Saint-Cyr, Loustaunau-Lacau et l'Histoire
C'est une lettre du général de Gaulle* datée du 13 janvier
1941 et écrite à Londres. A son correspondant, parlant de Pétain, il note :
«Ce que Philippe a été autrefois ne change rien à la façon dont nous jugeons ce
qu’est Philippe dans le présent». Un propos qu’il faut lire en regard des
polémiques récentes qui ont suivi la décision de
l'état-major des armées de rendre hommage aux Invalides à "huit
maréchaux" de la Grande Guerre à l'occasion du Centenaire de l'Armistice, incluant le maréchal Philippe Pétain. Cette lettre est envoyée à Georges Loustaunau-Lacau dont
le nom avait été choisi pour nommer la promotion 2016-2019 de Saint-Cyr. Mais
qui, sur décision de l’armée de terre sera renommée. "Ces
récentes révélations ont mis en lumière une personnalité contestable, qui, en
dépit d'un passé de militaire et de résistant courageux, présente plusieurs
actes répréhensibles qui ont conduit le chef d'état-major de l'armée de terre à
considérer qu'il n'était pas acceptable qu'une promotion d'officiers-élèves
puisse prendre le parcours du général Loustaunau-Lacau comme une référence",
souligne, ces dernières heures, un communiqué du chef d'état-major de l'armée de terre. Ce sont les élèves
qui proposent un nom de baptême et la hiérarchie qui valide… Le choix de Loustaunau-Lacau, personnage dont le comportement a toujours été jugé "ambiguë" par les historiens contemporanéistes pose, une nouvelle fois, mille questions sur l'influence des officiers "tradis". Mais l'affaire est à placer dans un contexte beaucoup plus large, dans une période qui voit le monde se raidir.
*Lettres, notes et carnets (juin
1940-juillet 1941).