Moi, Alain de Boismenu, 102 ans, ancien combattant

Les hommes, les femmes, acteurs de la Seconde Guerre mondiale sont de moins en moins nombreux. Et ceux qui restent, très âgés. Elles et ils, ont vécu une drôle de jeunesse ou une singulière entrée dans l’âge adulte. L’insouciance a été remplacée par un engagement synonyme de potentielle mort prématurée. C’est pour cela qu’il est nécessaire de les écouter.


Il dit : « L’époque fut horrible pour trop de gens. Mais j’ai eu la chance de la vivre de façon exaltante. » Alain de Boismenu a 102 ans. Il vit seul dans sa maison de Moulins, dans l’Allier. Seul depuis la disparition de son épouse, il y a un an. Mais ses proches veillent sur lui.
Sa vie s’est construite sur un socle de valeurs. « Mon frère, ma sœur et moi avons été élevés dans l’amour de la patrie et le culte du drapeau » raconte-t-il. Expliquant que son grand-père maternel a été tué dans les premiers jours de 1914 et que son père, engagé, a combattu dans les tranchées.

Atavisme
Alain de Boismenu est né à Paramé (Saint-Malo, Ile-et-Vilaine). En 1943, admissible en 2e année à Sup de Co à Paris, Il choisit de partir se battre. Il échappe au STO*, grâce au réseau amical de ses parents. Même schéma pour passer la frontière espagnole. Il parvient outre-Pyrénées, le 18 octobre, grâce à plusieurs « miracles ». Mais où il ne peut esquiver l’arrestation. Autre coup de chance, il parvient à Barcelone à échapper à la vigilance de gardes lors d’un transfert de prisonniers. Et à trouver, dans la capitale catalane, le Bureau de la France libre.
Quelques aventures et péripéties plus loin, il débarque à Casablanca, le 17 novembre 1943.


Le Maroc
En descendant du paquebot « Sidi Brahim », raconte le centenaire dans ses quelques pages de souvenirs destinés à sa famille « des officiers nous abordaient pour nous dire : « Venez chez de Gaulle ». A côté d’autres disaient « Venez chez Giraud »… Lui choisit le camp du premier. Un commandant, supporteur du second lui lance un cinglant  « traître » !

De Lattre
C’est le grand homme d’Alain de Boismenu. Son mentor. Dans l’Allier, son aide-soigante actuelle, lui a offert un ouvrage consacré au maréchal. Le livre ci est près de son fauteuil, pour pouvoir être consulté ytès souvent. Au mur, des photos du celui qui commanda la 1ere Armée. « Très vite, j’ai commencé à l’admirer et à éprouver pour lui, une sorte de vénération ».
Le jeune homme sert au 2eme régiment de spahis algériens de reconnaissance. Le 1er mai 1944, le voilà maréchal des logis chef. Puis le sous-officier fréquente une école « non pas de cadres mais de surentraînement ». En réalité, de formation de commandos-parachutistes qui seront « lâchés » en France avant le débarquement, pour entrainer des résistants de l’intérieur. Avec comme affectation, le BCRA.

Les blessures
Le 1er août, le sous-lieutenant de Boismenu, devenu Bourmont, saute au-dessus de Dieulefit (Drôme) et participe à la libération de Grenoble. Fin septembre, voici le jeune officier transféré au 1er RCP.
Blessé par une grenade à Orbey (Haut-Rhin), le 4 janvier 1945, il est touché par 38 éclats dans « le dos, cuisse, mollet et talon droits ». Hôpital de Lons-le-Saunier (Jura) puis Percy à Clamart (Hauts-de-Seine) pour 9 mois.

Le Breton souhaite partir en Indochine mais son état de santé ne le lui permet pas. La démobilisation intervient le 7 janvier 1946**. La vie civile s’appelle Air France avec de nombreux postes à l’étranger. 
Puis vient la retraite, prise il y a un demi-siècle. Tous ses copains militaires, eux, ont disparu.

*Service du travail obligatoire

** Alain de Boismenu est chevalier de la Légion d’honneur et titulaire de la Croix de guerre.

Photos : collection privée. Photo 1 : Alain de Boismenu en 2024 ; photo 2 : avec sa famille.

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