Jack Hasey de la 13 à la CIA
Le 9 août 1940, à Putney à côté de Londres, Jack Hasey dîne chez des amis, les Bellanger. Lui, Etienne dirige Cartier dans la capitale anglaise. C’est un soutien immédiat du général de Gaulle. L’ancien éphémère sous-secrétaire d’Etat chargé de la Défense nationale et de la Guerre dans l’avant-dernier gouvernement de Paul Reynaud participe avec son épouse et sa fille à ce repas. Jack Hasey raconte : « Il était détendu et chaleureux, parlant de la France libre ; une détermination calme et sincère ressortait de son propos. Nulle rhétorique ou vantardise ne sous-tendait sa déclaration selon laquelle, grâce au mouvement de la France libre, tous les Français où qu’ils se trouvent pourraient à nouveau relever la tête. "Ou du moins je l’espère" tempéra-t-il. » Le jeune américain raconte cette anecdote dans un livre publié en 1942 Yankee fighter, the story of an American in the Free French Foreign Legion. Que des amis de la 13e DBLE, unité qu’il servit avec dévouement, viennent de rééditer et compléter sous le titre John Hasey, un américain dans la Légion publié très récemment aux éditions Les Belles Lettres.
Premier engagement
Hasey a 23 ans lors de ce dîner et déjà ce fils de bonne famille, grand voyageur, né dans le Massachusetts, a vécu plusieurs vies.
En 1937, envoyé en France par son père pour y apprendre la langue, il décide d'y rester et trouve un emploi de vendeur chez Cartier à Paris. Selon les saisons, il part à Monaco vendre les bijoux de la Maison.
En août 1939, l’ancien étudiant de l’université Columbia s’engage dans le corps des ambulanciers américains mis à la disposition de l'armée française. En décembre, il est détaché auprès de l'armée finlandaise en guerre contre l’URSS. Blessé en février 1940, il est rapatrié aux Etats-Unis. Rétabli, il regagne la France en juin 1940. Et rejoint l’Angleterre via Lisbonne et Gibraltar.
La 13e DBLE
Après cette rencontre avec Charles de Gaulle, il s’engage dans les Forces françaises libres, le 24 août. Et sert à la 13e demi-brigade de Légion étrangère. Le 20 juin 1941, lors de la campagne fratricide de Syrie*, il est très grièvement blessé aux portes de Damas par six balles de mitrailleuses, dont l'une lui emporte une partie de son visage. Soigné à Jérusalem puis aux Etats-Unis à partir de janvier 1942, il subira 11 opérations.
Promu lieutenant en août 1941, J. Hasey est le premier des quatre américains faits Compagnon de la Libération par le général de Gaulle (avril 1942).
Officier instructeur au Bataillon des Antilles, il est ensuite aide de camp du général Koenig**, commandant des Forces françaises en Angleterre puis des Forces françaises de l'Intérieur (FFI) à Londres et suit également celui-ci lorsqu’il est nommé gouverneur militaire de Paris, en août 1944.
La CIA
Démobilisé en 1945, John Hasey retrouve son emploi chez Cartier. Quatre ans plus tard, de retour aux Etats-Unis il entre à la CIA et y restera jusqu'à sa retraite en 1974, après avoir séjourné dans 17 pays différents en Afrique, en Asie, en Europe et en Amérique du Sud.
John Hasey, le valeureux est décédé le 9 mai 2005 à Arlington en Virginie où il est inhumé. Sur sa pierre tombale est inscrit : « Capitaine de la Légion étrangère ».
*Face aux troupes de Vichy
**Autre Compagnon de la Libération.