jeudi 31 décembre 2020

2020, les mots et les maux

 


2020 a été une année exceptionnelle, c'est-à-dire hors normes. Qu'il soit adjectif ou substantif, ce mot porte les germes d'une situation qui ne figure pas dans nos périmètres habituels et classiques. Il est utile de respecter le vocabulaire et ne pas user prématurément les mots en les utilisant abusivement. Sinon comment définir cette situation sanitaire que nous vivons et qui va enjamber 2021 ? Elle est parfaitement exceptionnelle. Les éléments du langage doivent être considérés. Au même titre que nous devrions respecter nos semblables. Permettez-moi de formuler ce double souhait pour 2021. 

Des mots aux maux

Que l'exécutif parle de "guerre" contre le coronavirus ne me chagrine pas. Il s'agit d'une mise en oeuvre de l'art oratoire, de la pure réthorique. Ce qui m'attriste beaucoup plus est, dans l'utilisation de la parole publique (quelle que soit sa provenance), ce que j'appellerai la "synthèse irrévérencieuse par omission". Le 20 novembre dernier, à la mort de Daniel Cordier, combien de fois avons-nous lu ou entendu qu'il ne restait désormais plus en vie qu'un Compagnon de la Libération, Hubert Germain. Et à la suite de ce constat, que celui-ci reposerait dans le caveau n°9 de la France combattante au Mont-Valérien (Hauts-de-Seine). Du vivant de la personne, le raccourci est osé. Qui d'entre nous, dans une telle situation accepterait que l'on enterre un proche avant sa disparition ?

mercredi 30 décembre 2020

Le Premier ministre au Tchad avec les militaires de Barkhane

 

©DR

Jean Castex, Florence Parly et Gabriel Attal passeront le réveillon à N'Djamena au Tchad (camp Kosseï) auprès des militaires français de Barkhane. Vendredi 1er janvier ils devraient se rendre à Faya-Largeau puis Abéché. Une présence du Premier ministre, de la ministre des Armées et du porte-parole du gouvernement en forme d'hommage après la mort, lundi, de trois chasseurs dans la bande sahélo-saharienne.

mardi 29 décembre 2020

Le caractère sombre de l'actualité de 2020 s'accentue en décembre

 

©Frédéric Valletoux

Six militaires morts en moins d'une semaine, trois gendarmes départementaux dans le Puy-de-Dôme, trois chasseurs (1er RCh) hier au Mali. L'actualité dramatique compose la une des journaux de cette fin 2020. Année marquée par la crise sanitaire meurtrière et extrêmement difficile à vivre au quotidien depuis le premier trimestre.
Mais l'actualité sombre affiche d'autres images. Ainsi celles du cimetière de Fontainebleau où 67 tombes viennent d'être profanées. Signature taguées : des croix gammées et deux noms, "Charles" et "Biobanas".

lundi 28 décembre 2020

Les trois chasseurs tués aujourd'hui au Mali

 

Le Chasseur de 1ère classe Dorian Issakhanian, 23 ans né à Périgueux (Dordogne), le brigadier-chef Tanerii Mauri, 28 ans, né à Papeete (Polynésie), ancien du régiment d'infanterie de marine du Pacifique, le chasseur de 1ère classe Quentin Pauchet, 21 ans, né à Doullens (Somme). Tous trois avaient été projetés au Mali le mois dernier. Ils étaient célibataires.

Trois militaires français tués au Mali

 

Le brigadier-chef Tanerii Mauri, les chasseurs Quentin Pauchet et Dorian Issakhanian du 1er RCh (Thierville-sur-Meuse) ont été tués aujourd'hui alors qu'ils participaient à une opération dans la région de Homboni (région de Mopti). "Leur véhicule blindé a été atteint par un engin explosif improvisé" vient de préciser l'Elysée dans un communiqué.

