lundi 3 septembre 2018

La censure algérienne interdit un film sur Larbi Ben M'Hidi

" Pas assez de violence et de torture" reprochent, à Alger, les membres du Centre national de recherche et d'études sur le mouvement national et la révolution, après avoir visionné Ben M’Hidi, le film que Bachir Derrais vient de consacrer à l'un des fondateurs du FLN. " Ils m’ont demandé pourquoi j’ai montré les désaccords entre les chefs de la Révolution (...) On m’a reproché de porter atteinte aux symboles de la Révolution" explique le réalisateur au site TSA. Dans une autre interview publiée, aujourd'hui également, par Jeune Afrique, il précise que "dans le courrier qui m’a été adressé, la commission me reproche de ne pas avoir assez mis l’accent sur les tortures subies par Larbi Ben M’Hidi durant sa période de détention entre les mains des parachutistes du colonel Bigeard. Or aucun élément n’atteste que Ben M’Hidi a subi des tortures durant sa captivité. Tous les témoignages des militaires français qui ont pris part à son arrestation, à sa détention et à son exécution attestent qu’il n’a pas été soumis à la torture..."
Les circonstances exactes de la mort de Larbi Ben M'Hidi, 34 ans, chef politico-militaire du FLN pour la région d'Alger, arrêté à la mi-février 1957, sont longtemps restées controversées. La thèse officielle présentée, à l'époque, par l'armée française était le suicide. Les Algériens affirmaient qu'il avait été fusillé après quinze jours d'interrogatoires et de tortures. Mais en 2007, dans un entretien au Monde, le général Aussaresses précisait que Ben M'Hidi a été pendu dans la nuit du 3 au 4 mars dans la plaine de la Mitidja (thèse déjà évoquée dans son livre, Services spéciaux, Algérie 1955-1957, Perrin). Avant de quitter Alger "un groupe de parachutistes lui a rendu les honneurs, sur ordre du colonel Bigeard." avait également raconté Aussaresses.
La sortie nationale et internationale de ce long métrage était annoncée pour ce mois de septembre.