samedi 29 février 2020

Les suites de l’incident diplomatique entre la France et le Mali

© ministère des armées
" De la part d’un ambassadeur, il fallait oser ! " estime un diplomate français chevronné. " Mais les autorités maliennes ont vite compris qu’il y avait un problème sur la table… " D’où la visite, hier, à Paris du ministre des affaires étrangères de Bamako. Mercredi, au Sénat lors d’une audition devant la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, Toumani Djimé Diallo, l’ambassadeur du Mali en France, avait stigmatisé le comportement de militaires français déployés au Mali, accusant ceux-ci de "débordements" dans les quartiers chauds de Bamako, mettant en cause des légionnaires. Lesquels, répond-on à Aubagne (commandement de la Légion étrangère) et au ministère des armées à Paris, sont bien loin de la capitale malienne et n’ont pas le temps d’y venir lors de périodes de repos. Florence Parly, la ministre précisant, jeudi matin, que cette déclaration était " fausse et indécente (…). Plutôt que de véhiculer et de propager de fausses accusations, nous attendons de l’ambassadeur du Mali qu’il mobilise toute son action pour la mise en œuvre des décisions du sommet de Pau et la réussite de tous ". Autre réaction venue du Quai d’Orsay : " Tant sur le fond que sur la forme, ces propos sont inacceptables. C’est une combinaison détestable." L’auteur de ces propos a été rappelé et risque de ne plus revenir à Paris.

Dans un climat anti-français qui se développe
Cette déclaration fort peu diplomatique intervient à l’heure où des discours anti-français sont portés par des responsables, notamment politiques, en Afrique. Le 21 décembre dernier, Emmanuel Macron s’en était ému à Abidjan : "Je ne peux pas demander à nos soldats de prendre des risques pour lutter contre le terrorisme et la sécurité de pays et de l’autre côté, avoir des opinions publiques qui croient à des contre-vérités… ".
1500 légionnaires sont actuellement déployés dans le Liptako (frontières du Mali, du Burkina Faso et du Niger). Trois groupements tactiques de Barkhane sont armés par la Légion. Altor par le 2e REP, Dragon par le 2e REI, Centurion par le 1er REC. Le 1er REG fournissant l’appui génie. " Et la Légion obtient actuellement des résultats probants " explique-t-on au ministère des armées.