Ambert, dernier hommage aux trois gendarmes tués

 

@gendarmerie nationale

Une cérémonie en hommage aux trois gendarmes tués le 23 décembre dans le Puy-de-Dôme, s'est déroulée en début d'après-midi à Ambert. Le lieutenant Cyrille Morel (45 ans) a été promu au grade de lieutenant-colonel, l'adjudant Rémi Dupuis (37 ans) au grade de major et le brigadier Arno Mavel (21 ans) au grade de gendarme. Tous trois ont été cités à l'ordre de la nation et ont reçu la Légion d'honneur à titre posthume ainsi que la médaille de la gendarmerie. "Trois vies sacrifiées pour en sauver une autre" a expliqué Gérald Darmanin dans son discours. Le ministre de l'intérieur était accompagné dans le Puy-de-Dôme de Florence Parly, son homologue des armées ainsi que du général Christian Rodriguez, directeur général de la gendarmerie.
L'adjudant-chef Bertrand Boyon, blessé lors de l'intervention qui a coûté la vie à ses collègues, a été fait chevalier de la Légion d’honneur. Il a également reçu la médaille de la gendarmerie nationale ainsi que la médaille d'or de la sécurité intérieure.

Yves Beigbeder, témoin du procès de Nuremberg

 

@DR

Yves Beigbeder est l'un des derniers témoins du procès de Nuremberg. Sinon le dernier. En 1945, il avait 22 ans et était le secrétaire du juge titulaire français Henri Donnedieu de Vabres*."Il m'a recruté pour résumer chaque journée de débats" raconte aujourd'hui dans sa maison de Sauveterre-de-Béarn (Pyrénées-Atlantiques) le nonagénaire à "Sud-Ouest". Yves Beigbeder est alors étudiant en droit. 

Du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946, 24 dignitaires nazis ont comparu devant un tribunal militaire international composé de quatre juges, quatre procureurs et quatre assesseurs soviétiques, français, britanniques et américains. Yves Beigbeder raconte : "Goering était le chef. Il tenait les autres en laisse. Tous, ou presque, avaient la même défense : « c'est la faute d'Hitler, on a suivi ses ordres. » Ils mentaient tous." Douze, dont Goering, seront condamnés à mort par pendaison.

Dans sa carrière future effectuée à l'ONU ou à l'OMS, nul ne lui parlera jamais de ce procès. Il fut de même en France où jusqu'à la décennie 70, on préféra oublier la Seconde Guerre mondiale. 

* Spécialiste du droit criminel. Henri Donnedieu était l'oncle d'Yves Beigbeder.

dimanche 27 décembre 2020

A part ça ?

 

©fr.123rf.com

A Gao (Mali), deux militaires français ont été blessés lors d'une altercation, dans la nuit du 24 au 25 décembre. Nuit de Noël alcoolisée, "prise de tête" pour reprendre la terminologie du porte-parole de l'état-major des armées, et utilisation d'une arme de service. Résultat : "un blessé grave, un blessé léger." La Père Noël se chargera des sanctions !

vendredi 25 décembre 2020

Noël à la 13e DBLE

©FW

Hier soir lors de la veillée (limitée pour des raisons sanitaires), les officiers de la 13e demi-brigade de Légion étrangère présents au régiment (Larzac) et ceux qui sont en mission Sentinelle à Paris et Ile-de-France, ont reçu chacun (et chacune, en ce qui concerne deux médecins) un exemplaire des "Compagnons de la Libération de la 13" (Mareuil, 2020). Pour la circonstance le livre avait été préalablement relié à l'Institution des invalides de la Légion étrangère (Puyloubier, Bouches-du-Rhône) et chaque exemplaire dédicacé par l'auteur.

jeudi 24 décembre 2020

Des réveillons

2019, crèche au 2e REI, (Nîmes)

Malgré l'actualité tragique de ces dernières heures en France, Noël arrive à grand pas. Le chef d'état-major de l'armée de Terre, le général Thierry Burkhard est rentré, hier, d'une visite de trois jours aux militaires dans la bande sahélo-saharienne (BSS). Les hommes et les femmes de Barkhane réveillonneront rapidement, ce soir (créneaux de 30 mn), crise sanitaire oblige. A la Légion, où 85% des hommes servent à titre étranger (150 nationalités) et ne rejoindront donc pas leur pays pour la période des fêtes, les régiments, selon la tradition, célébreront évidemment ce moment. Concentré cette année autour du repas de veillée. " Hors le repas, les activités traditionnelles qui prolongent la nuit sont interdites, les distances interpersonnelles et les gestes barrière seront respectés" précise le lieutenant-colonel Jean-Philipe Bourban, conseiller communication du général commandant la Légion étrangère (COMLE). 

