Jean Jaouen né en 18, mort en 45, le jour de son anniversaire
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Jean Jaouen a plusieurs particularités. Il est né l’année de la
fin de la Première Guerre mondiale et il est mort l’année de la fin de la Seconde.
Plus précisément, le jour de son vingt-septième anniversaire. Adolescent, ce Quimpérois se rêvait marin. La maladie l’en a empêché. Il ne pourra se présenter à l’Ecole
navale. Ce sera l’école d’hydrographie où il étudie lorsqu’il est mobilisé, en
septembre 1939. Mais, quelques mois plus tard, après les EOR (Elève officier de
réserve), il choisit l’armée de terre. Il se bat en Belgique où il est fait
prisonnier, le 29 mai 1940. Rapatrié au bout de dix-huit
mois, il est nommé professeur dans un lycée de sa ville natale.
La
Résistance
« Il consacrait tous ses loisirs au recrutement et à
l’organisation de la Résistance. Travaillant pour Libération Nord, il prend contact à Paris avec Turma Vengeance. Et devient le premier chef du mouvement dans le
Finistère » explique un membre de sa famille. Recherché par la Gestapo, il
quitte la France, à Douarnenez, pour l’Angleterre le 23 août 1943, à bord d’un bateau de pêche. En novembre, il est
affecté à la brigade des canons d’infanterie de la 13e demi-brigade
de Légion étrangère. Il est des combats d’Italie. Le 24 mai 1944, au Monte
Leucio (Radicofani), il continue de diriger les tirs malgré les éboulements
provoqués par l’artillerie ennemie. Promu sous-lieutenant, Jean Jaouen débarque
avec son unité en Provence et participe à la libération de Toulon, de la vallée
du Rhône, des Vosges et de l’Alsace. Il est blessé le 23 janvier 1945 à
Illhaeusern (combats de la poche de Colmar). Mais reste à son poste. « Du 5 au
19 mars 1945, nous eûmes, une dernière fois, la joie de le revoir à Quimper en
mission de recrutement pour cette Légion qu’il aimait tant et qui avait payé si cher ses
dernières victoires. Le 17 avril, se célébrait à Quimper le mariage de sa sœur
aînée. Pas un instant il hésita entre son devoir et cette joie familiale.» Il
rejoint donc la 13 pour les derniers combats de la guerre, ceux de l’Authion.
Mourir
le jour de son anniversaire
Le 30 mai, jour de son vingt-septième anniversaire, Jean
Jaouen se promène sur la plage de Juan-les-Pins. « Il a vu une mine qu’il a
prise, essayant de la déverrouiller ; mais cette mine avait séjourné sans doute
longtemps dans l’eau et n’était plus
normale. Elle a éclaté, causant une mort instantanée. » Une semaine
auparavant, le jeune officier avait envoyé une lettre à sa sœur Louise, dans
laquelle il évoquait les dernières journées et l’avenir : « Nous avons donc
participé au défilé de la victoire à Nice. Pendant deux heures, les groupements
politiques, drapeaux rouges, poings levés ont défilé (c’est probablement eux
qui ont gagné la guerre), puis ce fut nous autres. Le 18 juin prochain, nous
participerons au défilé monstre de Paris. Là, j’en suis persuadé, ce sera
différent. » Louis Jaouen fut fait compagnon de la Libération à titre posthume.
Il est l’un des 97 militaires de la 13e DBLE à recevoir la croix de
la Libération.
Ce portrait de Jean Jaouen est extrait
de mon prochain ouvrage : « Les compagnons de la Libération de la 13e
DBLE » à paraître, le mois prochain, aux éditions Mareuil.