La Russie abandonnera-t-elle l’Iran ?
Hier Abram Oveyan, responsable de la diaspora arménienne de la région de Tioumen (Sibérie) rappelait dans une interview à un site russe que 20 % de la population de la république socialiste d’Arménie (URSS) avait participé à la « Grande guerre patriotique ». Entendez par là, l’entrée des armées allemandes en URSS (opération Barbarossa) et la guerre qui suivit à partir du 22 juin 1941. Actant ainsi la rupture du pacte germano-soviétique.
La tête ailleurs
La réciproque ne s’est pas appliquée 82 ans plus tard, lors de la reprise du Haut-Karabagh par l’Azerbaïdjan. Aucune assistance n’a été apportée par la Russie à l’Arménie, malgré les relations liant les deux pays au sein de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), lointain successeur du Pacte de Varsovie.
Un an plus tard, Vladimir Poutine ne soutenait pas plus militairement son allié syrien Bachar el-Assad. Partenaire stratégique revendiqué de l’Iran depuis janvier 2025, Moscou n’a, pour l’heure, offert aucune assistance militaire ni technique à son allié. Même si ce matin, le porte-parole du président russe, Dimitri Peskov a déclaré que la Russie était prête à aider l’Iran. De quelle manière ? La rencontre possible entre le ministre des Affaires étrangères de Téhéran, présent depuis hier à Moscou, avec M. Poutine pourrait fournir des réponses.
Les calculs du Kremlin
Sachant que le président russe est un équilibriste et que l’atonie de son pays pourrait être le fruit de calculs géopolitiques et reposer sur les gains immédiats obtenus. Ainsi les bombardements israéliens sur les sites iraniens ont provoqué aussitôt une hausse à deux chiffres des prix du baril de pétrole (12%) renforçant ainsi les rentrées financières. Et puis, cette nouvelle page de belligérance relègue à l’arrière-plan la guerre menée par la Russie en Ukraine. « Le Kremlin agit ainsi dans une logique transactionnelle, minimisant ses risques diplomatiques et militaires, tout en optimisant ses leviers stratégiques » note cet observateur de la politique russe, ayant longtemps vécu à Moscou.
La question que se posent les Iraniens aujourd’hui : à l’heure des choix, les Russes sont-ils fiables ?