La géhenne malgache de Philippe François, ancien chef de corps du Régiment de marche du Tchad (1/2)
C’est le 26 août prochain que Philippe François, incarcéré à Madagascar depuis un an et 14 jours, connaitra son sort, fixé par la cour de cassation. L’ancien officier français saura s’il doit accomplir les dix ans de travaux forcés auxquels il a été condamné le 17 décembre 2021 en première instance (il n’y a pas d’appel à Madagascar dans le cas d’un « crime d’Etat »), s’il est relaxé ou s’il est renvoyé devant une nouvelle cour criminelle. Ex-chef de corps du Régiment de marche du Tchad (2010-2012), le colonel François (ER) est poursuivi par la justice malgache pour atteinte à la sûreté de l’État et tentative d’assassinat du président Rajoelina. C’est un homme « abandonné par le Quai d’Orsay » explique dans une tribune publiée ce jeudi par Marianne, son comité de soutien.
Né en 1967 à Djibouti, Philippe François est admis vingt ans plus tard à Saint-Cyr avec le rang de major du concours Lettres. Elève sérieux mais aussi « très drôle et créatif », comme le dépeint Constance, l’une de ses quatre filles, il sort dans un très bon rang de la promotion Tom Morel. Il ne choisit pas, contrairement à son père la Légion étrangère où celui-ci commanda le 2e REI (1984-86)* mais les Troupes de marine. Vingt-cinq années de services, des OPEX, des décorations puis le mot « fin ». « Mon père voulait terminer sa carrière après avoir commandé un régiment. Etre général, n’était pas dans ses plans de carrière » explique Constance Wagner François. En 2013 l’officier breveté, qui avait écrit quatre plus tôt un ouvrage remarqué « Tactiques de l’armée rouge en Afghanistan » (Economica), s’engage donc dans la vie civile.
Une deuxième carrière
« Ce qui l’intéressait c’était l’opérationnel » témoigne un officier supérieur qui l’a côtoyé à Saint-Cyr. Défilent les années FNAC (directeur sécurité monde) puis la logistique (FM Logistic, XPO) toujours dans la même secteur. « Philippe n’aime pas ronronner » dit l’un de ses proches.
En janvier 2020, le quinquagénaire part à Madagascar où il occupe la fonction de directeur général de SmartOne (solutions d’Intelligence artificielle) ; il participe ensuite à la création de Tsara First (fonds d’investissement pour le développement économique de Madagascar) avec un autre ancien de Cyr – de la promotion Montclar- Paul Maillot Rafanoharana qui lui, a servi dans la gendarmerie française. Mais, après la séquence Covid qui n’a rien arrangé, l’aventure malgache prend fin.
Retour en France programmé
Le 20 juillet 2021, Philippe François et sa compagne Brigitte sont à l’aéroport d’Antananarivo-Ivato où ils s’apprêtent à prendre un vol pour Paris. Afin d’assister au mariage, quelques jours plus tard dans la région parisienne, de Constance. Mais le couple a également décidé de ne pas revenir dans l’océan Indien. En effet, l’ancien officier a démissionné et espère retrouver un poste dans le secteur de la sûreté/sécurité en France. Ecrire de nouvelles pages, donc. Seulement, rien en se passe comme prévu.
Avant de monter dans le gros porteur, ils sont interpellés par la police. Pour quel motif ? Ils n’en savent rien. Juste le temps pour l’ex-militaire d’envoyer un texto à Constance et ils sont transférés dans la capitale. Là, ils apprennent enfin qu’ils sont accusés « d’atteinte à la sûreté de l’État et de tentative d’assassinat contre le président Rajoelina. »
Paul Maillot
Concomitamment, Paul Maillot qui fut quelque temps conseiller de TGV (surnom du président Rajoelina) mais qui est alors « en délicatesse avec lui » et d’anciens officiers malgaches subissent le même sort. Les deux cerveaux présumés de l’opération baptisée « Apollo 21 », le français et le franco-malgache, sont envoyés à la prison de Tsiafahy, en isolement. Le 6 décembre dernier s’ouvre leur procès devant la cour criminelle ordinaire d’Anosy. Le 21, le jugement tombe : 20 ans de travaux forcés pour Maillot, 10 ans pour François. « Ce procès a été marqué par des vices de procédure, la non-présentation de preuves à décharge et la manipulation voire la falsification de pièces » raconte Rémy Lescure, qui est à la tête de la mobilisation en faveur de l’ex-colonel. La principale pièce d’accusation, une clef USB saisie au domicile de Philippe François « a été modifiée et a disparu » précise la défense de l’accusé français...
