n°2 de la Légion étrangère, le colonel Le Cour Grandmaison qui, le 30 avril, se trouvera au Mexique avec un détachement du 3ème REI. Au côté duquel prendront place des saint-cyriens de la promotion, Centenaire de Camerone (1962-64). Sur le site mexicain, le général Clément-Bollée représentera le CEMAT.

dimanche 14 avril 2013

70ème anniversaire de la guerre du Pacifique, 84 vétérans néo-zélandais en Nouvelle-Calédonie

Quatre vingt quatre anciens combattants néo-zélandais devraient se rendre en Nouvelle-Calédonie, les 25 et 26 avril prochains lors de l’ANZAC Day, où ils participeront aux cérémonies commémorant le soixante-dixième anniversaire de la guerre du Pacifique. Ces vétérans ont tous servi sur le "Caillou" alors que celui-ci était une base stratégique des forces alliées. Il n’y eut aucun combat en Nouvelle-Calédonie.
L’ANZAC Day rend hommage aux soldats de l'Australian and New Zealand Army Corps qui se sont illustrés pour la première fois en 1915 à Gallipoli, en Turquie, pendant la grande guerre. Le 25 avril de cette année-là, ces hommes venus des antipodes ont débarqué sur la côte des Dardanelles pour attaquer une position turque. Mais alors qu’ils pensaient arriver sur une plage de sable, ils se sont retrouvés au pied d’une gigantesque falaise et se battront pendant huit mois sous un déluge d’artillerie avant de se retirer sans avoir atteint leur objectif.

En Nouvelle-Calédonie, où les troupes américaines et du Commonwealth débarquèrent à partir de 1942, l'ANZAC Day est commémoré, chaque année, à Nouméa mais aussi au cimetière néo-zélandais de Nessadiou (Bourail, Grande terre) où reposent deux cent trente cinq néo-zélandais (En collaboration avec Flash d’Océanie, http://newspad-pacific.info/). 

