Hervé Ladsous, l'ONU et les opérations de maintien de la paix

Le 30 mars dernier, Hervé Ladsous a quitté New York et son dernier poste. Celui de secrétaire général adjoint de l’Organisation des nations unies (ONU), en charge des opérations de maintien de la paix qu’il occupait depuis cinq ans. Dans une longue interview à La Cohorte, magazine de la Société des membres de la Légion d’honneur (SMLH), à paraître le 30 mai, le diplomate français évoque le rôle de « gardien de la paix » qu’il a eu à « jouer » et qui a toujours milité pour que le volet renseignement entre dans la culture onusienne.
"Le maintien de la paix au XXIe siècle doit se faire avec des outils du XXIe siècle non du siècle passé. Traditionnellement, le maintien de la paix, c’était quelques observateurs sans armes, avec une paire de jumelles et une radio plus ou moins perfectionnée, observant et faisant des rapports de ce qu’ils voyaient. Maintenant, ce sont des missions beaucoup plus opérationnelles, dans des environnements de plus en plus complexes, dans lesquels les acteurs ne sont plus des États, mais bien souvent des éléments non étatiques dont le souci n’est pas l’observation des principes du droit humanitaire international ou du droit de la guerre, mais de nous prendre pour cible. Et le pire des exemples, ce sont les attaques que l’on qualifie d’asymétriques, c’est-à-dire le terrorisme, dont nous faisons l’objet au Mali. Nous sommes attaqués avec des mines, à la roquette, à l’IED (engins explosifs improvisés), et cela nous coûte cher en hommes. Au Mali, nous en sommes à 124 casques bleus tués depuis trois ans (1). Il est évident que nous ne pouvons être ni aveugles ni sourds, qu’il faut que nous sachions, le mieux possible, ce qui se passe, ce qui se profile, que nous ayons par conséquent une véritable politique du renseignement. Je suis content de voir que les États membres ont finalement souscrit à ces principes."

(1) Entretien réalisé à la mi-avril 2017

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