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@ministère belge de la défense |
Vincent Duclert a remis le 26 mars dernier son rapport sur le Rwanda au président de la République. Celui-ci établit la responsabilité de l’Elysée entre 1990 et 1994. Evoquant « l’aveuglement » de la présidence de la République sous François Mitterrand. La Belgique, puissance coloniale (depuis 1918) est, elle, toujours « restée muette » notait récemment dans les colonnes du quotidien « Le Soir », la journaliste Colette Braeckman. A la veille de l’indépendance (1962), Bruxelles, « sous l’influence de la démocratie chrétienne » choisit de soutenir les Hutus « plus nombreux et surtout considérés comme plus dociles ». En 1990, précise cette spécialiste incontestée de la région, les Belges ont refusé toutefois de livrer des armes aux Hutus « qui avaient été payées d’avance », prônant alors la négociation avec le Front patriotique rwandais (FPR) constitués avec les Tutsis en exil. La Belgique choisit de soutenir les accords d’Arusha (Tanzanie, 1993) qui devaient conduire à la formation d’un gouvernement de transition à Kigali (avec intégration de Tutsis). Colette Braeckman rappelant que l’ONU a attendu, en vain, des forces pour participer au maintien de la paix en remplacement des Français. Mais aucun pays ne s’est pressé. La Belgique a alors envoyé 550 casques bleus au Rwanda. Un contingent « mal préparé ». Le lendemain de l’attentat contre le président Habyarimana, le 7 avril 1994, dix parachutistes belges (du peloton Mortier) qui protègent la Première ministre, sont capturés. Puis sont ensuite abattus « sans que rien ne soit tenté pour les sauver ». La cheffe du gouvernement sera également tuée par ces militaires rwandais.* Bruxelles retira ses casques bleus. « Arrivés sur le sol belge, condamnés à l’impuissance, ils découpèrent leurs bérets bleus devant les caméras de télévision ». Entre-temps, des commandos belges et des militaires français étaient envoyés au Rwanda pour évacuer les expatriés. Le 12 avril, dans la capitale, à l’école technique officielle, 147 étrangers sont exfiltrés par les militaires belges. Sont également présents à l’ETO 2000 réfugiés (Tutsis en majorité) ; ceux-ci, abandonnés, sont massacrés par les Interhahamwe...**
*Le
major Bernard Ntuyahaga, a été condamné pour ces faits à vingt
ans de prison par la justice belge en 2007. Onze ans plus tard, il a
été expulsé vers le Rwanda.
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Milice hutue.