vendredi 12 avril 2013

Mali, les conséquences régionales de la guerre

Nous terminons, aujourd'hui, le dialogue entamé avec Emmanuel Dupuy, président de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), think tank spécialisé dans les questions géopolitiques, entamé autour de la diplomatie française au Mali et sur la situation et l'avenir de ce pays (voir post des 2 et 6 avril 2013). Nous examinons, aujourd'hui, les conséquences régionales de la guerre au Mali et le rôle "joué" par l'Algérie et les Etats-Unis.
"Les Etats clés - c’est-à-dire ceux qui développent une vraie stratégie dans le nouveau « Grand jeu » africain - sont sans doute ceux qui sont les moins en première ligne. Notre faiblesse (la France) consiste à ne pas vouloir profiter de la position acquise par notre implication militaire et par notre héritage historique. Peut-être qu’à l’image de la balance vers le Pacifique (Asia Pivot) évoquée par le Président Obama, l’Afrique de l’Ouest demeure notre profondeur stratégique… A force de ne pas le voir, nous laissons des espaces stratégiques vacants à d’autres : au premier lieu desquels, dans la bande sahélo-saharienne (notamment sa région occidentale) l’Algérie et les Etats-Unis.
Alger, on le sait est très actif dans cette crise, mais agit en sous-main. Elle n’appartient à aucune des organisations sous-régionales impliquées. L’Algérie, soucieuse de repousser hors de ses propres frontières, un terrorisme d’essence salafiste, influencé et composé d’anciens du GSPC, souffle ainsi le chaud et le froid. D’un côté, certains analystes dénoncent un soutien « logistique » déguisé - à travers la présence du Croissant rouge algérien à Gao - à certains mouvements fondamentalistes, dont Ansar Dine. Son fondateur, ex-rebelle touareg, Iyag Ag Ghaly est souvent décrit comme une « créature » du Département du Renseignement et de la Sécurité - DRS (services de renseignement algériens). On dit qu’il aurait trouvé refuge à Tamanraset (voir post du 6 avril 2013). A noter que les seuls actes de terrorisme avérés (hormis les prises d’otages dont sont victimes les ressortissants occidentaux, dont désormais 9 Français avec celui pris en otage par le groupe Ansaru au Nord du Nigéria) ont été commis sur son territoire ou contre ses intérêts. Les derniers en date, avant la prise d’otage spectaculaire d’In Aménas (600 ressortissants de plusieurs nations pris en otages, dont une centaine de tués dans l’assaut donné par le DRS et les Forces armées) qui remontent à janvier et novembre 2011 puis février 2012, ont touché « symboliquement » le Comité d’Etat-major opérationnel conjoint (CEMOC, crée en 2010 entre l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger) qui vise - certes péniblement et de manière quelque peu artificielle - à fédérer les efforts régionaux contre le terrorisme. Alger a, du reste depuis la prise d’otages de quatre de ses ressortissants, les mêmes préoccupations que Paris. La visite du président François Hollande à Alger, les 19 et 20 décembre derniers, avait été du reste l’occasion de confirmer ce rôle de médiateur discret.
Les Etats-Unis ne s’y sont pas trompés non plus. On sait aussi Washington très préoccupé par l’ampleur que prend la crise sécuritaire au Mali et au-delà dans la sous-région. Les Etats-Unis craignent par-dessus tout, une imbrication de plus en plus évidente entre narco-trafic et terrorisme djihadiste. Ils craignent ainsi que l’Ouest africain, où ils tentent d’y ancrer leurs investissements économiques, deviennent une zone de perturbations où ils aient à intervenir, comme en Somalie en 1992 avec l’Opération « Restore Hope ». La similitude avec la situation d’alors leur fait craindre une implication qu’ils ne cherchent évidemment pas mais préparent néanmoins activement sur le long terme (après l’opération Serval). Washington voit ainsi, de nouveau, les ingrédients d’une instabilité régionale globale et durable :
-          mal gouvernance ayant aboutie à la consolidation d’une « zone grise » de plusieurs dizaines de millions de Km2 ou se croisent narco-dollars et prolifération d’armes de petits calibres (8 millions aux derniers évaluations) et d’autres plus inquiétantes - à l’instar de missiles sols-air apparus à la chute du régime Khadafi .
-          Etats dit « faillis » qui plus est doublées de revendications d’indépendances micro-territoriales (Azawad) ; le tout, aggravée par une famine qui menace désormais près de 12 millions de personnes à travers l’ensemble de la bande sahélienne.
La crainte, du reste avérée, d’une convergence de mouvements terroristes, réunissant dans un même combat, AQMI, Ansar Dine, Mujao, les Shebaab somaliens, Boko Aram et Ansaru nigérian (auxquels il convient d’ajouter le mouvement Ansar-Al-Sharia, désormais solidement ancré dans le sud-libyen) contre des forces occidentales qui deviendraient, dès lors, des cibles d’opportunité, termine de préoccuper les nouveaux acteurs influents à Washington. Il semble que ce soient les militaires qui aient repris la main, du moins dans la sous-région de l’Ouest africain. Ces derniers, sont mieux identifiés au sein du Pentagone à travers le Commandement des Forces spéciales (Socom - notamment sa branche africaine - Socafrica) ; et aussi et surtout le dernier de ses commandements régionaux crées, en l’espèce le Commandement africain des forces armées (Africom, crée en 2007 à Stuttgart, à défaut d’avoir encore trouvé un port d’attache africain et qui serait forte de plus ou moins 5000 hommes).Ce dernier va considérablement se renforcer dans les premiers mois de 2013. Cette réalité va néanmoins de pair avec certaines lacunes - notamment liées aux baisses budgétaires actuellement discutées au sein du Congrès américain – comme est venu récemment se plaindre l’actuel commandant d’Africom, le général Carter Ham. Il va y dispatcher des troupes ainsi que renforcer son équipement en drones dans 35 Etats africains (Kenya, Ouganda, Somalie, Algérie, Soudan, Niger, Mali, Mauritanie, Nigéria, République centrafricaine, etc.) dans le but d’accompagner les efforts d’entrainement et d’équipement de la nouvelle architecture de sécurité sur le continent (décidée lors du Sommet UA, Durban en 2002) et afin de faciliter la mise en place effective des cinq brigades régionales des Forces Africaines en Attente (FFA). Les Américains pensent aussi - à travers les développements des opérations menées par les Français, dont ils n’hésitent pas vanter la parfaite maîtrise -  bien évidemment à la capacité « résiliente » d’intervention de leurs propres troupes en cas de crises, à l’image des forces pré-positionnés françaises jusqu’à leur réforme en 2009. Sont ainsi d’ores et déjà programmés, entre février et avril, près d’une centaine d’exercices conjoints entre les forces armées locales et les équipes américaines, au niveau d’une compagnie (200 hommes) pouvant aller jusqu’à celui d’un bataillon (approximativement 800 soldats).
Des articles récents ont récemment fait état des velléités d’Africom de renforcer leurs capacités en matière de surveillance aérienne sur le continent africain, notamment en élargissant les missions de drones, jusqu’ici activement présentes sur le Camp Lemonier à Djibouti et ce, notamment, en vue des opérations menées par le Joint Special Operations Command (JSOC) qui y disposerait de près de 300 forces spéciales dans le pays. On sait également que l’arrivée récente d’une centaine de militaires américains au Niger, suite à la demande formulée par Barak Obama au Sénat américain, le 22 février dernier, préfigure très certainement l’installation pérenne d’une base américaine sur l’aéroport Diori Hamani de Niamey.Or, au-delà de ces cas emblématiques de présence ostentatoire américaine, liée à leur stratégie du « Transsaharian Counter Terrorism Partnership », c’est une autre stratégie que les forces américaines semblent mettre en place sur le continent africain, celle de la stratégie du « collier de perles ». Ce sont ainsi six nouvelles installations - sur des aéroports situés à la lisière de la zone sahélo-saharienne, à proximité de la Corne de l’Afrique et de la région des Grands lacs - de drones MQ-9 et d’avions de reconnaissance Pilatus PC-12. Montée en puissance « cohérente » si l’on tient compte de la pré-existence des projets secrets de surveillance, à l’instar du projet « Sand Creek » au Burkina-Faso - sensé appuyer de manière contextuelle la mission Serval au Mali et plus généralement surveiller la bande occidentale du Sahara.
Le sénateur américain de l’Arizona, John McCain, ancien candidat républicain à la Maison blanche qui vient de mener une mission du Sénat américain au Mali, aux côtés du sénateur démocrate du Rhode-island, Sheldon Whitehouse, a d’ailleurs évoqué la nécessité pour les Etats-Unis de s’impliquer davantage au Mali et au Sahel, en y engageant, notamment, plus de conseillers militaires…".

