Pacifique Sud « Tous les grands acteurs sont là », explique le général Marchand, commandant des FANC
Le général de division Thierry
Marchand commande les Forces armées en Nouvelle-Calédonie (FANC, 2000
personnels). Le Pacifique Sud est en mutation avec des acteurs tels que la
Chine et la Russie qui sont en train de bouleverser l’ordre traditionnel. C’est
ce qu’observe le COM-SUP à Nouméa. Thierry Marchand a commandé la 13ème
Demi-Brigade de Légion étrangère (2006-2008).
Commander les FANC exige d'être un militaire-diplomate ?
Non. Commander les FANC c’est d’abord commander des soldats dans le cadre de missions confiées par le chef d’état-major des armées sous l’autorité du président de la République. Ces missions comprennent, bien entendu, une dimension liée à l’environnement international et particulièrement dans cette région du monde où se croisent de nombreux intérêts. J’ai dans ma zone de responsabilité 9 pays (1) dont 5 qui disposent de forces armées. Cela nécessite un investissement personnel important mais aussi de l’Etat-major et des différentes unités des FANC. Pour travailler avec ces forces amies et alliées nous devons bâtir des actions de coopération qui s’établissent en cohérence avec les grandes lignes de notre diplomatie. Vous savez c’est également le cas au Sahel ou en Moyen-Orient même si le contexte opérationnel est là-bas plus pressant. Il n’y a rien d’original là-dedans. Mais je ne crois pas à l’existence de militaires-diplomates pas plus qu’en celle de diplomates-militaires.
Les lignes dans le Pacifique Sud bougent très vite ?
Oui j’ai le sentiment que nous assistons à une accélération depuis quelques années. Pendant toute la guerre froide, la zone océanienne n’était pas considérée comme une zone chaude de la géopolitique mondiale. L’émergence de la Chine et la mondialisation des échanges à partir des années 90 a modifié cette donne. Aujourd’hui, tous les grands acteurs sont là et les enjeux de la zone ont sensiblement évolué.
La présence chinoise en Nouvelle-Calédonie est-elle en place ?
La Chine est très présente dans la région. Il n’y a qu’à aller faire un tour au Vanuatu, aux Tonga ou aux Samoa pour s’apercevoir de cette réalité. D’un côté, ils apportent une aide importante à ces pays qui ont peu de ressources propres. De l’autre, ils obtiennent de très nombreuses licences de pêche pour exploiter les ressources halieutiques de la région. Ce n’est pas le cas en Nouvelle-Calédonie où la présence chinoise reste faible. Au-delà de la Chine, beaucoup de pays viennent également pêcher dans la région et cela nous oblige à engager, quotidiennement, des moyens militaires pour surveiller nos espaces maritimes et garantir notre souveraineté.
Quant aux Russes ?
Ils sont encore peu présents. Mais ils semblent avoir des velléités de revenir dans cette région du monde.
Mécaniquement, les missions des FANC ont évolué ?
Elles s’orientent progressivement de plus en plus vers des missions de coopération et d’influence alors qu’hier nous étions plus directement engagés dans des missions strictes de souveraineté nationale.
Entretenir une présence militaire en Nouvelle-Calédonie ainsi qu'en Polynésie...la question se pose-t-elle encore ?
Non, je ne crois pas que la question se pose. D’abord parce qu’il faudra toujours protéger nos espaces et nos populations. Ensuite parce que la France a des ambitions et des intérêts dans le Pacifique Sud. C’est clairement ce qu’a annoncé le Président Macron lors de sa visite en Australie en mai dernier.
(1) Nouvelle-Zélande, Australie, Vanuatu, Fidji, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Samoa, Salomon, Tonga et Nauru.
