En Angleterre, un réseau d'espionnage aurait transmis des informations à la Russie pendant près de trois ans
A Londres, la cour criminelle centrale d’Angleterre et du Pays de Galles (Old Bailey) abrite actuellement un procès pour espionnage présumé en faveur de Moscou. Dans le box, trois ressortissants bulgares trentenaires, Katrin Ivanova, Vanya Gaberova et Tihomor Ivantchev. « Pendant près de trois ans, ils ont cherché à recueillir des informations au profit de la Russie, un ennemi du Royaume-Uni, des informations sur diverses cibles, à la fois des personnes et des lieux physiques. Des informations présentant un intérêt particulier pour l'État russe » a expliqué la juge Allison Morgan. Les deux jeunes femmes pouvant servir « d'appât sexuel.»
Sophistication
Sont également accusés deux autres citoyens bulgares, Biser Dzhambazov et Orlin Roussev. La BBC rapporte que la maison occupée par Roussev était « remplie » d’équipements sophistiqués. « Le groupe disposait de 221 téléphones portables, 258 disques durs, 495 cartes SIM, 33 appareils d'enregistrement audio, 55 appareils d'enregistrement visuel, 11 drones, 16 radios et trois capteurs IMSI - des équipements hautement techniques permettant de capturer et d'exploiter des données sur les appareils utilisés à proximité. Ils disposaient également d'appareils d'écoute et de brouilleurs Wi-Fi, ainsi que de 75 passeports et documents d'identité, dont 55 au nom d'autres personnes, a-t-on appris au tribunal. »
Opérations contre des opposants
La juge Morgan a expliqué que cinq opérations principales leur étaient reprochées.
La première précise la BBC, entre septembre et novembre 2021, visait le journaliste bulgare de Bellingcat*, Christo Grozev, « dont le travail sur les affaires russes comprenait la découverte de liens avec l'attaque de Salisbury en 2018 et la disparition d'un avion de Malaysia Airlines en juillet 2014. Parmi les hypothèses envisagées : lui voler son ordinateur et son téléphone afin de les apporter à l'ambassade de Russie, brûler ses biens, le kidnapper et l'emmener à Moscou, ou le tuer… »
La deuxième, en novembre 2022, ciblait le dissident russe basé au Royaume-Uni Roman Dobrokhotov, fondateur du media The Insider**.
La troisième pointait, fin 2021, Bergey Ryskaliyev , ressortissant kazakh et ancien homme politique qui s'est réfugié au Royaume-Uni où il a ensuite obtenu l'asile politique.
La quatrième, prévoyait, fin 2022, une surveillance de Patch Barracks, une base militaire américaine à Stuttgart, considérée par les accusés « comme un lieu où les forces ukrainiennes étaient entraînées à l'utilisation d'armes sol-air. »
La dernière avait pour objectif l'avocat russe Kirill Kachur, alors qu'il séjournait au Monténégro entre septembre 2021 et janvier 2022. Employé par le Comité d'enquête de Russie, celui-ci a quitté le pays en 2021 et a été désigné comme «
agent étranger » par Moscou en novembre 2023.
Ce procès doit durer jusqu’en février prochain.
* Groupe international indépendant de chercheurs, d'enquêteurs et de journalistes
** Journal en ligne indépendant russe dont le siège est à Riga (Lettonie)
Photo : Orlin Roussev , © Metropolitan Police