mercredi 10 avril 2013

Bernard Bajolet, nouveau directeur général de la DGSE

Au jeu des pronostics, son nom revenait avec insistance depuis plusieurs semaines. Politiques proches du dossier, professionnels, diplomates jugeaient, en effet, très crédible sa nomination à la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). C'est chose faite depuis ce matin. Les atouts de Bernard Bajolet : sa connaissance de la commmunauté et de ses acteurs qu'il a côtoyés entre 2008 et 2011 lorsqu'il fut, à l'Elysée, coordinateur national du renseignement. Sa maîtrise, également, des situations difficiles acquise dans des postes "exposés" : ambassadeur à Sarajevo, Bagdad, Alger, et jusqu'à aujourd'hui Kaboul. Cet énarque arabophone succède à Erard Corbin de Mangoux, nommé, ce matin également en conseil des ministres, préfet des Yvelines. A noter que le général Denis Favier a été lui, promu directeur général de la gendarmerie.

3ème RPIMA, le procès de Montpellier (actualisé)

Ce jour là, le 29 juin 2008, le sergent Vizioz croit bien tirer à blanc. Ce sous-officier participait à une démonstration lors d’une journée portes ouvertes, organisée par le 3ème régiment de parachutistes d’infanterie de marine (RPIMA) de Carcassonne (Aude). Beaucoup de civils y assistaient. Expérimenté, ce trentenaire est chargé  de couvrir la fuite d’un otage et tirer sur des terroristes. Il vide le chargeur de son Famas. Des cartouches à blanc…mais aussi des munitions de guerre. On échappe au pire. Seize spectateurs sont blessés dont un enfant de deux ans touché à la tête, au cœur, au poumon. L’affaire suscite beaucoup d’émotion. D’autant que le président Sarkozy qualifie  « d’amateurs » ces commandos devant le chef d’état-major de l’armée de terre. Le lendemain, le général Bruno Cuche quitte son poste. Si personne dans l’institution n’a contesté la gravité des faits, les propos du chef de l’Etat ont été jugés « disproportionnés » par l’armée et un climat de défiance s’installera durablement.