@Fanc |
Non. Commander les FANC c’est d’abord commander des soldats dans le cadre de missions confiées par le chef d’état-major des armées sous l’autorité du président de la République. Ces missions comprennent, bien entendu, une dimension liée à l’environnement international et particulièrement dans cette région du monde où se croisent de nombreux intérêts. J’ai dans ma zone de responsabilité 9 pays (1) dont 5 qui disposent de forces armées. Cela nécessite un investissement personnel important mais aussi de l’Etat-major et des différentes unités des FANC. Pour travailler avec ces forces amies et alliées nous devons bâtir des actions de coopération qui s’établissent en cohérence avec les grandes lignes de notre diplomatie. Vous savez c’est également le cas au Sahel ou en Moyen-Orient même si le contexte opérationnel est là-bas plus pressant. Il n’y a rien d’original là-dedans. Mais je ne crois pas à l’existence de militaires-diplomates pas plus qu’en celle de diplomates-militaires.
Les lignes dans le Pacifique Sud bougent très vite ?
Oui j’ai le sentiment que nous assistons à une accélération depuis quelques années. Pendant toute la guerre froide, la zone océanienne n’était pas considérée comme une zone chaude de la géopolitique mondiale. L’émergence de la Chine et la mondialisation des échanges à partir des années 90 a modifié cette donne. Aujourd’hui, tous les grands acteurs sont là et les enjeux de la zone ont sensiblement évolué.
La présence chinoise en Nouvelle-Calédonie est-elle en place ?
La Chine est très présente dans la région. Il n’y a qu’à aller faire un tour au Vanuatu, aux Tonga ou aux Samoa pour s’apercevoir de cette réalité. D’un côté, ils apportent une aide importante à ces pays qui ont peu de ressources propres. De l’autre, ils obtiennent de très nombreuses licences de pêche pour exploiter les ressources halieutiques de la région. Ce n’est pas le cas en Nouvelle-Calédonie où la présence chinoise reste faible. Au-delà de la Chine, beaucoup de pays viennent également pêcher dans la région et cela nous oblige à engager, quotidiennement, des moyens militaires pour surveiller nos espaces maritimes et garantir notre souveraineté.
Quant aux Russes ?
Ils sont encore peu présents. Mais ils semblent avoir des velléités de revenir dans cette région du monde.
Les menaces et les risques sont-ils clairement identifiés ?
Aujourd’hui,
nous faisons principalement face à des risques naturels : cyclone en
priorité mais aussi volcanisme, tremblement de terre, et tsunami. Mais ces
risques peuvent se transformer en menace par les conséquences sociales et
politiques importantes qu’ils peuvent générer dans des pays aux faibles
capacités d’action. Les FANC sont donc principalement organisées pour remplir
des missions dite HADR c’est-à-dire des opérations de gestion de crise
humanitaire liées à des risques naturels. Dans le registre des menaces, je note cependant que l’Australie se montre
de plus en plus préoccupée par le rapprochement de l’islamisme radical en provenance
de l’Asie du Sud Est. Un attentat a eu lieu dans les rues de Melbourne, il y a
un mois à peine. Mécaniquement, les missions des FANC ont évolué ?
Elles s’orientent progressivement de plus en plus vers des missions de coopération et d’influence alors qu’hier nous étions plus directement engagés dans des missions strictes de souveraineté nationale.
@reflectim. |
La recomposition est également passée, depuis la fin des essais nucléaires français, par un resserrement des liens avec l'Australie et la Nouvelle-Zélande ?
Clairement.
Ces deux pays avec lesquels nous étions brouillés pendant la période de nos
essais nucléaire en Polynésie ont fortement resserré leurs liens avec la
France. La preuve, l’Australie acheté aujourd’hui des sous-marins français.
Cette évolution de nos relations avec les grands pays de la région est
essentielle si nous voulons avoir une influence régionale.Entretenir une présence militaire en Nouvelle-Calédonie ainsi qu'en Polynésie...la question se pose-t-elle encore ?
Non, je ne crois pas que la question se pose. D’abord parce qu’il faudra toujours protéger nos espaces et nos populations. Ensuite parce que la France a des ambitions et des intérêts dans le Pacifique Sud. C’est clairement ce qu’a annoncé le Président Macron lors de sa visite en Australie en mai dernier.
(1) Nouvelle-Zélande, Australie, Vanuatu, Fidji, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Samoa, Salomon, Tonga et Nauru.