mardi 4 novembre 2014

Sivens, la politique, les taiseux et les gendarmes (actualisé)

C'est comme si les aiguilles d'une montre s'emballaient et prenaient, à chaque tour, un peu plus de vitesse. Ainsi peut-on résumer Sivens, vite devenue affaire d'Etat. Quatre éléments y ont contribué : la mort d'un manifestant, les mises en accusation violentes de Cécile Duflot, l'absence de voix venues tempérer les attaques menées par l'ex-ministre contre le fonctionnement de l'Etat et en particulier les forces de l'ordre (ici, les gendarmes). Et enfin la surchauffe médiatique.
Tout le monde est d'accord pour déplorer la mort d'un jeune homme de 21 ans mais il y a  indécence manifeste à la récupérer politiquement. N'aurait-il pas été raisonnable d'attendre de connaître le contenu du rapport d'enquête pour se prononcer. Ainsi, quel était le contexte qui prévalait au moment des faits ? 
Mais non ! La députée Cécile Duflot n'a pas eu de mots assez durs pour dénoncer ce "scandale absolu" et la "tâche indélébile sur le quinquénnat", confisquant à l'occasion la parole d'EELV (habituellement si éparpillée). Personne n'est réellement dupe : ces outrances verbales tacticiennes ne visent qu'à régler des comptes avec François Hollande et Manuel Valls ; le PS avait pourtant réservé en 2012 une circonscription en or à Paris à la représentante écologiste...Qu'en pensent les Français ? J'attends avec impatience le premier sondage qui mesurera la perception des déclarations de Madame Duflot et plus généralement de cette affaire du barrage tarnais. Il risque d'être porteur de surprises...
L'air du temps a porté d'autres reproches. Pourquoi n'a-y t-il pas eu de réaction rapide du président de la République et du Premier ministre ? Les gendarmes ont informé le préfet. Que s'est-il passé ensuite ?
Depuis le 26 octobre, date de la mort de Rémi Fraisse, il doit suffire d'une main et demie pour comptabiliser les politiques qui sont venus pondérer ce discours au lance-flamme. Discours qui vise à établir un principe : la culpabilité des forces de l'ordre. J'imagine l'état d'esprit de ces hommes et de ces femmes (gendarmes ou policiers) chargés à longueur d'année de gérer manifestations et manifestants, d'éviter les débordements. Leur univers n'est pas le plus enviable : attaqués, caillassés, insultés, blessés...  Ils sont toujours considérés comme des coupables potentiels. L'un d'entre eux et la chaine de commandement ont-ils commis une faute à Sivens ? L'enquête le dira. Mais condamner à priori les gendarmes, dans une sorte de délit de fonction, est ridicule. Beaucoup d'entre nous avons attendu la réaction de C. Duflot après les saccages enregistrés à Nantes et Toulouse perpétrés par des activistes intolérants. Ces gendarmes sont soumis au devoir de réserve. Mais sans nul doute, comme l'expliquait récemment une jeune femme gendarme, "qu'ils en ont gros sur la patate ".