Pierre Gasly, la gestion du stress, Davos
"A
Davos, on nous a mis dans la situation d’un réfugié, immergé dans un monde
fondamentalement hostile. Cela te permet d’humaniser ces gens en détresse et de
comprendre par où ils doivent passer. Enfermés dans des camps, pris en main par
des groupes terroristes, violés…" Le narrateur n’est ni un humanitaire,
ni un diplomate, ni un journaliste mais Pierre Gasly, pilote automobile de
Formule 1 (Toro Rosso) qui dans une interview au quotidien L’Equipe, publiée ce matin, raconte cette expérience vécue au Forum
économique de Davos (Suisse) en 2018, lors d’un exercice de jeu de rôles sur le
stress.
Il
était venu parler, devant soixante-dix chefs d’Etat et de gouvernement et
quelques-uns des plus grand patrons, de la performance dans des situations
extrêmes.
Pierre Gasly raconte l’exercice auxquels il a été soumis avec certains
participants :
" Je suis arrivé avec des dirigeants politiques et
économiques qui étaient en costume. Et là, d’un coup, on leur a donné une
nouvelle identité. Un devait franchir des étapes dans un univers hostile avec
sa jambe bloquée (cassée). Ce sont de vrais réfugiés qui géraient notre
expérience. Ils nous faisaient subir ce que, eux, ont vécu au quotidien. Il y
en avait un qui, à douze ans, a vu son frère et sa sœur de cinq et six ans se
faire tuer devant lui. Une autre famille a été prise en otage par des
extrémistes et, pour leur laver le cerveau, on avait obligé l’un d’eux à tuer
un membre de sa fratrie. S’il ne le faisait pas, c’est lui qui allait être
exécuté. Ces réfugiés nous ont mis la pression pendant les exercices.
A
côté de moi, t’avais un ministre qui se faisait pourrir. Ils nous avaient
prévenus, certains vont craquer. Ils te font vraiment monter le stress. Ils
nous ont mis à quinze dans une tente, serrés comme des fous en nous criant
dessus. Pour manger, ils nous demandaient de leur donner notre montre et si tu
refusais, ils nous dégageaient brutalement. Il y avait une femme et, à un
moment, un réfugié, dans son jeu de rôle est venu vers elle et lui a dit :
« Toi, viens avec moi, là, derrière,
je vais te b.. » Même si ce n’est qu’une mise en conditions, un jeu,
c’est hard. Cela aide à relativiser tes malheurs."