Poutine a lâché Assad
Les tyrans se croient invulnérables. Et puis un jour, à l’instar d’un château de cartes, leur régime s’effondre. Ainsi Ceaușescu en Roumanie en 1989 et d’autres depuis.
Où sont les alliés ?
Le départ d’un Bachar Al-Assad de Bagdad, privé du bouclier du Hezbollah, ne s’est pas déroulé dans le sang qu’il a sur les mains depuis si longtemps. Le désormais ex-président syrien semble s’être réfugié à Moscou. Chez son protecteur, celui qui lui avait sauvé la mise à plusieurs reprises. Mais qui, cette fois-ci, n’a pas été au rendez-vous. Le pouvait-il ou ne l’a-t-il pas voulu ? Face à l’avancée des troupes d’Hayat Tahrir Al-Cham (HTC, Organisation de libération du Levant), les militaires russes ont entrepris de se regrouper dans le port de Tartous, voire de commencer à évacuer. Quel avenir, également, pour leur base aérienne de Hmeimin ? Les Russes symbole de destruction, « d’instabilité et de promesses creuses » comme le note un diplomate.
La leçon syrienne doit actuellement être analysée dans les capitales africaines qui ont rejoint la sphère d’influence russe ces dernières années. Que vaut aujourd’hui la parole de Moscou ?
HTC
Dans toutes les chancelleries, une autre interrogation cherche réponse : que vont faire les responsables d’HTC (ou HTS) et comment vont-ils se comporter ? « Pour l’heure, ils ont fait preuve de sens politique, ayant compris les ressorts de la communication et ils savent ce que les Occidentaux veulent entendre » note Enora Chame*, officier supérieur français en activité, qui a effectué une partie de sa carrière au Moyen-Orient et en Syrie. Adaptation visible à Idlib, dirigée ces dernières années par Abou Mohammed al-Joulani, le chef d’Hayat Tahrir Al-Cham, un ancien d'Al-Qaïda. L'ancien ambassadeur de France en Syrie, Michel Duclos, a rappelé aujourd’hui sur franceinfo sur que Joulani, djihadiste au passé sombre avait toutefois « géré l'enclave qu'il dirigeait à Idlib, ces cinq dernières années, avec un souci de fédérer et de respecter les minorités.» « Ils ont tiré les leçons de l’échec de l’EI, précise Enora Chame. Ils ont aussi observé ce que les kurdes et les tribus
arabes ont mis en place. »
Abou Mohammed Al-Joulani, de son vrai nom Ahmed Hussein Al-Chara, reste un terroriste. Autour de ce syrien né à Damas, « se trouvent des étrangers et des islamistes à l’agenda violent » explique Enora Chame. Et une coalition peut aussi exploser.
*Pseudonyme d’auteur. Enora Chame a écrit « Quand l’ombre s’avance »(Mareuil éditions). Voir post du 20 avril
2022
Illustration : Hayat Tahrir Al-Cham.