mercredi 23 décembre 2020

Arrêté à Orly avec 4 kg de cocaïne, un militaire se suicide

 

Agé de 33 ans, ce militaire du 9e régiment d'infanterie de marine (9e RIMa) s'est saisi de l'arme de service d'une policière et s'est donné la mort. Il avait été interpellé à Orly en provenance de Guyane avec 4kg de cocaïne. Placé en garde à vue, il s'est saisi de l'arme de la fonctionnaire de police qui venait lui apporter un repas et s'est suicidé selon une information du Parisien.

Le forcené de Saint-Just retrouvé mort

Les gendarmes viennent de retrouver le corps du forcené qui a tué cette nuit à Saint-Just (Puy-de-Dôme), trois gendarmes et en a blessé un quatrième. Suicide ? On ne connait pas, pour l'instant les circonstances de sa mort.

L'identité des trois gendarmes tués

Le lieutenant Cyrille Morel, 45 ans, l'adjudant Rémi Dupuy, 37 ans, et le brigadier Arno Mavel, 21 ans, du groupement de gendarmerie du Puy-de-Dôme ont été tués cette nuit par un forcené alors qu'ils intervenaient pour des violences conjugales à Saint-Just. Celui-ci âgé de 48 ans n'a toujours pas été maîtrisé par le GIGN, présent dans le hameau depuis 2h30.

Un forcené tue trois gendarmes dans le Puy-de-Dôme (actualisé)

Ces trois militaires de la compagnie d'Ambert ont été tués par un forcené, cette nuit, alors qu'ils intervenaient pour des violences familiales dans un hameau à proximité de Saint-Just (Puy-de-Dôme). Un quatrième a été blessé. Le tireur n'a toujours pas été maîtrisé. Le GIGN est sur place. Les trois victimes sont un lieutenant de 45 ans, un adjudant de 37 ans et un brigadier de 21 ans.

lundi 21 décembre 2020

De miss Provence aux "bons Français"

 

Les réseaux sociaux sont actuellement agités par un infatigable et exalté antisémitisme parce qu’une candidate au concours de Miss France, April Benayoum représentant la Provence, a samedi, expliqué que sa mère « est serbe-croate » et son père « israélien-italien ». Les Balkans et la patrie de Dante ne sont pas concernés. Un seul mot a mis en transe ces esprits frappeurs : « israélien ». Ces Israéliens qui, utile précision dans ce contexte, ne se reconnaissent pas tous en Benjamin Netanyahou. Mais au-delà du fait contemporain, perdurent des comportements attestés par l’histoire. En cette fin 2020, l’anonymat du Web remplace les lettres de dénonciation de juifs, de francs-maçons ou de résistants pendant l’occupation allemande. Le pseudo a remplacé la signature d’un « Bon (ne) Français (e). » Quels que soient ces acteurs masqués, les réflexes restent. Et la lâcheté, identique !

jeudi 17 décembre 2020

Hommage par la Patrouille de France aux 21 militaires morts en opérations depuis le 25 novembre 2019

 

Survol de la PAF au-dessus du 1er RHP  ©SIRPAT

Cette année la cérémonie en l’honneur de tous les morts pour la France, le 11 novembre, s’étant déroulée dans un format réduit à l’Arc de Triomphe (Paris) pour des raisons sanitaires, la Patrouille de France a, hier, survolé les garnisons d’origine des 21 militaires français tués en opérations (entre le 25 novembre 2019 et le 12 novembre 2020). Les Alphajet sont ainsi passé au-dessus du 5e Régiment d’hélicoptères de combat (RHC) à Pau, du 1er Régiment de hussards parachutistes (RHP) à Tarbes, du 14Régiment d’infanterie et de soutien logistique parachutiste (RISLP) à Toulouse, du 1er Régiment étranger de génie (REG) à Laudun-l’Ardoise, du 93e Régiment d’artillerie de montagne (RAM) à Varces-Allières-et-Risset, du 4e Régiment de chasseurs (RCh) à Gap, du 2e Régiment étranger de génie (REG) à Saint-Christol et du 1er Régiment étranger de cavalerie (REC) à Carpiagne. La Patrouille de France a survolé également Moissac, village natal du colonel Sébastien Botta, mort dans le crash d’un hélicoptère le 12 novembre dernier au Sinaï (Égypte).

