Nouvelle-Calédonie : la passion ou la raison ?
Les recettes pour obtenir, samedi matin à l’aube, un accord sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie sont les mêmes que celles employées en 1988. Réunir en métropole les acteurs, négocier et puis face aux écueils, poursuivre dans un dernier round jusqu’à la signature d’un compromis. Comme il y a 37 ans, en fin de semaine dernière, les participants se sont réjouis d’avoir abouti à « un accord historique » et « à des avancées majeures » selon les camps en présence.
Mêmes mots
Les paroles de Louis le Pensec le 4 juillet 1988 à l’Assemblée nationale, ministre des DOM-TOM*, pourraient parfaitement être reprises aujourd’hui par son lointain successeur Manuel Valls : « Aujourd'hui seul compte l'avenir : faisons en sorte, ensemble, que ces souvenirs cruels s'effacent et que la confiance revienne ».
Ces derniers jours les commentateurs, les « experts » sur les chaînes d’information en continue notamment, ont beaucoup pythonisé. Dans cet aller-retour entre les deux accords, il est bon de se rappeler cette déclaration du leader indépendantiste Jean-Marie Tjibaou après la poignée de main à Matignon avec son adversaire, Jacques Lafleur : « On s'est engagé en tant que responsables de mouvements ; il reste à recevoir l'appui de nos mandants ». Pour leurs successeurs de 2025, l'objectif est le même, convaincre leur camp. Des camps qui sont si loin d’être homogènes.
Les leçons du passé
Le 4 mai 1989 Jean-Marie Tjibaou et Yeiwene Yeiwene, son second, étaient abattus dans la tribu de Wadrilla à Ouvéa par Djubelly Wea, qui n'aurait jamais accepté la signature des accords dits de Matignon.
Ce terrible souvenir doit hanter les signataires de Bougival. Ces quatorze derniers mois, dont les métropolitains peuvent difficilement se rendre compte tant ils ont bouleversé toutes les certitudes, ont considérablement raidi les positions. Dès lors qui l’emportera, la passion ou la raison ?
*Aujourd'hui ministère des Outre-mer
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