La force de caractère de Philippe François (1)
Le saint-cyrien, diplômé de l’Ecole de guerre, a quitté l’armée en 2013, après avoir commandé le régiment de marche du Tchad (RMT)*. Des envies d’autres choses, « d'arrêter, peut-être, de ne vivre qu’avec des hommes » explique-t-il avec malice dans un café du 8e arrondissement de Paris, ce jeudi. Après 25 ans sous l’uniforme. Défilent alors les années FNAC (directeur sécurité monde) puis la logistique (FM Logistic, XPO).
Vous comprenez immédiatement qu’il s’agit d’un « montage » ?
Vous êtes immédiatement placé à l’isolement ?
Mandat de dépôt et je passe cinq mois effectivement à l’isolement avant le procès. En quartier de haute sécurité où nous étions sous surveillance vidéo ce qui est une violation des droits de l’homme. 23 heures par jour en cellule, sans eau, avec des moyens de fortune (lampe solaire) et l’apport de livres par le consulat. Une heure de promenade dans une petite cour. Les surveillants m’ont affirmé, que personne jusqu’ici n’avait tenu plus de trois semaines un tel régime.
La procureure générale nous a rendu visite après deux mois pour évaluer notre état. Elle m’a trouvé « en pleine forme » et en a été contrariée. Mais il faut, c’est évident, démontrer beaucoup de force morale et de résilience dans des conditions aussi éprouvantes.
Lors du procès, vous êtes condamné à 10 ans de détention ?
Oui, j’écope de 10 ans de prison, mon associé Aina Razafindrakoto également 10 ans, tandis que Paul Maillot Rafanoharana, présenté comme le « cerveau », est condamné à 20 ans et son épouse à 5 ans. Pendant 7h lors du procès, j’ai démonté tous leurs arguments mais les dés étaient pipés.
Ses pas le conduisent ensuite en janvier 2020 à Madagascar. « Philippe n’aime pas ronronner » dit l’un de ses proches. Directeur général de SmartOne (solutions d’Intelligence artificielle), il participe ensuite à la création de Tsara First (fonds d’investissement pour le développement économique de Madagascar).
Le 20 juillet 2021, Philippe François et sa compagne Brigitte sont à l’aéroport d’Antananarivo-Ivato où ils s’apprêtent à prendre un vol pour Paris. Afin d’assister au mariage, quelques jours plus tard dans la région parisienne, de l’une de ses filles. Mais le couple qui a décidé de quitter le « Grande Ile » est arrêté avant de monter dans l’avion. L’ancien officier supérieur va être condamné à 10 ans de détention dans un dossier « monté ». Deux ans de détention à Madagascar, puis la France version prisons, de la Santé et de Meaux. Il n'a retrouvé la liberté que le 12 octobre dernier.
Je m’apprêtais donc à prendre l’avion avec ma compagne pour Paris. Nous sommes arrêtés par un commissaire de police et, dans le groupe qui l'entoure, se trouve un individu « douteux », lié au ministère de l’Intérieur, qui a ensuite disparu. Cette arrestation est très opaque et on ne me dit alors strictement rien.
Aucune information ?
Tout d'abord, je suis placé à l’isolement dans un poste de police, tandis que ma compagne est retenue dans un bureau. Pendant trois jours, je ne reçois aucune explication sur les motifs de cette arrestation. Je perçois un dispositif sécuritaire disproportionné. Au troisième jour, la procureure générale de Tananarive m’annonce que je suis poursuivi pour tentative d’assassinat contre le président et atteinte à la sûreté de l’État. Je suis abasourdi et comprends que les accusations sont totalement fabriquées. Dans ce pays où la corruption est partout, la procureure générale a eu besoin de se justifier en m’expliquant qu’elle était compétente…
Aucune information ?
Tout d'abord, je suis placé à l’isolement dans un poste de police, tandis que ma compagne est retenue dans un bureau. Pendant trois jours, je ne reçois aucune explication sur les motifs de cette arrestation. Je perçois un dispositif sécuritaire disproportionné. Au troisième jour, la procureure générale de Tananarive m’annonce que je suis poursuivi pour tentative d’assassinat contre le président et atteinte à la sûreté de l’État. Je suis abasourdi et comprends que les accusations sont totalement fabriquées. Dans ce pays où la corruption est partout, la procureure générale a eu besoin de se justifier en m’expliquant qu’elle était compétente…
Vous comprenez immédiatement qu’il s’agit d’un « montage » ?
Absolument, c’est un « complot » avec un « montage » mal ficelé. Les autorités n’ont même pas cherché à rendre leur affaire crédible. Il n’y a rien dans le dossier d’instruction. Mais ce n’est pas nécessaire dans ce pays pour mettre en prison des gens.