mercredi 16 décembre 2020

Renforcement de la coopération entre les services de renseignement militaire et civil belges

 


Le Service Général du Renseignement et de la Sécurité est le service militaire dépendant donc du ministère de la défense. La Sûreté de l'Etat (VSSE ) a pour tutelle le ministère de la justice. Les deux ministres souhaitent renforcer la coopération entre les deux entités "par un engagement formel et inédit." Qui repose en particulier sur un statut unique pour les métiers du renseignement. Celui-ci pourrait permettre une plus grande mobilité du personnel entre services, de faciliter également leurs relations. Ce statut s’adresse uniquement aux personnels civils. Un cadre juridique commun pour l’infiltration d’agents et pour les informateurs devrait également être défini. Ces évolutions ont pour objectif de créer en Belgique une véritable communauté du renseignement.

lundi 14 décembre 2020

Disparition du général Gérin-Roze

©SMLH

Président de la Société des membres de la Légion d'honneur (SMLH) de 1999 à 2009, le général d'armée (cr) François Gérin-Roze est décédé le 7 décembre dernier, à l'âge de 92 ans. Saint-cyrien de la promotion Rhin et Danube, ce cavalier avait servi en Indochine (1952-54) comme lieutenant à la tête d'un commando vietnamien, comme capitaine en Algérie (1958-61) commandant un commando de chasse. Chef de corps du 4ème hussards, il avait également servi à la présidence de la République, comme adjoint du chef d'état-major particulier. Il termina sa carrière comme gouverneur militaire de Metz, commandant du 1er corps d'armée et de la 6ème région militaire. Les honneurs militaires lui ont été rendus, ce matin, dans la cour d"honneur des Invalides (Paris) après une cérémonie religieuse en la cathédrale Saint-Louis.

samedi 12 décembre 2020

Charles Santini, compagnon de la Libération de la 13e DBLE, parrain de la 345e promotion de l'ENSOA

©Ordre de la Libération

Le nom de cet adjudant-chef de la 13e DBLE a été donné au 3e bataillon de la 345e promotion de l’Ecole nationale des sous-officiers d’active (28 septembre 2020-28 mai 2021). Le parcours de ce sous-officier de Légion est représentatif des choix qu’occasionna la Seconde Guerre mondiale. Après neuf années d’armée, Charles Santini choisit la Légion et intègre en novembre 1939 au Levant, le 6e régiment étranger d’infanterie qui vient d’être constitué. Dans les mois qui suivent, le régiment restera fidèle, comme la majorité des régiments légionnaires au gouvernement de Vichy. En juin 1941, 6e REI et 13e DBLE (unité qui elle a choisi la France libre en juin 40) se font face en Syrie, dans les faubourgs de Damas. Combats fratricides syriens qui opposent alors Français des deux camps. Une brève fusillade fera toutefois deux victimes chez les képis blancs. On en reste là pour les deux unités. Amilakvari y est pour beaucoup. Au terme de cette tragique entreprise de Syrie d’où les Alliés sortent vainqueurs, il est proposé aux hommes du 6 de rejoindre la 13. C’est le choix que fera le sergent Charles Santini. Qui se distingue ensuite à Bir-Hakeim, en Italie, en France. Le 14 avril 1945, il est grièvement blessé dans le massif de l’Authion (Alpes-Maritimes). Pour cet engagement, il recevra la croix de la Libération.  A l’issue de la guerre, Charles Santini sera ouvrier à la manufacture des Tabacs.

