Jozef Tvarusko, légionnaire du REP mort à Djibouti en 2008
Le procès de quatre anciens de la Légion étrangère, dont deux sont en
fuite, s’est ouvert jeudi devant la cour d’assise de Paris, afin de déterminer leur degré de responsabilité dans la mort de l’un de
leurs camarades, Jozef Tvarusko, devenu à la Légion Matus Talas. Les
faits se sont déroulés lors d’un
exercice à Djibouti, le 5 mai 2008.
Ces hommes sont poursuivis pour « violences volontaires ayant entraîné
la mort sans intention de la donner, commises en réunion ».
Chaleur suffocante et
coups
Après son
passage de quatre mois à Castelnaudary (Aude), Jozef, le jeune slovaque de
vingt cinq ans, est affecté au 2ème Régiment étranger de
parachutistes (REP), dans une compagnie de combat. Il est pourtant décrit par
ses chefs et ses camarades, « faible physiquement, cherchant à éviter les
difficultés, immature, très maladroit ». Il est lui-même
conscient des limites de sa condition physique et songe à demander à quitter le
régiment. Voilà la relation des événements qui ont conduit à sa mort, décrite par le rapport d'enquête publié par
le site le point.fr (18 novembre 2008).
Selon différents rapports (…) la
victime avait dû marcher dans la chaleur suffocante de Djibouti. À l'heure la
plus terrible (14 h 30) où tout le monde fait la sieste, les légionnaires
galopent sous le cagnard, et Jozef Tvarusko se plaint d'abord de douleurs au
genou (1). Il reçoit
alors des coups de pied aux fesses de la part de son caporal, mais s'arrête à
nouveau 200 mètres
plus loin et se couche en position foetale. Nouveaux coups de pied pour le
relever... Lorsqu'un camion de sa section rejoint le groupe, Jozef Tvarusko se
dirige vers lui, et l'un de ses camarades lui remet une bouteille d'eau à
laquelle il s'abreuve. Nouveaux coups de pied, coups de crosse de Famas, sa
gourde est vidée, et le malheureux est prié de rejoindre sa section, encore à
coups de crosse ! Il finit par s'effondrer dans un buisson d'épineux, face
contre terre. Mort... sans doute victime de ces "coups de
chaleur". Alors seulement, ses
bourreaux accepteront de prodiguer quelques soins. Trop tard...
Le lieutenant Bertaud
Le 9 décembre
2009, un rapport d’expertise réalisé par quatre médecins, conclue que Talas est
effectivement mort d’un coup de chaleur. Les coups reçus n’étant pas, selon
eux, responsable de son décès. Après les faits, c’est ce coup de chaleur qui
avait été privilégié dans son premier rapport par la prévôté. Seulement, la
Légion a reçu des informations qui évoquaient des mauvais traitements. Elle a
transmis aux gendarmes, qui ont orienté ainsi leur enquête.
Résultat,
quatre gradés le lieutenant Bertaud, le caporal
roumain Petru Sabin Suciu (alias Adrian Steanu), le sergent chilien Omar Andrès
Martinez et le caporal mexicain Wigberto Hernandez Canceco (ces deux derniers
sont en fuite) sont, dans un premier temps mis en examen par le juge
d’instruction du tribunal aux armées de Paris (TAAP) pour « actes de
torture et de barbarie ayant entrainé la mort sans intention de la
donner ». Et sont exclus de la Légion.
Le lieutenant
Bertaud sera incarcéré deux mois et demi à la prison de la Santé puis remis en
liberté avant que ne se déroule ultérieurement son procès. Dans sa cellule, il cohabite avec un
ancien légionnaire russe, apprendra-t-on à l’audience.
Ce jeune
officier, plutôt petit de taille, fin, a été témoin et acteur. Et il a, pour le
moins, étonnement réagi. Portant à la victime un coup de pied à terre, lui
confisquant son eau, ordonnant de ne pas lui donner à boire. Lorsque un camion
arrive et que des légionnaires lui tendent une bouteille, Bertaud le frappe une
nouvelle fois…Devant le magistrat instructeur, le jeune officier n’a pas nié les faits. Il les minimise. Après les faits, plusieurs sources ont rapporté
que Bertaud, avait déjà abandonné lors de manœuvres en France, un homme qui ne
suivait pas. Ce que n’avait pas accepté son adjoint d’alors. A Djibouti,
celui-ci était en stage (2).
Deux premiers jours de
procès
Hier, la deuxième
journée a été consacrée à l’enquête de personnalité. L’ex officier, aujourd’hui
âgé de 33 ans, semble avoir trouvé dans la religion catholique une voie. En 2010,
il a été baptisé. Son parrain est le
général Bertrand de La Chesnais, dont l’un des fils était condisciple de
Bertaud au lycée militaire. Le major général de l’armée de terre était présent
devant la cour ainsi que d’autres officiers, ancien instructeur à Saint-Cyr ou
supérieur au REP, notamment.
Durant ces
deux premières journées d’audience, M. Bertaud n’a pas reconnu, spontanément,
les coups portés. Le jury, composé de cinq femmes et d’un homme devra, vendredi
prochain, fixer une peine. Bertaud et les trois ex-légionnaires risquent vingt
ans de réclusion criminelle.