Dans ce voyage entrepris à travers la Légion, de nombreux interlocuteurs m’avaient confié un nom, gardien semble-t-il du passé-présent de l’institution. Un autre regard peut-être car aumônier catholique, le père Lallemand, près de vingt ans d’exercice missionnaire au milieu desquels, il faut ajouter dix années passées avec l’armée tchadienne. Tout commence, quasiment, par Kolwezi.
- Un saut de plus…J’ai sauté derrière le
chef de corps avec le médecin. Je pensais à ma mère. Mon frère officier a été tué
en Algérie. Je me souviens parfaitement quand un colonel est venu l’annoncer à
ma mère…En arrivant au sol, j’ai atterri sur le cadavre d’un Africain. Il y en
avait partout. Les chiens rôdaient. L’odeur était abominable. La mission a été
remplie par le REP. Avant de quitter Kolwezi, j’ai célébré une messe.
Plus de neuf cents sauts,
notamment pour accompagner des garçons qui effectuaient, eux, leur premier, des
marches Képi blanc en compagnie des jeunes légionnaires à Castelnaudary,
« mon travail est un travail de proximité », le padre cite cette
phrase de l’Evangile, doublement pertinente « J’étais un étranger et tu
m’as accueilli ». La mort ne peut pas faire peur à un prêtre. Elle est
intégrée dans son ministère. Pourtant, les larmes affleurent lorsqu’il évoque
Beyrouth.
- Lorsque s’est déroulé l’attentat
contre le « point Drakkar, le 23 octobre 1983, j’étais à la Résidence des
pins. Il y a eu 58 parachutistes tués (55 du 1er RCP, 3 du 9ème RCP). Quand
je parlais aux blessés, je savais que certains d’entre eux, enfouis sous les
décombres, ne s’en sortiraient pas. Je ne leur disais pas, « vous allez
mourir », je les encourageais à tenir jusqu’au bout…Je les connaissais
tous par leur prénom. Vous savez ce que cela représente lorsque vous devez
ensuite les enterrer ?
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