lundi 9 avril 2012

Légion d'honneur/Légion étrangère

 Un nom retient forcément l'attention dans la promotion de Pâques de la Légion d'honneur. Celui du padre Yannick Lallemand, promu au grade de commandeur. Ancien aumônier militaire du culte catholique, précise le décret. Mais qui le connait dans la Légion étrangère (mais en fait tout le monde le connait), sait que malgré l'avancée du temps, son engagement au service de la collectivité légionnaire reste total. Voici le portrait que je dresse de lui dans Légionnaires (2011, Pascal Galodé éditeurs) :


Dans ce voyage entrepris à travers la Légion, de nombreux interlocuteurs m’avaient confié un nom, gardien semble-t-il du passé-présent de l’institution. Un autre regard peut-être car aumônier catholique, le père Lallemand, près de vingt ans d’exercice missionnaire au milieu desquels, il faut ajouter dix années passées avec l’armée tchadienne. Tout commence, quasiment, par Kolwezi.
-         Un saut de plus…J’ai sauté derrière le chef de corps avec le médecin. Je pensais à ma mère. Mon frère officier a été tué en Algérie. Je me souviens parfaitement quand un colonel est venu l’annoncer à ma mère…En arrivant au sol, j’ai atterri sur le cadavre d’un Africain. Il y en avait partout. Les chiens rôdaient. L’odeur était abominable. La mission a été remplie par le REP. Avant de quitter Kolwezi, j’ai célébré une messe.
Plus de neuf cents sauts, notamment pour accompagner des garçons qui effectuaient, eux, leur premier, des marches Képi blanc en compagnie des jeunes légionnaires à Castelnaudary, « mon travail est un travail de proximité », le padre cite cette phrase de l’Evangile, doublement pertinente « J’étais un étranger et tu m’as accueilli ». La mort ne peut pas faire peur à un prêtre. Elle est intégrée dans son ministère. Pourtant, les larmes affleurent lorsqu’il évoque Beyrouth.
-         Lorsque s’est déroulé l’attentat contre le « point Drakkar, le 23 octobre 1983, j’étais à la Résidence des pins. Il y a eu 58 parachutistes tués (55 du 1er RCP, 3 du 9ème RCP). Quand je parlais aux blessés, je savais que certains d’entre eux, enfouis sous les décombres, ne s’en sortiraient pas. Je ne leur disais pas, « vous allez mourir », je les encourageais à tenir jusqu’au bout…Je les connaissais tous par leur prénom. Vous savez ce que cela représente lorsque vous devez ensuite les enterrer ?

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