Les protocoles des sages de Sion

 


Dans cette guerre Israël-Hamas, les commentateurs font souvent référence à la charte du Hamas (1988) dont l’argumentaire repose notamment sur des récits complotistes. Ainsi dans son article 32 : 
« Leur plan (celui des sionistes) se trouve dans Les Protocoles des Sages de Sion ». Ce faux, écrit en Russie en 1901 vraisemblablement par Mathieu Golovinski, est un véhicule puissant de l’antisémitisme qui développe une thèse reposant sur l’existence d’un plan d’appropriation du monde par les juifs et les francs-maçons.

Convaincre Nicolas II
Ce livre a été traduit en français en 1920. « Il se présente comme le compte-rendu de plusieurs "réunions secrètes" au cours desquelles juifs et les francs-maçons prépareraient un plan de conquête du monde » explique le journaliste Pierre Ancery*. « A l'époque, l'auteur et ses commanditaires avaient pour dessein – c'est ce qu'un grand nombre de théories supposent – de convaincre le tsar Nicolas II des dangers d'une trop grande ouverture du régime aux Russes juifs, perçus comme des éléments libéraux et révolutionnaires » poursuit-il. L’ouvrage, une contrefaçon, s’inspirerait très largement d’un livre de Maurice Joly, « Dialogue aux enfers entre Machiavel et Monstesquieu » publié sous le Second Empire.

Le péril juif
En 1921, à Londres Le Times démontre que les prétendus Protocoles  parus en France sous le titre Le péril juif, sont un grossier plagiat. La même année à Paris, Le Matin raconte ainsi leur cheminement : « Fabriqués au début du règne d'Alexandre III par ordre du général Orchewsky, l'un des dirigeants de l'Okhrana, la trop fameuse police politique impériale, jetés au panier par le général Tcheverine, le policier en chef, qui les jugea d'une trop grossière maladresse, ils furent repris et utilisés par le grand-duc Serge Alexandrovitch, en vue d'agir, par la terreur d'une conspiration imaginaire, sur l'esprit faible de Nicolas II. »

Livre saint des nazis
Un autre quotidien français, Le Temps, explique, en 1933, que ce livre a eu une réelle influence sur l’idéologie nazie et qu’il est devenu « l’un des livres saints de la nouvelle religion aryenne ». Qui fut également largement exploité en France. Ainsi ce commentaire, à l’été 1921, d’un quotidien de province : « livre d’un puissant intérêt, un livre à lire et à faire lire, car il jette sur les événements passés, présents, et probablement futurs, des lumières vraiment étonnantes ». Les journaux d’extrême-droite ont tiré avantage du « filon ». Ainsi, toujours en 1921, Léon Daudet, antidreyfusard et nationaliste, enjoint à ses lecteurs de L’Action française de se procurer le brûlot : « Lisez ce livre, vous qui cherchez à comprendre les événements (...) Lisez, et quand .vous aurez lu, méditez et surtout propagez ! . " De son côté, La Croix, alors antisémite, écrit la même année : « Nous n'avons pas d’élément suffisant pour nous prononcer péremptoirement sur l’authenticité de ces instructions qui, d'ailleurs, dans leur ensemble, ne révèlent aucune tendance ignorée. Personne n’a plus à apprendre que le juif est exclusif et dominateur... »

Influence contemporaine
Les protocoles, indique l’historien Stéphane François, a notamment « joué un rôle important dans les pogroms d’Ukraine et de Biélorussie, d’une extrême violence, entre 1918 et 1922 (125 000 en Ukraine, 25 000 en Biélorussie) ». Ils restent, aujourd'hui encore, un ouvrage de référence dans les milieux antisémites.

*Source : Retronews

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