Le départ concerté du chef d’état-major des armées
Depuis l’annonce mercredi, à l’issue du conseil des ministres, du départ du général Burkhard et de son remplacement comme chef d’état-major des armées par le général Mandon, beaucoup de commentaires circulent dans la sphère informationnelle. La majorité salue cet officier général qui comme me le rappelait hier l’un de ses anciens chefs, a la particularité de « faire l’unanimité » notamment grâce à ses qualités humaines.
D’autres soutiennent que le CEMA a été démis de ses fonctions en raison de ses déclarations sur la Russie lors de sa conférence de presse du 11 juillet dernier ou affirment que le président de la République se serait volontairement séparé d’un collaborateur exécutant sagement ses instructions. Sur cette dernière affirmation, c’est vraiment très mal connaître le général Burkhard…
Le contexte
Le CEMA devait initialement quitter ses fonctions à l’été 2024. Mais à la demande du chef de l’Etat, celui-ci avait accepté de prolonger son mandat d’une année supplémentaire « dans un souci de continuité stratégique » avait-on expliqué alors au ministère des Armées. En outre, il est également admis que les relations professionnelles entre Emmanuel Macron et le général Thierry Burkhard ont toujours été cordiales.
Ces derniers mois, il y a eu beaucoup de spéculations autour de son maintien pour une nouvelle année, à la tête des armées. Mais lui, selon nos informations, n’envisageait pas de rester.
Rappelons qu’il est également de tradition de ne pas faire coïncider les nominations militaires avec les alternances politiques. Il est ainsi important que le prochain chef de l’Etat ait face à lui un CEMA suffisamment installé afin d'assurer la transition.
Ce départ était donc réfléchi et concerté. Une déception pour les amateurs de sensationnalisme et de complotisme ou pour les soutiens indéfectibles du Kremlin qui ont crié à la démission ou pire au limogeage. C’est cette dernière idée qui a, par exemple, été exploitée mercredi en Russie par le site du quotidien Izvestia.
La conférence de presse
Les mêmes ont donc lié ce départ aux propos tenus par le général Burkhard lors de sa conférence de presse exceptionnelle du 11 juillet, assurant que la Russie a fait de la France « son principal adversaire en Europe ». Une phrase qui n’est surtout pas une improvisation de l’instant. Il s’agit évidemment de la traduction, approuvée par le politique, de la situation née de l’augmentation des manœuvres hybrides conduites par la Russie contre les intérêts français. Rappelons que cette conférence de presse a été organisée à la demande du chef de l’Etat.
Enfin certains des jugements les plus critiques et définitifs sont publiés, sans surprises, sur X par des juges impitoyables qui avancent confortablement masqués sous pseudonymes.
Photo : ©X 14 juillet 2025.