lundi 10 juin 2019

Les services de renseignement suisses pointent l’espionnage russe sur leur territoire

"La Suisse serait actuellement l’un des points névralgiques des services de renseignement russes en Europe" constate le service de renseignement de la confédération (SRC) dans un rapport qui vient d’être rendu public. Le service de renseignement extérieur (SVR), le service de renseignement militaire (GRU) ainsi que le service de renseignement intérieur (FSB) russes "maintiennent leur présence en Suisse et agissent pour la plupart sous couverture diplomatique."

Espionnage à grande échelle
Selon les constatations du SRC, près d’un tiers des diplomates accrédités actuellement dans le pays seraient des membres avérés ou soupçonnés des services de renseignement. "À cela s’ajoutent des collaborateurs ne séjournant que temporairement en Suisse et impliqués par exemple dans des « rencontres en pays tiers», dans des opérations isolées ou participant à des conférences internationales."

Cibles : l’OIAC et les organisations sportives internationales
Pour les Suisses, l’espionnage russe a visé en 2018 deux cibles : les analyses de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) relatives à l’utilisation d’armes chimiques en Syrie d’une part, et la tentative d’assassinat de l’ancien membre des services de renseignement russes Sergueï Skripal à Salisbury (Grande-Bretagne) d’autre part. "Le SRC a fourni une importante contribution au succès de la contre-opération visant à contrecarrer l’attaque au détriment de l’OIAC, notamment parce qu’il avait déjà connaissance de l’unité du GRU impliquée.  Celle-ci avait mené à plusieurs reprises des cyber opérations contre des intérêts suisses : sa trace avait déjà été décelée en 2016 et 2017." Le SRC précise également dans son rapport avoir partagé ses informations "avec des services partenaires" ce qui leur a permis d’identifier l’équipe du GRU à son arrivée. "Arrêtée par les autorités néerlandaises, elle aurait très probablement entrepris des actions contre la Suisse ultérieurement. La collaboration internationale aurait donc empêché une cyberattaque contre le Laboratoire de Spiez (l’Institut suisse de protection NBC)."
Autres centres d’intérêt pour les russes, les organisations sportives internationales qui ont leur siège en Suisse. Ainsi "l’Agence mondiale antidopage (AMA) et diverses fédérations sportives dans le contexte des enquêtes sur le programme de dopage russe."