vendredi 11 décembre 2020

Un pilote suisse acquitté par la justice militaire

La justice militaire suisse a acquitté, aujourd’hui, à Aarau (canton d’Argovie), le pilote d’un F/A-18 Hornet qui s’était éjecté le 14 octobre 2015 dans le Doubs. Il avait été légèrement blessé. Son appareil étant devenu incontrôlable lors d’un exercice, commençant à tournoyer. L’officier, pilote chevronné qui comptait plus de 3 000 h de vol,  était accusé de « violation des règles de service par négligence. « J’ai fait tout ce qui était humainement possible » a-t-il expliqué lors de l’audience. Déclaration confirmée par les experts.

jeudi 10 décembre 2020

En Nouvelle-Calédonie, les gendarmes font usage de leurs armes

Barrage routier au Mont-Dore ©France TV

Afin d'empêcher, aujourd'hui, une tentative d'intrusion de deux véhicules dans l'usine de nickel de Prony (sud de la Grande Terre). Il n'y a pas eu de blessés. Les employés de ce site industriel classé Seveso, ont été évacués. Cet incident survient alors que la tension est très vive sur le territoire. Indépendantistes et autorités coutumières kanak s'opposent à la cession de cette usine détenue par les brésiliens de Vale à un consortium local et international.

mercredi 9 décembre 2020

Décès du dernier calédonien du Bataillon du Pacifique

 

 ©Eric Cintas

Louis Kasni Warti avait 101 ans. Il est décédé dimanche dans l’Essonne, où il vivait avec son épouse. Né le 1er novembre 1919 à Nouméa, d’origine javanaise, il s’engage au printemps 1940 en Nouvelle-Calédonie au sein du Bataillon d’infanterie coloniale puis se rallie au général de Gaulle et part, en 1943, pour la Libye. Il servira ensuite au sein du Bataillon d’infanterie de marine et du Pacifique. Une unité formée de Polynésiens, de Néo-Hébridais et de Calédoniens. Ceux-ci seront engagés dans la campagne d’Afrique au sein de la 1ère Brigade française libre du général Koenig. Louis Kasni Warti sera blessé en Italie en mai 1944 par un tir de mortier. Il sera toutefois du débarquement de Provence et des combats pour la Libération de la France. Retourné en Calédonie, il reviendra rapidement en métropole et s’y établira. En 2010, il avait reçu la Légion d’honneur.

mardi 8 décembre 2020

2038, un nouveau porte-avions à propulsion nucléaire


L'annonce a été faite par le chef de l'Etat en visite, aujourd'hui, au Creusot (Saône-et-Loire) sur un site de Framatome. 75 000 tonnes "de diplomatie" selon l'expression couramment utilisée, ce futur porte-avions à propulsion nucléaire sera opérationnel dans dix-huit ans. Il emportera une trentaine de chasseurs SCAF et 2000 marins. En 2038, le Charles-de-Gaulle sera alors retiré du service. Son successeur devrait coûter sept milliards d'euros.

dimanche 6 décembre 2020

Polar : "La Proie" à l'affût entre Afrique du Sud et France

 

Le SSA ? Ce sont les services secrets sud-africains. Dans ce polar, ils sont le bouclier d’un président corrompu. Qui n’est jamais nommé par Deon Meyer dans La Proie mais qui pourrait ressembler comme deux gouttes d’eau à Jacob Zuma chassé du pouvoir (2009-2018) par son propre parti l’ANC. Dans le livre, des anciens combattants de la lutte contre l'apartheid de l’African National Congress, écoeurés, décident de le « neutraliser » lors d’un séjour en France. L’opération homo, pour reprendre la terminologie technique des services, est confiée à un ex de la branche militaire de l’ANC, formé par le KGB et la Stasi pour lesquels il a également accompli des missions. C’est là son passé. Son présent est à Bordeaux, où il restaure des meubles anciens. Il s’appelle maintenant Daniel Darret. Ce Bordeaux qu’il arpente est celui de mon enfance. Que l’auteur a parcouru et parfaitement profilé. Un Bordeaux contemporain raconté en afrikaans avant d’être traduit par Georges Lory. Le premier mort est toutefois un passager du Rovos, luxueux train reliant Le Cap à Pretoria. Un ancien policier. Benny Griesel, qui mène-là une septième enquête (personnage devenu fétiche de Deon Meyer) et son partenaire Vaugh Cupido sont chargé de l’affaire. L’un est blanc, l’autre noir. Le duo qui appartient aux Hawks, unité en charge des crimes prioritaires (corruption, crime organisé…) est attachant et opiniâtre. Les deux policiers et leur supérieure, auront bien besoin de cette détermination dans cette sarabande du diable….