Le sergent Vizioz a été révoqué, sans droit à la retraite. A ses côtés ce mercredi sur le banc des prévenus du tribunal correctionnel de Montpellier, plusieurs officiers dont le chef de corps qui quittait ce jour là, son poste. Le colonel Merveilleux du Vignaux, le lieutenant-colonel Peyre ont écopé de trente jours d’arrêt. Le capitaine Bonningues a été rayé des cadres. Le lieutenant Allard a démissionné. Ils devront expliquer comment des balles réelles se sont retrouvées ce dimanche là dans un chargeur. Ce qui pose le problème de la gestion des munitions non consommées. Verdict, le 13 mai à 14 h.

mardi 9 avril 2013

Légion étrangère, La Solidaire 2013

Solidaire 2012, (crédit : 4ème RE)
Qu'y-a-t-il de commun entre le Tour de France cycliste et la Légion étrangère ? Des anniversaires ! En 2013, le premier fêtera sa centième édition. Le second le cent cinquantenaire de la bataille de Camerone. Mais en cherchant bien, on trouve un lien entre eux. Constitué par un homme, François Faber. Ce luxembourgeois qui remporta le Tour de France 1909, s'engagea cinq ans plus tard à la Légion et fut tué le 9 mai 1915, en voulant sauver un camarade.
Cette année, à l'occasion de sa quatrième édition, La Solidaire, randonnée cyclo-sportive caritative organisée par le 4ème régiment étranger (RE, Castelnaudary) prend le nom de Solidaire Légion étrangère-François Faber. Placée sous le patronage de Bernard Thévenet (double vainqueur du Tour en 1975 et 77) elle conduira du 20 au 22 juin, les coureurs de Briançon à Puyloubier, où est situé l'institution des invalides de la Légion. En passant par Barcelonnette, les cols de l'Izoard et de Vars. 
L'épreuve a ses sponsors et l'argent recueilli, 52 275 € en 2012, est destiné aux pensionnaires de l'institution. Cette somme a permis, notamment, de participer à la réfection du réfectoire de l'IILE (inaugué aujourd'hui). En 2013, les fonds recueillis seront consacrés  aux chambres de "l'hémicycle", bâtiment où logent les anciens.

dimanche 7 avril 2013

Le général Bruno Dary, président

Crédit : ministère de la défense
De l'amicale des anciens légionnaires parachutistes qui l'a désigné, hier après-midi, à Paris.
Ancien chef de corps du 2ème REP (1994-96), il commanda la Légion étrangère entre 2004 et 2006 et termina sa carrière comme gouverneur militaire de Paris (2007-2012). Le général d'armée Dary a quitté le service actif le 31 juillet dernier.

samedi 6 avril 2013

Mali

Nous reprenons, aujourd'hui, le dialogue entamé avec Emmanuel Dupuy, qui préside l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), think tank spécialisé dans les questions géopolitiques, entamé autour de la diplomatie française au Mali (voir post du 2 avril 2013) et sur la situation et l'avenir de ce pays dans le contexte régional .



Q : Abou Zeïd est mort. Mokhtar Belmokhtar a peut-être été expédié ad patres. Que sait-on du chef d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghaly ?
Emmanuel Dupuy : Les dernières informations qui nous sont parvenues, font état de la fuite du chef d’Ansar Dine, vers le Sahara Occidental. Mais on le dit également au Mali, en l’occurrence dans les environs de la localité de Bougoumi, située à une soixantaine de km de Tombouctou. D’autres informations relayées par de nombreux médias occidentaux, ont même évoqué le fait que Iyad Ag Ghaly, sentant le vent tourner, ait demandé dès les premières heures de l’opération militaire française, son exil à la Mauritanie voisine. De fait, la question de la crédibilité et de la fermeté des pays voisins, en premier lieu desquels l’Algérie et la Mauritanie, vis-à-vis des djihadistes est essentielle. Alger et Nouakchott n’ont ainsi pas hésité à fermer respectivement les 1200 km et 800 km de leurs frontières et les rendre imperméables à d’éventuelles fuites des combattants d’Aqmi, du Mujao et d’Ansar Dine. Il faut également se poser la question du devenir d’autres chefs islamistes dont Abdelmalek Droukdel, ancien « émir » de l'organisation terroriste algérienne du Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) et désormais le seul chef d’AQMI d’importance, encore en vie. Certains évoquent, comme pour Iyad Ag Ghaly, des liens plus ou moins distendus de ce dernier avec les services de renseignements algériens (département de renseignement et de sécurité – DRS) soucieux de garder un œil sur ces djihadistes, tout en le considérant comme le principal responsable de l’attentat qui coûta la vie à 62 personnes, dans l’explosion du siège de l’ONU à Alger en décembre 2007.

