samedi 3 novembre 2012

Kadhafi, les politiques et les services


Beaucoup de journaux de l’hexagone mais aussi étrangers s’interrogeaient récemment sur les dernières secondes de Kadhafi. Beaucoup de titres posaient la question  suivante. « Kadhafi a-t-il été tué par les services secrets français ? ». Interrogation qui faisait suite aux déclarations d’un espion libyen au quotidien britannique The Telegraph et au site Internet Mediapart, confirmées par Mahmoud Jibril, ancien chef du premier gouvernement rebelle. Information difficile à vérifier. Il est peu vraisemblable que ce sujet soit évoqué lors du prochain séminaire des forces spéciales (COS), dans quelques jours, à Paris. Le seul élément que toutes les sources fiables citent, est la présence d’un drone puis d’un Mirage 2000 français au-dessus du convoi qui emporte, le 20 octobre 2011, Khadafi et deux cents, deux cent cinquante de ses partisans...C’est-à-dire quelques minutes avant la fin de l’histoire. La suite, est, pour l’heure, imprécise, encore du domaine de la fiction. Mais tous les écrivains le savent, les meilleurs scénarios puisent leurs source dans la réalité du monde. 
Les relations entre Kadhafi et les présidents de la Vème République qui se sont succédé durant les quarante et une années de dictature de l’ex-colonel à Tripoli, peuvent être comparées à des « montagnes  russes ». Ce tyran particulièrement pervers (pour qui, par exemple, le viol était une arme de pouvoir), adepte du terrorisme  (il est considéré comme commanditaire des attentats de Lockerbie en 1988 et de celui contre le vol 772 UTA en 1989, qui ont coûté la vie à 440 personnes), sut plus tard redevenir fréquentable. Ou tout au moins le fit-il croire.
Intéressons-nous au septennat de VGE en France qui correspond à un moment de grande tension entre nos deux pays. Elle survient au moment de l’annexion par les troupes libyennes de la bande d’Aouzou (Tchad). Nous sommes à la fin des années soixante dix. Kadhafi s’est également lancé dans l’élimination de ses opposants en Europe. Huit, réfugiés à Rome, Londres, Bonn, Athènes et Milan sont assassinés. A l’intérieur du pays d’autres opposants ont « bricolé » une tentative d’élimination.  On demande au SDECE (prédécesseur de la DGSE) d’étudier une telle hypothèse. L’étude de faisabilité a duré quinze mois. Plusieurs scenarios sont évoqués. Deux éléments ont stoppé ce projet. La difficulté d’approcher Kadhafi et l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand à l’Elysée. Pendant que le SDECE planchait,  Kadhafi engageait des « révoltes spontanées » contre des représentations diplomatiques étrangères dans son pays. Ce fut le cas de l’ambassade américaine à Tripoli qui fut mise à sac puis incendiée. L’ambassade de France subit le même sort ainsi que notre consulat général à Benghazi.  Précisons que le personnel diplomatique français par un coup de téléphone anonyme avait été « engagé à quitter l’ambassade » avant l’attaque.
Près de trente ans après que VGE ait étudié son élimination, M. Kadhafi était reçu en grande pompe par Nicolas Sarkozy. L’ex-colonel aura usé tous ses homologues étrangers et survécu à tous ses parrains internationaux. La chute sera finalement venue de l'intérieur. 

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