La Proie de Deon Meyer, Série noire (Gallimard).

samedi 5 décembre 2020

Le prix Erwan Bergot à Marc Leroy et Hubert Germain

 

©armée de Terre

L’édition 2020 du prix de l’armée de Terre a récompensé Espérer pour la France (éditions des Belles-Lettres), livre d’entretiens de Marc Leroy avec Hubert Germain, dernier Compagnon de la Libération, qui a combattu durant la Seconde Guerre mondiale au sein de la 13e DBLE (voir post du 27 octobre 2020). Hubert Germain explique dans cet ouvrage (90 pages), avec pudeur, ces engagements qui ont pour charpente l’amour de son pays. Le prix lui a été remis hier par le général Burkhard, chef d’état-major de l’armée de Terre. Une mention spéciale a été attribuée par le jury à S’accrocher à une étoile (Cherche-Midi), une plongée au sein de l’hôpital militaire des Invalides. L’INI où réside Hubert Germain.

jeudi 3 décembre 2020

Valéry Giscard d'Estaing

©DR

Décédé hier soir à l'âge de 94 ans, l'ancien président de la République (1974-1981) Valéry Giscard d'Estaing avait participé à la libération de Paris en août 1944 (il avait 18 ans), puis s'était engagé dans la 1ère armée commandée par la général de Lattre de Tassigny. Le brigadier VGE obtiendra, quelques mois plus tard, une citation à l'ordre de l'armée.

lundi 30 novembre 2020

Attaques djihadistes à Gao, Kidal et Menaka

Les forces françaises mais aussi maliennes et de la Minusma ont été visées par des tirs d'obus et de roquettes de groupes armés terroristes (GAT) à Gao, Kidal et Menaka (est du Mali). A Kidal, seule la partie occupée par la Minusma aurait été touchée. Ces trois attaques coordonnées n'auraient fait aucune victime.

L'actualité au travers d'une photo...

 

©Twitter

Avec Ludivine Dedonder, la ministre de la Défense belge qui porte un masque à fenêtre transparente afin écrit-elle sur son compte Twitter, "d'offrir une meilleure communication aux personnes malentendantes." Intéressante initiative. Portera-t-elle ce masque lors d'un déplacement officiel ?

dimanche 29 novembre 2020

La surchauffe de l'armée belge

©DR


« Avec 21 000 militaires, on ne sait pas fonctionner. Dans certains secteurs, nous sommes au point de rupture (…) C’est la réalité, même si elle est difficile à accepter. » Celui qui s’exprime ainsi est l’amiral Michel Hofman, patron de la défense belge (CEMA) depuis juillet dernier. Dans une interview au quotidien bruxellois « Le Soir », il énumère les points de sous-capacité : artillerie anti-aérienne, génie, contrôle aérien, contre-drone, digitalisation, cyber et communication. « Mais c’est difficile d’attirer des gens chez nous alors qu’ils peuvent gagner trois fois plus dans le civil. » Le royaume a des détachements déployés sur 21 théâtres d’opérations belges et internationaux. Soit 1600 personnes. « En 2021, nous allons continuer à être présent au Sahel et Moyen-Orient. Notre implication dans l’opération Barkhane (…) est à l’étude au Parlement. »  Autre sujet d’inquiétude pour l’amiral Hofman, le départ d’ici 5 ans, de 6 000 militaires. « Nous devons créer des statuts spéciaux et trouver des appuis dans le civil… »

samedi 28 novembre 2020

Elève mort noyé à Saint-Cyr : fin du procès

 

