Les leçons du passé

« Londres, comme Carthage sera détruite » avait coutume d’affirmer à la fin de ses interventions sur l’allemande Radio-Paris, Jean-Hérold Paquis. Avec une légère modification du slogan, Vladimir Poutine aurait pu affirmer en 2022 que « Kiev comme Carthage sera détruite. » Au-delà de la formule, ni la capitale anglaise durant la Seconde Guerre mondiale, ni la capitale de l’Ukraine aujourd’hui n’ont été anéanties.
Le parallèle avec ce passé ne s’arrête pas là. Ce sont là les avantages de l’histoire de nous rappeler que cette volonté de conquête du territoire ukrainien ressemble à la revendication des Sudètes – partie occidentale de la Tchécoslovaquie germanophone- par l’Allemagne pangermaniste en 1938. Après l’annexion de l’Autriche, la même année, le risque de guerre est immense. La France est liée à la Tchécoslovaquie par une alliance conclue en 1924. A la suite des Accords de Munich, en septembre 38, la guerre croit-on s’éloigne... La France et la Grande-Bretagne co-signataires avec les Allemands et les Italiens de ce misérable compromis ont le sentiment d’avoir sauvé la paix. A quel prix ! Le vainqueur de ce pacte des dupes est Hitler. La guerre n’est que partie remise comme l’a aussitôt expliqué Churchill à Chamberlain, ministre des affaires étrangères britannique à son retour de Munich : « Vous aviez le choix entre la guerre et le déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre ». Une vision qui conserve toute son actualité, 87 ans plus tard.
Le pas de deux Trump-Poutine -yeux froids, bouches sardoniques, mots à double entente- qui pourrait possiblement déboucher sur des accords afficherait de faux-airs de pacte germano-soviétique, signé à l’été 1939. Avec peut-être un protocole secret de partage de territoires. On sait ce qui est advenu. En juin 1941, l’Allemagne attaquait l’URSS. La seule inconnue de ce scénario est : qui trahira le premier, l’autre ?