dimanche 10 février 2013

Camerone, d'André Paul Comor


Je devais avoir dix ou onze ans. A cette époque, mon père qui me racontait souvent sa Légion - me parlant systématiquement du prince Aage de Danemark et d’Amilakvari ainsi que d’hommes anonymes qu’il côtoya durant ses seize années passées en Afrique du nord et en Indochine- prononça le nom de Camerone. Ce lieu m’avait intrigué. Je crois lui avoir demandé de répéter. Il me dit de m’asseoir et lui, par habitude peu disert, m’expliqua la campagne du Mexique, le combat de la 3ème compagnie du régiment étranger, la résistance forcenée des légionnaires, Danjou, sa main…J’avais, je m’en souviens, manifesté beaucoup d’intérêt. «  Nous irons à Aubagne, un 30 avril pour que tu comprennes » me proposa-t-il. Nous ne le fîmes jamais. J’oubliais. Jusqu’à que beaucoup plus tard, j’écrive sur la Légion étrangère et me rende compte que l’épisode était devenu légende, mythe. Le Camerone d'André-Paul Comor (Taillandier) sorti il y a quelques semaines, avec la rigueur que l’on connait à l’auteur, m’a rappelé ce souvenir de découverte du combat mexicain. L’une des forces de cet ouvrage est de fournir, au-delà du récit militaire, des informations précises sur les dispositions tactiques prises alors par le capitaine Danjou. Un autre intérêt de ce livre, et pas le moindre, est d’expliquer « l’invention », la ritualisation, la « sanctification » de Camerone. Une très bonne idée éditoriale alors que l’on s’apprête, en 2013, à célèbrer le 150ème anniversaire de la bataille. Ouvrage qui précède un dictionnaire (très attendu) que A.P.Comor a consacré à la Légion étrangère et dont la sortie est annoncée le 21 mars (1).


(1)   « Légion étrangère. Histoire et dictionnaire », Pobert Laffont, collection Bouquins, comportant 800 notices et articles. 56 contributeurs, français et étrangers y ont participé.