LinkedIn, sergent-recruteur de la DGSE (2)

Cet article est le deuxième des trois volets consacrés à la communication, en particulier numérique, de la DGSE


Cette plateforme est par excellence un moyen utile pour recruter des profils hautement spécialisés. « La DGSE y présente des contenus professionnels et informatifs avec une clarté qui contraste avec la nature opaque de ses activités » analyse le responsable d’une agence de communication parisienne.
« Avec des méthodes assez originales, renchérit Olivier Coredo, journaliste spécialisé dans les nouvelles technologies, sous notamment la forme d’énigmes et de jeux qui s’adressent, en premier lieu, aux ingénieurs mais aussi à des lycéens et parfois des collégiens afin de les sensibiliser. »
« La DGSE communique comme une entreprise classique. J’y vois une volonté de démocratiser le métier d’agent » ajoute un autre responsable d’une agence de com habitué à travailler avec de grandes entreprises françaises.

L’étape « Bureau des légendes »
Cette série télévisée a permis, par ricochet, à la « Piscine »* de se construire une image auprès du public. Une agence longtemps traumatisée par l’affaire du Rainbow Warrior** en 1985 et qui ne peut mettre en avant ses succès. « Ce que fait la DGSE dans sa communication numérique, repose sur une habile mise en scène. Ne dévoilant que des éléments anodins, ce qui laisse à penser à une certaine transparence » note un enseignant en communication qui met également en exergue les vidéos mises en ligne sur YouTube. « Celles-ci témoignent d’une volonté de dynamiser l’image du renseignement extérieur dans la diversité de ses missions et de ses métiers. Proposant au visiteur de se projeter dans l’environnement de travail des agents et ainsi d’illustrer l’impact direct de leur engagement sur les grands enjeux géopolitiques et sécuritaires. » Un autre levier pour attirer des candidats.
Auquel il faut joindre une présence de plus en plus affirmée dans des salons professionnels qui s’ajoutent aux traditionnelles présentations auprès d’établissements universitaires.

Des points de vigilance
« La présence d’ex-agents sur les réseaux sociaux, de partenaires ou de fournisseurs élargit la surface d’exposition commente le journaliste Olivier Coredo. La DGSE sait évidemment qu'une "tête d’affiche" constitue un vrai « honey pot ». Il suffit alors de scanner les réseaux de contacts, des amis. Le social engineering largement utilisée exploite une palette de ruses. Un attaquant, quel qu’il soit, peut alors faire un mapping des connections (cartographie), s’appuyant sur des outils OSINT (sources ouvertes), et utiliser l’IA et des outils de spoofing (tromperie) pour cibler et personnaliser une approche. » La Centrale doit également faire face à un autre fléau, les faux comptes.
La communication publique induit également la multiplication de la réception de candidatures. Ce qui nécessite d’avoir suffisamment de ressources internes, afin d’étudier les dossiers. « Attention aux menaces "insider" qui peuvent activer par la suite » avertit O. Coredo. Ce qu’un connaisseur de l’écosystème du boulevard Mortier*** traduit par « La culture, du secret, le tamponnage sont plus longs mais plus sûrs. Ils ont toujours du bon. »

A suivre. Prochain volet : DGSE, communiquer pour honorer. 

*Allusion à la piscine Georges Valleret voisine

**Du nom du navire de Greenpeace, saboté par des agents français. L’explosion causa la mort d’un photographe qui se trouvait à bord. Deux agents de la DGSE furent arrêtés et condamnés

***Adresse de la Direction générale de la sécurité extérieure.


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