Q : La France s’appuie sur le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Celui-ci a-t-il un avenir politique ?
La mise en place de la Commission « Dialogue et Réconciliation » (CDR), dont la création a été officialisée par le Président Dioncounda Traoré, le 6 mars dernier et dont la composition devrait être connue prochainement, semble activer la volonté du MNLA de sortir de l’impasse « politique ». Les relations avec la France, sujettes à de constantes et vigilantes réclamations de la part du Mali, risquent de se compliquer d’avantage avec les récentes revendications émises par le mouvement rebelle touareg. Le MNLA se pose ainsi de jour en jour comme l’administrateur de la ville de Kidal. En demandant ainsi à la France, au Burkina-Faso, à la Mauritanie et à la Suisse - qui a été, du reste, un de leurs tous premiers soutiens internationaux -  et non au Mali, de pourvoir aux carences de l’aide humanitaire et sanitaire, à la réouverture des établissements scolaires, au rétablissement des réseaux de télécommunications, le MNLA pose davantage les jalons d’une administration de transition qui souhaite sans aucun doute se pérenniser, une fois la sécurité de l’ensemble de la région ré-établie.
Ce mouvement, désormais récusé par le gouvernement malien d’être un interlocuteur crédible pour d’éventuelles discussions avec les populations du Nord, a par ailleurs vu récemment 11 de ses cadres (dont plusieurs détenteurs d’un passeport français) visés par un mandat d’arrêt émis par le Bamako et pour lequel le Mali demande à la France de répondre, eu égard aux accords de réciprocité judiciaires.
Paris se retrouve donc prise en tenaille entre Bamako qui exige régulièrement  de rentrer dans Kidal libérée par le MNLA, et ce dernier qui menace de s’en prendre à l’armée malienne si cette dernière tentait de le faire. Par ailleurs, sur le terrain du dialogue entre la France et le MNLA, plusieurs signes laissent à penser que celui-ci cherche à élargir sa légitimité en ré-intégrant dans ses instances plusieurs cadres issus de la dissidence d’Ansar Dine, en l’occurrence le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA) dirigé par Alghabass Ag Intalla.
Parallèlement, les exactions à l’encontre des Touaregs semblent se confirmer, si l’on en croit les constations récentes effectuées par Amnesty International. Les deux « parties » en appellent désormais à la justice internationale, par le truchement de la Cour Pénale Internationale (CPI). Pour rappel, Bamako a ainsi saisi la Cour de La Haye après la mort d’une centaine de soldats maliens à Aguelhok, dans le nord-est en janvier 2012.
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Q : Et dans l’embrouillamini politique malien, il y a le capitaine putschiste, Sanogo ?
Ce dernier, en quittant son bastion de Kati et ses bérets verts (commandos parachutistes) et en prenant la tête du « Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité », le 13 février dernier, accède à l’une des principales demandes de la communauté internationale, plus spécifiquement de la Communauté économique et des états de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), à savoir le contrôle politique - à défaut d’être totalement parlementaire - des forces armées. On se souvient que de violents affrontements entre bérets rouges (réputés fidèles à l’ancien président déchu Amadou Toumani Touré) et bérets verts s’étaient soldés - aux abords du camp militaire de Djicoroni, en plein centre de Bamako - par plusieurs morts. Même si Amadou Haya Sanogo a tenu à préciser que son comité, n’avait aucune vocation politique, le président Dioncounda Traoré y voit là une occasion rêvée, en faisant symboliquement descendre sur Bamako, l’ancien chef de la junte militaire. Ce mouvement lui permet également de réduire l’influence de l’auteur du coup d’état du 22 mars 2012, sur les forces armées, dont 3000 hommes sur les 12 000 soldats qui les composent combattent au Nord, aux côtés de la MISMA, des 2500 Tchadiens et des militaires français. Ce n’est qu’une étape mais elle est importante à bien des égards. Il convient aussi de la replacer dans le contexte politique malien, encore tétanisé par la chute d’ATT, la « démission » du Premier ministre Cheik Modibo Diarra et le cadre transitoire et « fragile » du duo représenté par le président Dioncounda Traoré et le premier Ministre Diango Cissoko. Dans ce contexte, la tenue - de moins en moins probable des élections voulues par la Communauté internationale d'ici le 31 juillet prochain – demeure une des clés de lecture essentielle quant au rôle que pourrait jouer le Capitaine Sanogo.