©DR |
Né en 1967 à Djibouti, Philippe François est admis vingt ans plus tard à Saint-Cyr avec le rang de major du concours Lettres. Elève sérieux mais aussi « très drôle et créatif », comme le dépeint Constance, l’une de ses quatre filles, il sort dans un très bon rang de la promotion Tom Morel. Il ne choisit pas, contrairement à son père la Légion étrangère où celui-ci commanda le 2e REI (1984-86)* mais les Troupes de marine. Vingt-cinq années de services, des OPEX, des décorations puis le mot « fin ». « Mon père voulait terminer sa carrière après avoir commandé un régiment. Etre général, n’était pas dans ses plans de carrière » explique Constance Wagner François. En 2013 l’officier breveté, qui avait écrit quatre plus tôt un ouvrage remarqué « Tactiques de l’armée rouge en Afghanistan » (Economica), s’engage donc dans la vie civile.
Une deuxième carrière
« Ce qui l’intéressait c’était l’opérationnel » témoigne un officier supérieur qui l’a côtoyé à Saint-Cyr. Défilent les années FNAC (directeur sécurité monde) puis la logistique (FM Logistic, XPO) toujours dans la même secteur. « Philippe n’aime pas ronronner » dit l’un de ses proches.
En janvier 2020, le quinquagénaire part à Madagascar où il occupe la fonction de directeur général de SmartOne (solutions d’Intelligence artificielle) ; il participe ensuite à la création de Tsara First (fonds d’investissement pour le développement économique de Madagascar) avec un autre ancien de Cyr – de la promotion Montclar- Paul Maillot Rafanoharana qui lui, a servi dans la gendarmerie française. Mais, après la séquence Covid qui n’a rien arrangé, l’aventure malgache prend fin.
Retour en France programmé
Le 20 juillet 2021, Philippe François et sa compagne Brigitte sont à l’aéroport d’Antananarivo-Ivato où ils s’apprêtent à prendre un vol pour Paris. Afin d’assister au mariage, quelques jours plus tard dans la région parisienne, de Constance. Mais le couple a également décidé de ne pas revenir dans l’océan Indien. En effet, l’ancien officier a démissionné et espère retrouver un poste dans le secteur de la sûreté/sécurité en France. Ecrire de nouvelles pages, donc. Seulement, rien en se passe comme prévu.
Avant de monter dans le gros porteur, ils sont interpellés par la police. Pour quel motif ? Ils n’en savent rien. Juste le temps pour l’ex-militaire d’envoyer un texto à Constance et ils sont transférés dans la capitale. Là, ils apprennent enfin qu’ils sont accusés « d’atteinte à la sûreté de l’État et de tentative d’assassinat contre le président Rajoelina. »
Paul Maillot
Concomitamment, Paul Maillot qui fut quelque temps conseiller de TGV (surnom du président Rajoelina) mais qui est alors « en délicatesse avec lui » et d’anciens officiers malgaches subissent le même sort. Les deux cerveaux présumés de l’opération baptisée « Apollo 21 », le français et le franco-malgache, sont envoyés à la prison de Tsiafahy, en isolement. Le 6 décembre dernier s’ouvre leur procès devant la cour criminelle ordinaire d’Anosy. Le 21, le jugement tombe : 20 ans de travaux forcés pour Maillot, 10 ans pour François. « Ce procès a été marqué par des vices de procédure, la non-présentation de preuves à décharge et la manipulation voire la falsification de pièces » raconte Rémy Lescure, qui est à la tête de la mobilisation en faveur de l’ex-colonel. La principale pièce d’accusation, une clef USB saisie au domicile de Philippe François « a été modifiée et a disparu » précise la défense de l’accusé français...
Prochain post : Le silence des autorités françaises.
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Le
colonel Jean-Claude François fit venir Serge Gainsbourg lors du
Camerone 1986 à Nîmes.