Andrée Gros élevée à la dignité de grand’croix de la Légion d’honneur
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Le 14 août, Andrée Gros-Duruisseau fêtera son 97e anniversaire. Cette résistante, déportée à Ravensbrück vient d’être élevée à la dignité de grand’croix de la Légion d’honneur.
Résister immédiatementIssue « d’une famille charentaise aimante », la jeune Andrée glissera naturellement dans la Résistance. Et ce dès 1940, après la débâcle, en ouvrant la porte de leur ferme aux réfugiés et aux fugitifs. Une étape supplémentaire est rapidement franchie. La famille est chargée par un réseau d’organiser la réception de caisses d’armes larguées de nuit par des avions anglais, de les camoufler. Des pilotes américains transitent également par la ferme. Andrée devient agent de liaison et homologuée agent P2 au BCRA. La maison familiale est située à 5 km de la ligne de démarcation.
Début 1944, son réseau est dénoncé. Le 15 mars, la ferme familiale est investie par les Allemands. Son père parvient à fuir. Elle, qui a 18 ans, est conduite à Angoulême par des agents de la Gestapo.
Sortie vivante de l’enfer
Deux mois et cinq jours d’interrogatoire. « Ils savaient à peu près tout de nous, mais ignoraient où le groupe se cachait. Seuls mon père et moi le savions. Je n’ai jamais parlé. »* Le 20 mai, le jeune fille est conduite au fort de Romainville où elle reste jusqu’au 6 juin. Puis est transférée dans un wagon à bestiaux au camp de Neue Bremm près de Sarrebruck. Première image vue : des hommes, accroupis près d’un plan d’eau sont battus par des SS. « C’était horrible ». Elle poursuit ensuite la route de l’enfer qui la mène à Ravensbrück où elle est affectée dans plusieurs usines. « Le fait de savoir que je n’avais dénoncé personne m’a donné beaucoup de force » explique-t-elle. Andrée Duruisseau (son nom de naissance) parvient à sortir vivante de cet enfer. Elle retrouve sa famille le 1er juin 1945. Après une longue période d’hospitalisation, la dépression la saisit. Elle rencontre, un militaire, Robert Gros et fonde une famille. Elle le répète toujours aux jeunes : « Nous n’avons jamais baissé les yeux ».
*La Cohorte, mars 2018