A suivre.

mercredi 3 avril 2013

Légion étrangère, décès du général Bernard Goupil

 
Le général Goupil avec le général de Saint-Chamas (2012)

 Commandant de la Légion, entre 1976 et 1980, le général Goupil est décédé à l'âge de 88 ans. Entré en 1946 à l'école militaire interarmes, il est affecté au 1er régiment étranger d'infanterie à l'issue de sa scolarité. C'est ensuite l'Indochine avec les 2ème et 3ème REI, puis parcours classique de l'époque, à nouveau l'Algérie(1er REI). Sa carrière le conduira ensuite à l'école d'état-major, au 121ème RI, à l'état-major de la 11ème division légère d'intervention, au 2ème REP comme commandant en second (1965-67), régiment qu'il commandera cinq ans plus tard. En octobre 76, le colonel Goupil rejoint Aubagne pour prendre la direction du groupement de la Légion. Deux ans plus tard, il est nommé général de brigade. Promu divisionnaire, il est ensuite nommé gouverneur militaire de Marseille.
Titulaire de 7 citations, 3 blessures de guerre, il était grand officier de la Légion d’honneur et grand officier de l’ordre national du mérite. Ses obsèques seront célébrées samedi 6 avril à Aubagne, à 10h en l'église Saint-Sauveur.

mardi 2 avril 2013

Mali et diplomatie française, vus par Emmanuel Dupuy

Laurent Fabius sera auditionné aujourd'hui à 17h, par la commission des affaires étrangères du Sénat. Il pourrait y être interrogé sur la série de mutations de diplomates (liés au dossier Afrique) enregistrée depuis l'automne dernier. Il y eut Elisabeth Barbier, responsable de la direction Afrique-Océan Indien puis, plus récemment, le numéro deux de cette direction Laurent Bizot qui « a été prié » de cesser ses fonctions. De même que l’ambassadeur Jean-Félix Paganon, représentant spécial du ministre des affaires étrangères pour le Sahel (nommé depuis ambassadeur au Sénégal). Que leur reproche-t-on ? Une trop grande liberté de ton ? Une incompatibilité d’humeur avec le ministre ? Auraient-ils commis des erreurs d’appréciation sur le dossier malien ?  Emmanuel Dupuy, qui préside l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), think tank spécialisé sur les questions géopolitiques revient sur ce « rififi » au quai d’Orsay et plus généralement sur le dossier malien.
Q : Quels enjeux cachent ce « remaniement ? 
Emmanuel Dupuy : Ils sont multiples et s’inscrivent surtout dans une logique récurrente de luttes intestines au sein même du Quai d’Orsay, entre partisans d’une approche centrée sur l’aide au développement que je qualifierai de « passive » et ceux qui prônent une démarche plus « proactive » impliquant une ingérence plus forte vis-à-vis des Etats. Cela semble ainsi un manque de « pragmatisme » qui semble avoir coûté sa place à l’ambassadeur de France à Bamako, Christian Royer, démis de ces fonctions il y a quelques jours. On lui reprocherait de n’avoir pas suffisamment œuvré à la mise en place effective du processus électoral attendu d’ici le 31 juillet prochain, qui, comme l’a rappelé le Président François Hollande, demeure un objectif « non négociable ».
Ainsi, le ministère des Affaires étrangères se trouve sans doute à une période charnière, au cours de laquelle les pratiques héritées de la période des années 70 et 80 (quand la politique de la France vis-à-vis du continent africain se faisait via la diplomatie de la coopération technique bilatérale) cède désormais le pas à une diplomatie « économique » que ne cesse d’appeler de ses vœux Laurent Fabius. En brandissant ainsi l’épouvantail de l’aide structurelle aux Etats, on pourrait avoir le sentiment que c’est l’un des symboles de la « FrancAfrique » que l’on cherche à casser…
D’un autre côté, existe aussi une puissante rivalité quant au suivi du dossier malien entre le Quai d’Orsay et le ministère de la Défense, sur fond d’opérations secrètes et négociations discrètes quant à la sécurité des ressortissants français et le sort de nos otages, menées avant tout par des Forces spéciales et des agences de renseignement qui échappent elles aussi à une logique purement ministérielle pour rendre compte directement à l’Elysée.

