Les mémoires du D Day


Falaise (Calvados) @DR
Le 6 juin 1944, ce sont environ 139 000 soldats qui débarquèrent sur le sol normand.17 000 furent, eux parachutés. Au soir, de ce Jour J, les pertes alliées se chiffraient à 10 300 hommes (militaires tués ou disparus). Ces chiffres partagés par les historiens font partie de la mémoire nationale.

Une autre mémoire

Hier à Saint-Lô (Manche) où 352 habitants furent victimes, il y a 80 ans, des bombardements alliés, le président de la République a évoqué cette « mémoire inconfortable », vis-à-vis des victimes : « ces morts des bombardements furent les victimes de notre combat pour la liberté et la patrie ». Puis poursuivant, aujourd’hui « la nation doit les reconnaître ».
D’autres villes furent en grande partie détruites durant Overlord (et avant): Argentan, Coutances, Falaise, Flers, Lisieux, Caen, Vire, Condé-sur-Noireau, Pont-l’Évêque ... puis plus tard Le Havre.
Il est incontestable que les monuments aux morts sont majoritairement dédiés aux résistants, martyrs et combattants, donc à ceux qui ont perdu la vie du fait de l’ennemi. « Les victimes civiles sont parfois mentionnées, mais rarement en lien avec les bombardements, et jamais en référant directement aux Alliés » note ainsi Victor Bissonette, historien canadien. Son collègue français Jean-François Muracciole explique que « le nombre de victimes civiles des bombardements est trois fois supérieur au nombre de fusillés par les Allemands (26 000) » . Pour ce professeur d'histoire contemporaine à l'Université Paul-Valéry à Montpellier II, les bombardements aériens demeurent le dernier "fantôme" ou le dernier "trou noir" de la mémoire collective française de la Seconde Guerre mondiale, »

Pourquoi bombarder ces villes ?

Le 21 janvier 1944, à Londres, les Alliés ont décidé que les nœuds routiers et les villes concernées devaient être « aplanies » ( flattened) afin de retarder l’envoi de renforts allemands. D’où ces bombardements : 2 500 victimes civiles dans les heures précédant le D Day.
Malgré les milliers de livres consacrés au débarquement en Normandie, très peu, hormis localement, ont traité de ce sujet. En 2014, à Caen, pour le 70e anniversaire, le président François Hollande avait consacré son intervention à cette mémoire là.
Depuis 80 ans, beaucoup de ces villes détruites en 1944 ont choisi de ne pas donner le nom de chefs alliés à des rues, places, boulevards...

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