Le djihad contre les journalistes
Pour les correspondants de presse locaux, la règle est
clairement définie par Daech : ils doivent "prêter allégeance au
calife Abou Bakr al-Baghdadi. Ils sont sujets de l’Etat islamique et, en tant
que tels, sont obligés de prêter serment à leur imam". Dix autres "commandements" de la même veine ont été édictés par le mouvement
terroriste à l’intention de la presse. Des spécialistes y voient "une
mise en œuvre des préceptes du pamphlet djihadiste Gestion de la barbarie, attribué à un certain Abou Bakr Naji. Daté
de 2007, ce texte est considéré comme le Mein
Kampf des islamistes" explique l’association Reporters sans frontière qui publie un rapport (Le djihad contre les journalistes) sur
la guerre menée contre les reporteurs par des groupes tels que Daech. Pour ces
prédateurs, le "bon" journaliste n’est pas forcément le
journaliste mort. Le maître-mot pour décrire cette situation reste le
contrôle ».
Sur les 54 journalistes détenus en otage dans le monde en
2015, vingt-six sont en Syrie et l’immense majorité d’entre eux sont des locaux "arrêtés" et "jugés" par Daech. La machine de
propagande rappelle ce rapport, dispose "d’émirs de l’info" dirigeant
des "brigades médiatiques". Abou Hajer, un marocain qui a fait
défection l’année dernière, explique que toute initiative personnelle est
bannie et l’objection n’est pas une option. "Vous savez que vous pouvez à
tout moment prendre la place des suppliciés que vous filmez…"