Q : Justement, comment interprétez-vous la nomination d’un officier, Gilles Huberson, à Bamako ?
C’est, en effet, désormais un ancien militaire, passé dans le privé au sein d’une structure de sécurité, Gilles Huberson, qui a été nommé ambassadeur à Bamako (en remplacement de Christian Royer, démis de ses fonctions, jeudi 21 mars). Fin connaisseur des arcanes sécuritaires de Bamako, notre nouvel ambassadeur au Mali assure - pour l’instant - en même temps une mission de coordination interministérielle Mali-Sahel (MMS). Cette nouvelle « Task force »  semble néanmoins faire la part plus belle au volet sécuritaire et diplomatique, aux dépens de ceux liés au développement.

Ancien gendarme et saint-cyrien, Gilles Huberson, avait rejoint en septembre 2012 l’ambassade de France à Bamako pour opérer comme officier de liaison entre le quai d’Orsay et la défense. Sa principale mission étant bien évidemment la gestion des négociations autour des sept otages français détenus par AQMI. Selon certaines sources diplomatiques, il a fait partie, aux côtés de la DGSE, des discussions initiées à Kidal avec les responsables locaux et les chefs des grandes tribus touarègues, dont le très influent chef Ifoghas, Intalla ag Attaher, considéré comme l’autorité spirituelle des Touaregs. Il convient néanmoins de rappeler que le cas de Gilles Huberson n’est pas unique. A Ouagadougou, notre ambassadeur, Emmanuel Beth, est un officier général. Son dernier poste était directeur de la coopération de sécurité et de défense (DCSD, autrefois mieux connu sous le vocable de DCMD - Direction de la Coopération Militaire et de Défense, née aux lendemains des indépendances). Il convient de rappeler que la DCSD dépend du ministère des Affaires étrangères. Au-delà, la « diplomatie de défense » semble ainsi toujours un enjeu entre le quai d’Orsay et l’hôtel de Brienne, tout comme la « diplomatie économique » tend à devenir aussi une pierre d’achoppement entre Bercy et le ministère des Affaires étrangères…

Q : Rivalité entre les ministères disiez-vous, rivalité entre les ministres ?
Une certaine rivalité médiatique entre les deux ministres a pu, il est vrai, perturber une certaine lisibilité quant à l’action militaire et diplomatique française au Mali, à travers l’opération Serval. Il convient ainsi d’avoir à l’esprit qu’il s’agit d’une opération principalement centrée sur des objectifs cinétiques : détruire les cellules terroristes et annihiler les capacités des narco-djihadistes à obérer la sécurité des populations maliennes au Nord comme en-deçà du fleuve Niger que ces derniers menaçaient de traverser en janvier dernier. Néanmoins, la « légitimité » de cette action menée avec efficacité et célérité par les 4000 militaires français engagés depuis le 11 janvier dernier, ne saurait suffire. La « légalité » de l’Opération Serval dépend intrinsèquement de notre action diplomatique multilatérale et c’est à la fois à New-York - aux Nations Unies -, comme à Bruxelles - auprès de l’UE, quelque peu rétive à s’impliquer plus « ostensiblement » - que se joue en réalité la partition. C’est à travers cette apparente dualité qu’il conviendrait de lire cette quête de leadership entre Laurent Fabius et Jean-Yves Le Drian. 

A suivre.

lundi 1 avril 2013

Des portraits de légionnaires

Voici le produit d'un travail minutieux de cinq années, mené par le photographe Jean-Baptiste Degez . Portraiturer des légionnaires, sur le continent, en Corse, en Guyane... Ainsi est né Légionnaires, portraits publié par les éditions Nimrod (auquel j'ai participé pour la partie textes). Le "baptême" de ce "beau livre" (appellation qui caractérise un ouvrage de grand format, comportant de nombreuses photographies) se déroulera samedi 6 avril aux Invalides, à l'issue d'une réunion de l'amicale des anciens légionnaires parachutistes. Le livre, d'un poids de trois kilos, comme aime à le souligner l'éditeur François de Saint-Exupéry, sortira la 15 avril en librairie.