Recommandations aux candidats à l'élection présidentielle
Ce sont des
officiers généraux qui ont récemment quitté le service actif. Ils ont créé G2S, www.gx2s.fr un cercle de réflexion afin "de donner leur vision des perspectives
d’évolution souhaitables de la défense." Le général de corps d'armée Alain Bouquin en est le président. Le général de brigade Dominique Trinquand, le secrétaire général. G2S fournit, dans un dossier qu'il vient de publier, ses
recommandations aux candidats à l’élection présidentielle. Ont également collaboré à cette adresse, le général d'armée Jean-Marie Faugère, les généraux de corps d'armée Jean-Paul Perruche, Philippe Renard, Claude Ascensi, de division Georges Lebel. Le général Trinquand, nous explique leurs attentes.
La
défense est certainement le "parent pauvre" des campagnes
présidentielles ?
En
effet, de façon générale la défense fait consensus entre les candidats lors des
élections présidentielles et donc le débat porte rarement sur le sujet. De plus, en 2017, même si les attentats et la
situation internationale ont profondément marqués nos concitoyens, les
inquiétudes se concentrent plus sur des sujets de société alors que la défense
reste un pilier solide de l'Etat qui rassemble.
Dans le
même temps, ce n’est pas le programme d’un candidat en la matière qui
fera la décision ?
La
situation particulièrement préoccupante de ces derniers mois fait que la défense attire plus l'attention, mais il n'y a pas vraiment de proposition "clivante" entre les candidats. Le débat devient très vite technique (2% ou plus
du PIB) et les citoyens rentrent rarement dans ces aspects techniques.
Parce
qu’il y a globalement un consensus ?
Oui, il
y a consensus sur l'effort à fournir, mais ce consensus cache mal les
différences sur la nature de l'effort et la progression attendue. L'image
projetée de la nécessité d'augmenter l'effort empêche de rentrer
dans le détail mais "le diable se cache dans les détails".
C'est pourquoi le dossier établi par l'association du G2S tout en restant
lisible rentre dans les détails.
Par exemple ?
Ainsi
quasiment tous les candidats se rallient au chiffre de 2% du PIB consacré à la défense qui est le chiffre minimum d'engagement pris par les membres de l'OTAN.
Or la France n'est pas un membre quelconque de l'OTAN, elle est également un
membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU et un membre fondateur et
moteur de l'Union européenne. A ce titre, ses devoirs en matière de défense se situent
au-dessus des autres membres de l'OTAN (à l'exception des Etats Unis et du Royaume-Uni qui sont un peu dans la même situation à l'ONU). C'est pourquoi le
G2S parle du "chiffre du devoir 3%, du chiffre du pouvoir 3% et du chiffre
du vouloir 2% (hors pension)". Mais
le dossier va au-delà, il rentre dans le détail dans des domaines
sensibles comme l'autonomie stratégique, la défense européenne, la cohésion
nationale, la protection des populations, la réserve, la dissuasion, l'équipement,
les ressources humaines... tous ces sous dossiers étayent les chiffres cités
plus haut au lieu de tenir pour acquis le consensus général qui se
heurtera forcément aux réalités économiques qui éroderont la volonté politique
sur le long terme. L'engagement des candidats ne doit pas être simplement un
chiffre abstrait mais des dossiers concrets sur lesquels celui qui privilégie
la défense de la France et donc de nos concitoyens doit s'engager.
Ce qui
est important pour vous, c’est l’effort de défense qu’un
« présidentiable » veut consentir ?
Oui,
car le reste sera réglé une fois arrivé au pouvoir. C'est surtout la
volonté maintenue au cours des années pour réaliser l'effort budgétaire
qui est importante. Ce budget ne peut pas se satisfaire
d'irrégularité, il doit être l'objet d'un effort constant pour permettre la
mise à disposition des moyens à temps. La défense est une assurance vie
pour l'Etat et trop souvent l'écart entre le discours et la réalité créent
l'illusion d'une assurance qui en fait comprend trop de trous.
Vous
attendez donc une remise à niveau de l’outil de défense…
Oui,
cela est nécessaire non seulement à cause de la menace actuelle, mais aussi à
cause de la dégradation subie depuis de nombreuses
années. Celle-ci nécessite un effort dans le temps long et même si aujourd'hui
le redressement doit être rapide, il prendra du temps.
Etes-vous
les porte-parole de cette Grande Muette, soumise au devoir de réserve ?
Nous ne
sommes pas des porte-parole. Toutefois les fonctions tenues par les
membres de l'association alors qu'ils étaient en activité, permet à celle-ci de
s'exprimer avec un degré de professionnalisme reconnu et une liberté qui n'est
pas entravée par les contingences inhérentes à l'exercice actif des
responsabilités.
Qui
pourriez-vous soutenir ?
Le
candidat qui incarnera la volonté régalienne d'une défense de notre pays au
service des citoyens.