Platon et les amiraux de Vichy
Ils furent nombreux ces amiraux à suivre, en 1940, Vichy et la "révolution nationale". Par conviction, obéissance ou, avanceront-ils souvent, après Mers-el-Kébir (1). Ainsi, François Darlan. Chef d'état-major de la marine (2), il deviendra en juillet 1940 secrétaire d'Etat puis ministre de la marine du premier gouvernement de l'Etat français puis, à partir de février 1941, chef de ce gouvernement jusqu'en avril 1942. Gabriel Auphan sera également ministre de la marine, d'avril à novembre 1942. Lui succèdera jusqu'en mars 1943, Charles Abrial. Autre amiral à accéder à de hautes fonctions politiques, Jean-Pierre Esteva, résident général en Tunisie qui mettra, lors du débarquement allié en Afrique du Nord en novembre 1942, plusieurs bases françaises au service des Allemands ainsi que du carburant. Deux autres amiraux serviront également longtemps le maréchal Pétain : Georges Robert, gouverneur général des Antilles (et Guyane) jusqu'au 14 juillet 1943 et Jean Decoux, gouverneur général de l'Indochine (1940-45). Tous eurent à répondre de leur engagement à la libération, mis à part l'amiral Darlan, assassiné à Alger le 24 décembre 1942. Charles Platon, autre amiral engagé dans les méandres politiques de Vichy, fut exécuté par la résistance quelques mois plus tard.
Fin mai 1940, cet officier qui a commandé un sous-marin lors de la Grande guerre participe à l'organisation du sauvetage des 338 000 soldats britanniques et français, piégés dans dans la poche de Dunkerque. Ceux-ci pourront embarquer pour l'Angleterre (opération Dynamo). Ralliant ensuite Vichy, il est très tôt nommé secrétaire d'Etat aux colonies (septembre 40). Fonction qu'il occupera jusqu'en 1943. Evincé du pouvoir, il sera rapidement placé en résidence surveillé par Pierre Laval (chef du gouvernement, ministre des affaires étrangères, de l'intérieur, de l'information) qui l'accuse de comploter contre lui. Le 10 juillet 1944, Platon est à Vichy afin de remettre au maréchal Pétain une déclaration signée d'ultras de la collaboration : Déat, Brinon, Doriot... qui demandent un engagement plus fort aux côtés de l'Allemagne. Onze jours plus tard, de retour dans sa maison girondine située à proximité de la Dordogne, il est enlevé par un commando FTP (Francs-Tireurs et Partisans). Jugé le 24 juillet par une cour martiale composé de résistants, il est condamné à mort. Le 28 août, il est face au peloton d'exécution qu'il a demandé à commander. Il dit alors (3) : "Avant de mourir, je tiens à proclamer que j'ai toujours aimé mon pays, que j'ai toujours cru le servir jusqu'au sacrifice suprême. En joue ! Feu !"
(1) Attaque par la flotte britannique, le 3 juillet 1940, d'une escadre française mouillant dans le port de Mers-el-Kébir (golfe d'Oran, Algérie). 1297 marins français furent tués.
(2) Depuis 1937. En juin1939, F. Darlan devient "amiral de la flotte" puis le 26 août "commandant en chef des forces maritimes françaises".
(3) Recueilli par Dominique Richard, journaliste à Sud-Ouest auprès d'un membre du commando FTP.
Crédit : ecole.nav.traditions |
(1) Attaque par la flotte britannique, le 3 juillet 1940, d'une escadre française mouillant dans le port de Mers-el-Kébir (golfe d'Oran, Algérie). 1297 marins français furent tués.
(2) Depuis 1937. En juin1939, F. Darlan devient "amiral de la flotte" puis le 26 août "commandant en chef des forces maritimes françaises".
(3) Recueilli par Dominique Richard, journaliste à Sud-Ouest auprès d'un membre du commando FTP.