lundi 12 novembre 2012

Ordre de la Libération. Les communes décorées prennent la succession des Compagnons

Fred Moore (crédit : Ordre de la Libération)
A 92 ans, Fred Moore est un homme particulièrement occupé. Vendredi 16 novembre, à l'issue d'une journée marathon, il remettra son mandat de chancelier de l'ordre de la Libération pour devenir aussitôt délégué du Conseil national des communes Compagnon de la Libération. Cette transmission se déroulera le jour marquant le 72ème anniversaire de la création de l’Ordre.
16 novembre 1940
Alors que la France vient d’être défaite, le général de Gaulle entend récompenser le dévouement de certains de ceux qui - si peu nombreux au départ (ils ne sont guère plus de 2 500 le 14 juillet 1940) - ont accepté de tout risquer pour participer à une aventure dont on ignorait en 1940 quel serait son aboutissement. Il ne dispose pas de la Légion d’honneur. L’ordonnance n°7, signée à Brazzaville le 16 novembre,  stipule que l’Ordre de la Libération est destiné à récompenser les personnes ou les collectivités militaires et civiles qui se seront signalées dans l'oeuvre de la libération de la France et de son Empire. 1038 hommes et femmes (6 femmes seulement), 17 unités militaires et 5 communes recevront la croix de la Libération. Ce sont ces dernières, Paris, Nantes, Grenoble, Vassieux-en-Vercors, l’Ile de Sein qui sont désormais chargées de perpétuer le souvenir de l’Ordre alors qu’il ne reste que 23 Compagnons en vie.
Le conseil national des communes
Dans une lettre du 18 janvier 1946, le général de Gaulle annonce à l’amiral Thierry d’Argenlieu, chancelier de l’Ordre, son intention de mettre fin à l’attribution de la croix de la Libération. Il précise, également, sa vision de l’avenir. « …L’Ordre (…) est une création liée à l’œuvre même de la Libération de la France et de son Empire, et destinée en fait à s’éteindre lorsqu’auront disparu ceux dont elle a consacré les mérites. Mais (…) si les individus sont destinés à disparaître, les collectivités telles que la ville de Paris continueront à témoigner dans l’avenir de ce qu’à été l’Ordre de la Libération… ». Dans les années 70, il avait été envisagé, pour assurer sa pérennisation, de le rattacher à la grande chancellerie de la Légion d’honneur. Le risque étant que celui-ci ne tombe rapidement dans l’oubli. Une autre solution est trouvée. La loi du 26 mai 1999 a institué le Conseil national des communes Compagnon de la Libération, assurant  ainsi le transfert des pouvoirs. Qui se substituera vendredi au conseil de l’Ordre, composé jusqu’ici de Compagnons.
La mémoire assurée, une dernière question se posera dans quelques années. Le dernier compagnon devrait être enterré dans le caveau n°9 du mémorial de la France combattante situé au Mont-Valérien. Qui sera-t-il ? Tous ceux que j’ai rencontrés ces dernières années sont plutôt réticents face à «cet honneur ». Préférant reposer anonymement en compagnie des membres de leur famille.