Disparition de Suzy Delair
Notre actualité est unique actuellement. Une pandémie et
ses conséquences incalculables. Alors, toutes les autres informations, sont
forcément inconsistantes. C'est la règle. C’est pourtant de l’une d’entre elles dont je voudrais vous entretenir
dans ce post. Il s’agit d’un visage qui vient de disparaitre et que seuls,
certainement, les plus de cinquante ans ou les passionnés du cinéma
connaissent. Celui de Suzy Delair, qui vient de mourir à l’âge de 102 ans. Née
un 1er janvier, en 1918, chanteuse, danseuse, comédienne, sa
carrière d’actrice prendra vraiment son envol durant la Seconde Guerre mondiale
avec notamment le rôle de Mila Malou, tant dans Le Dernier des six de Georges Lacombe (1941) que dans L’assassin habite au 21, réalisé
par Henri-Georges Clouzot (1942), aux côtés de Pierre Fresnay. Deux longs
métrages produits par les Allemands de la Continental. Qui en finança trente
sur les deux-cent vingt tournés pendant l’occupation.
Suzy Delair ne se contenta pas des plateaux, elle fit avec
d’autres, comme Danielle Darrieux, le voyage à Berlin pour la sortie de Premier rendez-vous d’Henri Decoin. Elle
dîna avec Joseph Goebbels, le ministre de la propagande nazie. Et fut frustrée de
ne pouvoir lui serrer la main. A la libération, les comités d’épuration la
sanctionnèrent : trois mois d’interdiction de tournage, une interdiction d’enregistrer
des disques. En 1947, Clouzot lui donna son meilleur rôle, celui de Jenny
Lamour, dans Quai des orfèvres, avec
Louis Jouvet, Bernard Blier et Simone Renant. Suzy Delair tourna pourtant
ensuite peu… Elle s’en était plainte en 2012, dans une interview au Point : « On me fait trop rarement travailler. Sans doute me
fait-on payer à la fois de ne pas appartenir à des chapelles, les aventures
masculines auxquelles j'ai parfois sacrifié ma carrière, et surtout, mon refus
de flirter quand il aurait fallu le faire ? ». La
doyenne des actrices françaises était officier de la Légion d’honneur et de l’ordre
national du Mérite.