Les femmes engagées et les "mortes pour la France" depuis 1940 (2) L'Indochine, l'Algérie et aujourd'hui
Une seule stèle en France, rend hommage uniquement aux PFAT (personnel féminin de l'armée de Terre) "mortes pour la France" en Indochine. Elle est située dans la caserne de Croÿ à Versailles (Yvelines). Trente et un noms y figurent. Ainsi ceux d'Yvette Bergeret, 22 ans, de la 73e CQG, tuée au cours de l'attaque d'un convoi à Da Banch le 9 mai 1948, celui de Violette Dambiel, 27 ans, tuée dans les mêmes circonstances, de Françoise Guillain, "massacrée le 10 mars 1946 près de Haïphong" alors qu'elle venait de débarquer avec la 9e DIC*(2), d'Aline Lerouge, 1ere classe, ambulancière, blessée lors d'un premier séjour en 1945, citée lors d'un deuxième qui reçoit la Légion d'honneur en 1948, meurt lors d'un troisième séjour. Son ambulance coulant en traversant un arroyo, celui de Pierina Piccardi, 32 ans, "tuée au combat" en 1952, de Viviane Saint-Paul, 40 ans, 2eme classe à la section cinéma, tuée avec son assistante et son chauffeur dans une embuscade au Cambodge, d'Odette Triollet, ancienne Rochambelle de la 2e DB, qui a poursuivi son engagement en Indochine, est tuée à Saïgon. Des convoyeuses de l'air sont également mortes en mission. Il est toutefois difficile de citer un nombre précis de ces femmes militaires tuées en Indochine.
100 à 200 tuées au sein des TFEO
En croisant les sources disponibles (peu nombreuses ou contradictoires), Elodie Jauneau pour un article*(1) publié en 2012 par le centre d'histoire de Sciences-Po (Paris), estime que "cent à deux cents femmes ont trouvé la mort en Extrême-Orient" soit entre 5 et 10% des effectifs militaires engagés sur place. "Alors qu'elles ne représentent guère plus de 2% de l'effectif total des troupes françaises d'Extrême-Orient (TFEO)". L'historienne rappelle que ce sont 15 à 20% des effectifs du corps expéditionnaire qui moururent en Indochine.
L'Algérie
Lors de cette guerre, "retrouver la trace des femmes tombées au champ d'honneur est une tâche encore plus ardue" explique Elodie Jauneau "en revanche, il est possible d'affirmer que parmi les mortes pour le France, toutes les spécialités féminines sont représentées : convoyeuses de l'air, attachées des SAS (sections administratives spécialisées), EMSI (équipières médico-sociale itinérantes)..." Et de citer quelques noms de ces femmes (d'origine française ou d'Algérie "harkettes") : Christine Guenon, Djamila Keira Madami, Kedassa M'Barka, Saadia Chemla, Yamina Ouali, Zoubida Mustapha, Zhora Nichami (tuées lors d'embuscades), Nassia Lassani et Germaine Kiintzler (assassinées). Citons aussi, parmi d'autres femmes abattues, Jacqueline Domergue (dite Jaïc), convoyeuse de l'air, tuée d'une balle en plein front alors qu'elle prodiguait des soins à des victimes.
XXIème siècle
Deux femmes militaires sont mortes depuis le début du XXIè siècle : Laurence Briançon-Forest en 2007 lors d'un accident d'avion en Egypte et Yvonne Huynh au Mali, samedi. Le taux de féminisation de l'armée française était selon les ministère, de 16,1% en 2019.
(1) Les "mortes pour la France" et les "anciennes combattantes" : l'autre contingent de l'armée française en guerre (1940-1962)