Août 14, le verrou belge

Le 4 août 1914, le roi Albert 1er s’adresse ainsi dans une lettre, au lieutenant-général Leman qui commande à Liège la troisième division de l’armée belge : «…Dans la lutte gigantesque qui s’annonce, vous êtes au premier rang. Le monde a les yeux fixés sur vous ! ».  Quarante huit heures auparavant, un premier détachement allemand est entré au Luxembourg. Les uhlans et les hussards de l’empereur Guillaume II viennent de pénétrer en Belgique. Bien que le pays soit résolu à la stricte observance de la neutralité perpétuelle imposée par le traité de Londres (1839), il s’arme dès 1913 et le service militaire est instauré. Les ordres du souverain à l’officier général sont clairs : se battre « jusqu’à la dernière extrémité ». L’heure est venue !

Contourner les défenses de l’est de la France

 Le plan Schlieffer, du nom du chef d’état-major de l’armée allemande, a choisi d’aller frapper la France au plus court, contournant notamment les défenses de Verdun, Toul, Epinal et Belfort. C’est pour cela qu’une attaque qui se veut éclair est menée par la Belgique. Le 5 août, les Allemands encerclent Liège autour de laquelle douze forts sont construits. Ceux-ci sont séparés les uns des autres de quatre à cinq kilomètres. Entre les ouvrages, l’armée constitue des redoutes pour empêcher la pénétration de l’ennemi. Insuffisant pour protéger le cœur de la ville qui sera envahi dès le lendemain. Toutefois, contrairement aux plans allemands, l’armée belge résistera jusqu’au 16 août. La défense du général Leman disposait de 33 000 hommes et de 252 pièces d’artillerie pour protéger une ligne de 50km. En face, le général von Emmerich comptait 40.000 hommes les premiers jours. Mais devant la difficulté de vaincre, ses troupes passeront à 90.000 à partir du 10 août. Selon les estimations, 2 à 3000 militaires belges seront tués ou blessés, 4000 seront prisonniers. 2000 Allemands seront  tués ou blessés.

La défense de Liège décisive

Le temps précieux perdu par les Allemands sera mis à profit par l’armée française qui lancera des opérations en Belgique. En 1919, le maréchal Joffre saluant le général Leman rentrant de captivité, lui lancera en hommage : « Sans Liège, où aurions-nous été ? ». Pour sa vaillance la ville se vit attribuer le 7 août 1914, la Légion d’honneur. Liège, ville francophone et génétiquement francophile, qui célèbre plus volontiers le 14 juillet que le 21 qui marque la fête nationale belge, nourrit un espoir raisonnable pour 2014. Recevoir le président de la République française, le 4 août, lors des cérémonies qui marqueront le centenaire du début de la Grande guerre. Afin que François Hollande confirme sa reconnaissance et son attachement à la cité ardente[1].



[1] Surnom donné à Liège.

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