Syrie, bien malin celui qui peut dessiner un avenir
« On connaît mal ces régions où se juxtaposent et se pénètrent, dans un inextricable puzzle, races et religions » écrivait à propos de la Syrie, dans le quotidien Le Journal, Edouard Helsey, le 2 septembre 1925. Ce grand reporter avait été envoyé, comme ses confrères Albert Londres et Joseph Kessel couvrir une insurrection dans ce territoire alors occupé par la France.
Hier et aujourd’huiOn peut aujourd’hui reprendre la notion de puzzle inextricable pour évoquer Hayat Tahrir Al-Cham (HTC), une ancienne branche syrienne d’Al-Qaida, qui vient de contraindre Bachar Al-Assad à l’exil en Russie. Le despote parti, la présence des successeurs d’Helsey, de Londres et de Kessel sur place va permettre de faire témoigner des victimes de l'ancien pouvoir, de documenter l’ampleur des disparitions et l’horreur employée pour anéantir toute forme réelle ou supposée d’opposition. Mais aussi, de confronter ses soutiens extérieurs, notamment en France (RN et LFI en particulier), avec la réalité de l’un de ces pays où la vie humaine ne vaut rien. L’infâmie du régime porté à bouts de bras par le Hezbollah, les Gardiens de la Révolution et la Russie dans des « temps meilleurs » ne peut plus être nié par personne. Qui se précipitera se mettre au secours de la défaite ?
Les combattants étrangers et français
Reste maintenant à patienter afin de découvrir les réelles intentions d’Ahmed Al-Charaa, ou de son nom de guerre, Abou Mohammed Al-Joulani qui semble être le chef d’HTC. Il faut rester extrêmement prudent et ne se réjouir que de la libération des « prisonniers politiques » des geôles. Cette « tête d’affiche » qui a combattu avec Al-Qaida en Irak et en Syrie est entouré de djihadistes étrangers, dont des Français recherchés par la justice. Jusqu’à quel point est-il fréquentable ?
C’est là l’un des mystères de la nouvelle donne syrienne. A l’heure des questions où la prudence reste un guide, pensons aussi à l’avenir des Kurdes, toujours variables d’ajustement, dont la Turquie, qui se sent pousser des ailes, voudrait réduire territoires et influence.
L’avenir du pays est donc à dessiner. Que deviendront les « villes muselées » au fil de l’histoire et déjà décrites en 1925 par les journalistes ?