Leur Camerone (7) : Jacques Hogard
Poursuite de la publication de la série Camerone (30 avril) et de la vision qu'ont de cette célébration, des anciens ou des militaires en service actif ; qu'ils soient légionnaires, officiers ayant servi ou servant à la Légion. J'ai, également, sollicité des regards civils qui ont été publiés précédemment et le seront demain pour le dernier volet de cette série.
Aujourd'hui, suivons le colonel (er) Jacques Hogard .
"Mon premier Camerone date de
1969. Je n’avais pas 14 ans et j’assistais pour la première fois à la
commémoration de ce combat épique. C’était à Djibouti, où mon père qui
commandait le 5ème RIAOM, entretenait de solides liens d’estime et
d’amitié avec son homologue légionnaire, le colonel Gustave Foureau, commandant
la prestigieuse 13ème Demi-brigade de Légion étrangère.
Aujourd'hui, suivons le colonel (er) Jacques Hogard .
(DR) |
Je me souviens comme si
c’était hier de l’impressionnante prise d’armes à « Gabode », qui
deviendra plus tard le quartier Monclar : les carrés impeccables de képis
blancs et képis noirs frappés de la Grenade à sept flammes, les jugulaires, les
épaulettes verte et rouge, les fourragères verte et jaune portées en bataille,
les ceintures de flanelle bleue, les canons scintillant, les baïonnettes… Les
VLRA et les EBR, les mortiers de 120 tractés, tous impeccablement alignés sur
la place d’armes encore écrasée de soleil et de chaleur. Je me souviens comme
si c’était hier de la lecture solennelle de l’héroïque combat des légionnaires
du Capitaine Danjou par un officier à
titre étranger et du "présentez armes final" :
Ils
furent ici moins de soixante, opposés à toute une armée, sa masse les écrasa,
La vie plutôt que le combat abandonna
ces soldats français, le 30 avril 1863.
J’étais fasciné par
l’impression de puissance qui se dégageait d’une telle troupe, et impressionné
par ce qui se dégageait confusément de cette communauté virile de soldats
français aux forts accents étrangers.
J’ai dévoré alors ces premiers
ouvrages La Légion Etrangère de Pierre Mac Orlan, Et voici la Légion Etrangère de
Jean des Vallières, et puis, bien sûr, je dirai même surtout, Par le sang versé de Paul
Bonnecarrère, sur la geste de la Légion Etrangère en Indochine, lu et relu avec
passion des nuits d’affilées ! C’est alors qu’est
probablement née dans mon cœur ma vocation de futur officier de Légion.
Plus tard, j’ai connu bien des "Camerone", au 4ème Etranger à Castelnaudary, au 2ème
REP à Calvi, en particulier à la tête de la 3ème compagnie que j’eus
le grand honneur de commander, à la 13ème DBLE à Djibouti, où
j’avais tant de souvenirs de jeunesse, au 1er RE enfin à Aubagne.
A chaque fois, j’ai ressenti
avec mes tripes cette émotion forte et cette fierté profonde d’appartenir à
cette irremplaçable communauté guerrière.
Mon dernier Camerone, c’était
l’an dernier à Aubagne, où j’ai eu la joie et la fierté de voir présider les
cérémonies traditionnelles par le "Père Légion", mon ami Jean Maurin,
aujourd’hui COMLE , et de retrouver autour de mon ancien adjudant de
compagnie, l’exemplaire lieutenant-colonel Zlatko Sabljic, de nombreux anciens
légionnaires , toutes catégories confondues, tous rassemblés en cette occasion
autour de leurs valeurs fondatrices, l’Honneur et la Fidélité, certes, mais
aussi l’amitié et la fraternité d’armes qui nous sont si précieuses. Vive la Légion, vive
Camerone !