La question
©capture d'écran BFM |
Léon Gautier aura résisté jusqu’à la dernière extrémité. Jusqu’à franchir le cap des cent ans. Dès la fin de l’adolescence, il lutta. A 17 ans, engagé volontaire dans la marine, il défendit Cherbourg ; puis la défaite consommée, traversa la Manche, rejoignit, en juillet 1940, l’armée de Gaulle naissante. Son grand combat fut celui du 6 juin 1944 où, avec ses 176 camarades des commandos Kieffer, il débarqua à Ouistreham. Il eut de la chance et survécut. Au fil du temps, il devint le dernier. Ce temps passant, on lut cela comme un moment de gloire. Comme l’écrivain Ernest Renan, Léon Gautier estimait que « la célébrité va rarement chercher ceux qui ont fait profession de fuir la gloire et dont la qualité dominante a été la modestie ».
Les derniers
Nous le savons, inéluctablement, les derniers vont disparaître. Dernier terrien, dernier aviateur, dernier marin, dernier ou dernière résistante, dernier ou dernière rescapé(e) des camps… Le dernier ce n’est pas le cancre, la lanterne rouge, c’est un homme ou une femme courageux qui dans des temps maudits a su simplement « faire quelque chose » pour son pays. Ce sont les mots d’Hubert Germain, dernier des 1 038 Compagnon de la Libération disparu en octobre 2021. L’ancien lieutenant de la 13e Demi-brigade de Légion étrangère qui avait élevé à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur Jean Camus, ancien du BCRA, qui est mort vendredi, jour des obsèques de Léon Gautier, à l’âge de 107 ans à l’institution nationale des Invalides à Paris.
Qui en 2023 se lèverait ?
En regardant à la télévision la cérémonie d’adieu à Léon, « la question » que, comme beaucoup, je me pose depuis mon adolescence est revenue. Si j’avais vécu à l’heure de l’humiliation de l’été 1940, qu’aurais-je fait ? A jamais, l’interrogation restera sans réponse.
Mais cette fois-ci, immédiatement, une autre colle a fait son apparition. Un autre hic a succédé à la première interpellation. Si aujourd’hui la France était confrontée à une situation de chaos, de soumission, de désarroi, comparable à celle vécue par ces jeunes de 1940 que feraient les garçons et les filles de 2023 ?
Qui sans bruit ou envolées tenterait « de faire quelque chose » ? Dirait « non » ! Qui manifesterait ce courage, dans des conditions rendues bien plus complexes par la puissance des technologies ? Qui risquerait sa vie ou celle de ses proches ? Qui franchirait l’écran des jeux vidéo pour être dans le vrai combat qu’implique une résistance pour tenter d'accélérer l'issue ? Quels anonymes quitteraient le fauteuil du 20e rang pour monter sur la scène du courage ? Ne suivant pas l’exemple des Européens qui lors de la formation du bataillon du Pacifique fin 1940 à Papeete haranguaient les Polynésiens : « Engageons-nous, partez ! »
Quels personnages connus franchiraient le pas ? Au nom d’une certaine idée de la France ? Qui privilégierait les valeurs ? A toutes ces questions, un exemple contemporain, proche et lointain, celui de l’Ukraine pourrait fournir quelques pistes.
Il y aurait d’agréables surprises. Pas forcément celles que l’on imagine. Et d’autres évidemment amères. La question ne sera pas tranchée, heureusement. Pas de réponse, donc. Mais une musique lancinante...
Les derniers
Nous le savons, inéluctablement, les derniers vont disparaître. Dernier terrien, dernier aviateur, dernier marin, dernier ou dernière résistante, dernier ou dernière rescapé(e) des camps… Le dernier ce n’est pas le cancre, la lanterne rouge, c’est un homme ou une femme courageux qui dans des temps maudits a su simplement « faire quelque chose » pour son pays. Ce sont les mots d’Hubert Germain, dernier des 1 038 Compagnon de la Libération disparu en octobre 2021. L’ancien lieutenant de la 13e Demi-brigade de Légion étrangère qui avait élevé à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur Jean Camus, ancien du BCRA, qui est mort vendredi, jour des obsèques de Léon Gautier, à l’âge de 107 ans à l’institution nationale des Invalides à Paris.
Qui en 2023 se lèverait ?
En regardant à la télévision la cérémonie d’adieu à Léon, « la question » que, comme beaucoup, je me pose depuis mon adolescence est revenue. Si j’avais vécu à l’heure de l’humiliation de l’été 1940, qu’aurais-je fait ? A jamais, l’interrogation restera sans réponse.
Mais cette fois-ci, immédiatement, une autre colle a fait son apparition. Un autre hic a succédé à la première interpellation. Si aujourd’hui la France était confrontée à une situation de chaos, de soumission, de désarroi, comparable à celle vécue par ces jeunes de 1940 que feraient les garçons et les filles de 2023 ?
Qui sans bruit ou envolées tenterait « de faire quelque chose » ? Dirait « non » ! Qui manifesterait ce courage, dans des conditions rendues bien plus complexes par la puissance des technologies ? Qui risquerait sa vie ou celle de ses proches ? Qui franchirait l’écran des jeux vidéo pour être dans le vrai combat qu’implique une résistance pour tenter d'accélérer l'issue ? Quels anonymes quitteraient le fauteuil du 20e rang pour monter sur la scène du courage ? Ne suivant pas l’exemple des Européens qui lors de la formation du bataillon du Pacifique fin 1940 à Papeete haranguaient les Polynésiens : « Engageons-nous, partez ! »
Quels personnages connus franchiraient le pas ? Au nom d’une certaine idée de la France ? Qui privilégierait les valeurs ? A toutes ces questions, un exemple contemporain, proche et lointain, celui de l’Ukraine pourrait fournir quelques pistes.
Il y aurait d’agréables surprises. Pas forcément celles que l’on imagine. Et d’autres évidemment amères. La question ne sera pas tranchée, heureusement. Pas de réponse, donc. Mais une musique lancinante...