Vladimir Poutine, l’homme qui réécrit l’histoire de la Seconde Guerre mondiale
Vladimir Poutine a toujours affiché des qualités de scénariste qui lui permettent de reconstruire l’histoire à son profit. Il en est ainsi de celle de la Seconde Guerre mondiale qui constitue un matériau opportun mis au service de la politique du Kremlin.
Le pacte germano-soviétique
En 2009 en Pologne, alors premier ministre, M. Poutine condamne le pacte germano-soviétique signé en 1939 par les ministres des affaires étrangères, Ribbentrop et Molotov. Six ans plus tard, recevant la chancelière allemande Angela Merkel, il déclare à propos de cet accord : «Lorsque l'URSS a réalisé qu'on l'avait laissée toute seule face à l'Allemagne d'Hitler, (Staline) a pris des mesures visant à éviter un affrontement direct, et le pacte Molotov-Ribbentrop a été signé ». Evitant d’évoquer la partie secrète qui prévoyait le partage entre les deux pays de la Pologne. Comme il a oublié de citer le souvenir de ce million de Soviétiques qui choisit de combattre aux côtés des Allemands par haine de Staline, qui avait donné des consignes au NKVD (prédécesseur du KGB) de tuer les soldats de l’Armée rouge qui reculeraient. Comme l’explique l’essayiste Galia Ackerman « La Grande guerre patriotique, qui sert de fondement à cette militarisation de la société, est réécrite d’une manière stupéfiante ». **.
L’autocrate a toujours justifié avoir engagé la guerre en Ukraine pour lutter contre « les nazis ».
Lui et ses hommes ont maintenant choisi d’utiliser un nom associé au IIIe Reich pour nommer la structure paramilitaire chargée de prendre la place de la milice Wagner en Afrique, l’Africa Corps, contrôlée par le ministère de la défense.
Africa Corps et Afrika-Korps
Créé en février 1941 pour soutenir leurs alliés italiens en difficulté en Libye face aux Britanniques, l’Afrika-Korps (ou Afrikakorps) corps expéditionnaire (45 000 hommes, 250 chars) est commandé par Erwin Rommel, dont Goebbels estimait qu’il était un homme « qui mieux qu’un autre général comprenait le rôle de la propagande ». Le generalfeldmarschall Rommel est généralement considéré comme l’un des rares officiers généraux à ne pas avoir commis de crimes de guerre pendant ce deuxième conflit mondial. L’Afrikakorps à la courte existence (1941-1943), a été nommée ainsi par Hitler, en référence à l’Alpenkorps qui a combattu lors de la Première Guerre mondiale.
La Deustches Afrikakorps, de son nom complet, remporta des victoires et acquit une renommée qui a traversé les décennies. Avant de s’effondrer lors de la seconde bataille d’El Alamein. Ensuite, la capitulation au cap Bon, en mai 1943, laisse 250 000 prisonniers (allemands, italiens...) aux mains des Alliés, contre 90 000 à Stalingrad, en février précédent. L’étape suivante de la communication de Moscou est-elle d’appeler ces hommes « renards du désert » du surnom de Rommel, mis en avant par la propagande nazie ?
Enfin dernière ficelle, face aux difficultés de recrutement des Russes pour aller combattre sur le front ukrainien, le correspondant du quotidien Le Monde à Moscou, rappelait il y a quelques mois, qu’à Volgograd les affiches appelaient les hommes à s’engager « pour Stalingrad ! », l’ancien nom de la ville**.
*« Le régiment immortel » Galia Ackerman, Premier Parallèle, 2019.
** La bataille de Stalingrad s’est déroulée du 17 juillet 1942 et le 3 février 1943. Elle a fait plus de 2 millions de morts.