Vous comprenez rapidement que vous êtes otage d’une affaire que vous ignoriez ?
Les Malgaches veulent atteindre le n°2 de l’ambassade de France, que je connaissais bien, et l’un de mes associés d’alors est un candidat potentiel au poste de Premier ministre. Celui-ci, je m’en apercevrai ultérieurement, franco-malgache est un individu sulfureux, qui aurait incité des tiers à l’aider à renverser le régime. Ce qui a conduit le pouvoir à interpréter cela comme un complot. Et comme je suis un ancien militaire...
Le Premier ministre en poste, encouragé par un milliardaire aujourd’hui incarcéré à Maurice, aurait décidé de « couper le cou » à ces manœuvres. D’où la qualification de complot contre l’État, en l’habillant a minima.
C’est l’affaire dite Apollo 21 ?
C’est le nom d’un court document rédigé par cet ex-associé, intitulé « Apollo 21 », censé décrire un coup d’État. En réalité, c’est une simple feuille recto-verso. Vous imaginez, planifier une telle opération sur une feuille de papier ? C’est indigent et absolument pas crédible. Le nom Apollo 21 pour « faire décoller le pays en 2021 ». Tout cela est parfaitement ridicule. Vous savez, je n’étais pas à Madagascar pour faire de la politique et il est clair que la France ne fait plus de coups d’Etat.
Vous comprenez rapidement que vous êtes otage d’une affaire que vous ignoriez ?
Les Malgaches veulent atteindre le n°2 de l’ambassade de France, que je connaissais bien, et l’un de mes associés d’alors est un candidat potentiel au poste de Premier ministre. Celui-ci, je m’en apercevrai ultérieurement, franco-malgache est un individu sulfureux, qui aurait incité des tiers à l’aider à renverser le régime. Ce qui a conduit le pouvoir à interpréter cela comme un complot. Et comme je suis un ancien militaire...
Le Premier ministre en poste, encouragé par un milliardaire aujourd’hui incarcéré à Maurice, aurait décidé de « couper le cou » à ces manœuvres. D’où la qualification de complot contre l’État, en l’habillant a minima.
C’est l’affaire dite Apollo 21 ?
C’est le nom d’un court document rédigé par cet ex-associé, intitulé « Apollo 21 », censé décrire un coup d’État. En réalité, c’est une simple feuille recto-verso. Vous imaginez, planifier une telle opération sur une feuille de papier ? C’est indigent et absolument pas crédible. Le nom Apollo 21 pour « faire décoller le pays en 2021 ». Tout cela est parfaitement ridicule. Vous savez, je n’étais pas à Madagascar pour faire de la politique et il est clair que la France ne fait plus de coups d’Etat.
Vous êtes immédiatement placé à l’isolement ?
Mandat de dépôt et je passe cinq mois effectivement à l’isolement avant le procès. En quartier de haute sécurité où nous étions sous surveillance vidéo ce qui est une violation des droits de l’homme. 23 heures par jour en cellule, sans eau, avec des moyens de fortune (lampe solaire) et l’apport de livres par le consulat. Une heure de promenade dans une petite cour. Les surveillants m’ont affirmé, que personne jusqu’ici n’avait tenu plus de trois semaines un tel régime.
La procureure générale nous a rendu visite après deux mois pour évaluer notre état. Elle m’a trouvé « en pleine forme » et en a été contrariée. Mais il faut, c’est évident, démontrer beaucoup de force morale et de résilience dans des conditions aussi éprouvantes.
Lors du procès, vous êtes condamné à 10 ans de détention ?
Oui, j’écope de 10 ans de prison, mon associé Aina Razafindrakoto également 10 ans, tandis que Paul Maillot Rafanoharana, présenté comme le « cerveau », est condamné à 20 ans et son épouse à 5 ans. Pendant 7h lors du procès, j’ai démonté tous leurs arguments mais les dés étaient pipés.
Ce procès a été l’aboutissement d’un mécanisme politique et judiciaire d'instrumentalisation, dans un contexte de relations France-Madagascar qui sont « exécrables. Sur le plan intérieur, s’entremêlent des rivalités politiques et des influences économique et il faut savoir que le président Rajoelina a appris tardivement nos arrestations et a été mis « devant le fait accompli ». Qu’il a ensuite exploité...
A suivre…
*Son père a commandé le 2e Régiment étranger d’infanterie (REI) entre 1984 et 1986
A suivre…
*Son père a commandé le 2e Régiment étranger d’infanterie (REI) entre 1984 et 1986
Photo @HW.
