Femmes combattantes

 

En couverture, Lily Litviak

Iryna Tsvila vient de mourir à Kiev. Membre de la garde nationale ukrainienne, cette mère de famille a été tuée ces dernières heures, peut-on lire sur les réseaux sociaux, alors qu'elle tentait de freiner l'avancée des chars russes. C’était une combattante. Comme Lydia Litviak cette jeune russe qui, depuis ses 15 ans (1936) voulait piloter des avions. « Lily » parvint six ans plus tard à intégrer, grâce à ses qualités, un régiment de chasse. Elle enchaina les missions, abattit nombre d’avions ennemis… Croisement cruel de l’histoire et de l’actualité, elle disparut avec son avion au-dessus de Donbass, le 1er août 1943. Quelques jours avant son vingt-deuxième anniversaire.
Ce qui rapproche ces deux femmes, que plusieurs générations séparent mais dont le trait d’union reste la guerre, c’est le sens de l’engagement. Ce don de soi qui transcende des individus jusque-là anonymes pour « faire quelques chose », selon la formule utilisée couramment par les premiers résistants et résistantes (de l’intérieur ou de l’extérieur) pour expliquer leur implication dans la lutte contre l’occupation allemande de la France.

De Susan Travers à Cassiopée
C’est à Lydia Litviak et à six autres femmes que Marie-Laure Buisson a consacré  Femmes combattantes, livre sorti cette semaine aux Presses de la cité. Ces femmes, pour la plupart très jeunes, sont des braves, figures des guerres des XXe et XXIè siècles. Elles ont pour nom Susan Travers, seule femme immatriculée à la Légion étrangère (sous le numéro 22166), conductrice du général Koenig, qui parvint lors de la sortie de vive force de Bir-Hakeim à lui faire traverser au volant de sa Ford les lignes allemandes (ainsi qu’à Amilakvari). Noor Inayat Khan, fille d’une américaine et d’un sultan des Indes, engagée au sein des services secrets anglais durant la Seconde Guerre mondiale. Capturée lors d’une mission en France en 1943, elle est assassinée l’année suivante à Dachau. Hannah Szenes, juive hongroise qui part vivre en 1939 en Israël. Quatre ans plus tard, elle retourne, via un parachutage en Yougoslavie, dans son pays afin d’aider les siens. Arrêtée, elle est exécutée. Geneviève de Galard, convoyeuse de l’air qui « verra du pays » avant de vivre les derniers jours de Dien Biên Phu dont elle devint, pour la presse internationale, « l’héroïne ». Geneviève de Galard fêtera, le 19 avril prochain, son 97e anniversaire. Jihane Cheikh Ahmed l’institutrice, kurde de Rakka, grièvement blessée par les djihadistes, future cheffe de guerre. Enfin, Cassiopée, une militaire française qui raconte au travers d’une mission de renseignement, le Mali, Barkhane…
L’auteur, Marie-Laure Buisson est aussi une combattante. Cette ancienne avocate d’affaires a connu plusieurs vies professionnelles. Aujourd’hui à la tête d’une fondation, elle est marraine du 4e régiment étranger et 1ère classe d’honneur de la Légion étrangère. Mais ce livre démontre qu’elle possède une qualité rare : elle sait, avec talent, raconter des histoires.

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Sordide commentaire

Et Marie- Laure Buisson...

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