"Légionnaires, missions de combat" une série pour donner à voir le légionnaire autrement
La série Légionnaires, missions de combat se décline en six épisodes de 30mn diffusés par Canal Docs, chaîne du groupe CANAL+.
Il s'agit d'un regard télévisuel innovant sur la Légion étrangère porté les
réalisateurs Frédéric Decossas, Pierre-François Glaymann et Philippe Bodet qui
est à la fois réalisateur mais aussi producteur (Paramonti). C’est ce dernier,
fin connaisseur de l’univers légionnaire que j’ai rencontré afin de nous parler
de cette collection qui, pour l’heure, devrait être diffusé dans 45 pays.
Ces 25 dernières années, il y a eu beaucoup de documentaires et de magazines sur la Légion. A travers cette collection, vous utilisez une écriture un peu différente, avec des angles inhabituels ?
Justement quand vous dites qu'il y a beaucoup de reportages ou de documentaires qui ont été faits sur la Légion, il y certainement les miens. Beaucoup ont été des immersions... En fait, c'est un peu à partir de la somme de tous ces films précédents et des rencontres qui ont été réalisées pendant ces 20 ans avec des légionnaires, que j’ai eu envie de trouver une forme narrative pour entrer dans la tête du légionnaire et comprendre ce qui le motive et comprendre son engagement ? Au sens le plus large du terme, contractuel évidemment parce que ce sont des étrangers, mais l'engagement moral, humain, éthique, combatif, agressif, parce qu’ils sont là aussi pour aller au combat. Voilà ce que je voulais raconter. Donner à voir le légionnaire autrement.
Vous y êtes parvenu…
J’espère ! Beaucoup de retours l’expriment. Des amis peu familiers du monde militaire se sont étonnés des propos des légionnaires. Ils ont été impressionnés par leur humilité et leur sens moral. Le légionnaire, ce n’est pas une brute épaisse qui tient le fusil, c’est un homme qui peut avoir des états d'âme, des peurs et des angoisses. Mais qui accomplit sa mission avec courage, probité et loyauté, au service de notre pays. Quand un légionnaire étranger dit « je suis prêt à mourir pour la France », cela interpelle, cela touche.
Quel casting pour trouver ces personnages ?
Après avoir obtenu l'aval de la Légion étrangère et du COMLE, le général Youchtchenko, j'ai travaillé avec la division patrimoine et rayonnement. À partir de là, il fallait que j’identifie des actions de combat qui soient différentes, des terrains d'action distincts, tout en restant sur quelque chose d'assez récent comme l’Afghanistan, le Mali, la République Centrafricaine... Et à partir du moment où j’ai identifié ces histoires, avec mes deux comparses coréalisateurs Frédéric Decossas et Pierre-François Glaymann, nous nous sommes partagé les six épisodes - deux chacun – et nous nous sommes rendus dans les régiments concernés. Nous avons rencontré des légionnaires qui avaient vécu ces combats. Nous avons dialogué, échangé, parfois au foyer du légionnaire autour « d’une binouze »… Pour faire connaissance et expliquer notre démarche plutôt que de mettre immédiatement une caméra en marche. Notre objectif était de créer une relation de confiance.
C’est la force de cette collection…
Tous les trois, nous avons vécu des moments où nous avons été émus par certains propos recueillis. Et nous avons pris le temps. Certaines interviews enregistrées étaient très longues, deux heures parfois. Mais c’est ce qui fait que la parole émerge. Il y a tellement de choses intéressantes qui sont dites, mais chacun des six épisodes est de 30 minutes. Après, ce sont des choix de montage.
Il y a unité de lieu dans les interviews, où ont-elles été enregistrées ?
Mon choix était effectivement d'avoir un décor unique. J'ai réfléchi en amont et je me suis dit que la tente était une bonne idée parce que pour eux un c'est un décor familier. La tente modulable comme l'appellent les militaires est présente dans tous les régiments, le lit Picot, également ; le pare-balles, le casque, ce sont des outils de travail… Donc je savais que j'allais pouvoir recréer un décor identique où que nous tournions et donner cette unité.
Dans combien de régiments avez-vous tourné ?
Avec le 2e REI au camp de La Courtine, au 2e REP, au 2e REG, au 4e RE, au GRLE, au 3e REI. Le décor des évocations de la Centrafrique, c'est au CEFE en Guyane. Nous avons également été dans l’Aveyron à la 13e DBLE.
CANAL+ DOCS votre diffuseur, c’est une exposition intéressante ?
C’est en effet une belle exposition.
Que disent les premiers retours ?
L’audience est bonne. Pourvu que ça dure ! A la Légion, la perception de la collection est bonne parce ces épisodes expliquent le sens de l’engagement du légionnaire. Parce que cela participe à le sortir de l’image traditionnelle de l'homme d'action. Pour les légionnaires qui témoignent c’est aussi un travail de mémoire. Un hommage à leurs camarades blessés ou morts. Pour les honorer et ne pas oublier. Et côté civil, les gens découvrent les légionnaires autrement.
La vie de la série va se poursuivre à l’étranger ?
Oui, la série sera diffusée par CANAL+ dans 45 pays si je ne me trompe pas.
Combien de temps entre le moment où l’idée de cette série vous vient et la fin du montage ?
A peu près un an et demi. C'est le temps de création pour ce type de collection. Celui où je commence à travailler dessus, où j'en parle à CANAL+DOCS, le moment où obtient le feu vert, où on commence à repérer puis à tourner. Après il y a la phase de montage. Puis la diffusion. Quand ça s'arrête, il y a un petit spleen…