La conscience du soldat Stahlschmidt

Gouverneur militaire du "Grand Paris" depuis le 7 août 1944, le général von Choltitz ne fit pas brûler la capitale, comme il en avait reçu l'ordre le 23 (août). Il ménagea ainsi son avenir.
Heinz Stahlschmidt est d'un rang beaucoup plus modeste. Sous-officier de la Kriegsmarine, il est affecté depuis 1941 à Bordeaux. Il y a 70  ans ses supérieurs ont prévu, avant leur départ, de faire sauter le port. L'artificier-démineur Stahlschmidt est chargé de stocker les explosifs qui doivent être utilisés. L'opération qui prévoyait d'installer une charge explosive tous les 50 m sur 10 km de quais aurait pu causer la mort de 2 à 3000 personnes, estime le quotidien Sud-Ouest (1) qui a révélé l'histoire en 1993. Le jeune homme -il a 25 ans- s'oppose aux ordres. "Par conscience chrétienne, par affection pour la France et les Français" expliquera-t-il plus tard. Dont certains seraient proches de la Résistance. Peut être également parce qu'il a rencontré sa future femme à Bordeaux... Alors Heinz Stahlschimdt prévient la Résistance pour qu'un commando vienne détruire le dépôt. Sans succès. Le 22 août 1944, c'est lui qui appuie sur le détonateur. Quinze soldats allemands, en majorité des sentinelles, périssent. Six jours plus tard, la capitale de l'Aquitaine est libérée. 
En 1947, Heinz Stahlschmidt le déserteur devient Henri Salmide, de nationalité française. Et vit dans l'oubli jusqu'en 1993 et la médiatisation de son refus de faire sauter le port de la Lune. Décédé en 2010, il repose au cimetière protestant de Bordeaux. En 2000, Henri Salmide avait été fait chevalier de la Légion d'honneur.

(1) Dans son édition de ce jour.

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