Leur Camerone (8) : Jean-François Bège

Je termine la publication de la série Camerone (30 avril) par un regard civil . Celui de Jean-François Bège, journaliste et écrivain, ancien éditorialiste du quotidien "Sud-Ouest" (1).
(DR)
" Jeune journaliste à la fin des années 60, j’ai "couvert" beaucoup de cérémonies avec dépôts de gerbes et salut au drapeau. C’était le lot des débutants. Le Camerone des Anciens de la Légion, dans la ville où je travaillais, ne ressemblait à aucune autre. Je dois avouer que j’ai mis beaucoup de temps à comprendre pourquoi. Je crois y être parvenu aujourd’hui et encore ne suis-je sûr de rien car, comme le chantait Gabin, "on ne sait jamais bien le bruit ni la couleur des choses". Ce que je sais, c’est qu’un esprit frondeur comme l’était le mien à l’époque avait dû, mystérieusement, percevoir dans cette célébration qu’elle a été fondée sur un récit et non sur un discours. Cette histoire de soldats placés dans un combat inexplicable et désespéré paraît a priori absurde pour le raisonnement contemporain. Elle est pourtant à l’image de beaucoup des épreuves imprévisibles et injustes que le destin nous envoie. Le lieu et la période importent peu. Il y a là, comme on dit maintenant, un story-telling sur la nécessité du courage quelles que soient les circonstances. Le message clair, c’est que le légionnaire est un homme qui combat. Il le fait, sous le drapeau d’une nation que souvent il connait peu, avant tout parce qu’il s’est engagé à le faire. Jusqu’à donner sa propre vie. Pour les autres, la seule question qui vaille, à la fois simple et immense, c’est : en serait-on capable ? Elle nous renvoie tous au plus profond de nous-même".

(1)  Dernier ouvrage paru : « Le destin fabuleux des Bernadotte » (Editions Sud Ouest).

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