© V. Chopin - France Télévisions

Le procès des sept militaires poursuivis pour homicide involontaire après la mort de Jallal Hami en 2012, lors d'un « bahutage », s’est achevé hier à Rennes (Ile-et-Vilaine). La décision du tribunal a été mise en délibérée au 14 janvier 2021 à 9 h. Jeudi, le parquet avait requis entre 3 et 18 mois de prison avec sursis contre les anciens élèves officiers, deux ans avec sursis pour le lieutenant-colonel Wallerand chargé des élèves de 2ème année à l’époque des faits, aujourd’hui radié de l’armée, et la relaxe pour le général Chanson, ancien directeur des formations. La défense a, elle, plaidé pour la relaxe de six des sept officiers poursuivis.

vendredi 27 novembre 2020

Didier Lallement aux policiers de la préfecture de police : "Etre un chef c’est montrer l’exemple en ayant le courage de ne jamais céder à la facilité"

 

@DR

"Dévier de la ligne républicaine qui nous sert de guide, cette ligne qui a éclairé les pas de nos anciens dans les ténèbres de l’histoire, c’est renier ce que nous sommes, c’est ébranler le pacte de confiance qui nous unit à nos concitoyens, c’est perdre le sens de notre mission" écrit aujourd’hui Didier Lallement dans un texte adressé aux policiers de la préfecture de police de Paris. Message qui fait suite, notamment, aux violences à l’encontre d’un producteur de musique samedi soir dans la 17e arrondissement et lors de l’évacuation, lundi soir, d’un camp de migrants qui s’était constitué place de la République. "J’attends donc de chacun d’entre vous qu’il tienne cette ligne, jusqu’au bout. Je l’attends plus encore des cadres, à qui échoit la responsabilité des hommes et des femmes qu’ils commandent. Etre un chef c’est montrer l’exemple en ayant le courage de ne jamais céder à la facilité. C’est savoir dire à ceux (…) qui ont la tentation d’oublier ce qu’ils sont, pourquoi ils ont tort et à quel point ils se fourvoient." 

Rappel de l’histoire

Et de s’appuyer sur le rôle joué par les 2000 policiers insurgés qui, à partir du 19 août 1944, occupèrent la préfecture de police. "Vous avez reçu la fourragère rouge qui vous distingue parmi les autres policiers de France : c’est le rappel qu’il y a 76 ans, vos aînés ont pris les armes pour se soulever contre l’oppresseur et la barbarie, en y laissant pour 167 d’entre eux, une vie à peine entamée." Puis de demander aux fonctionnaires de police de ne jamais trahir votre engagement "quelles que soient les difficultés -je les connais- auxquelles vous êtes confrontés dans vos fonctions."

jeudi 26 novembre 2020

Avec Daniel Cordier, les combattants de la Seconde Guerre mondiale sont en train de disparaître.

 

Monument aux morts de Wattignies-la-Victoire (Nord).

Sans que l’on y prenne garde, c'est une génération qui, inexorablement, est en train de disparaître. Celle de nos parents, grands-parents ou arrière grands-parents. Celle des combattants de la Seconde Guerre mondiale. Des visages hétérogènes. Militaires de carrières ou rappelés, prisonniers temporaires ou durant quasiment cinq années, résistants de l’intérieur, des colonies, Français libres, soldats de l’armée d’Afrique d’abord fidèles au Maréchal puis fin 42 s’engageant auprès des Forces françaises libres (FFL). N’oublions pas d’autres traits, ceux qui choisirent l’autre côté, Vichy…

  Fils de Poilus

Enfants, adolescents, ces hommes ou ces femmes avaient côtoyé les poilus survivants, les mutilés, les gueules cassées, ceux qui avaient fait Verdun ou les Dardanelles…ces miraculés de l’enfer, ces taiseux considérant que le malheur enduré dans les tranchées ne se raconte pas. Ces hommes valeureux qui devaient continuer à vivre accompagnés d’encombrants compagnons nocturnes, les cauchemars. Ces malheureux dépossédés de leur jeunesse avaient pour point commun d’affirmer « Plus jamais ça ! » Et pourtant. Leurs héritiers, ces combattants de la guerre à venir, croisaient quotidiennement les femmes définitivement habillées en noir, portant le deuil d’un mari, d’un père, d’un frère, d’un fiancé. Tous étaient nés avec des monuments aux morts encore neufs... Leur aînés leurs disaient souvent : « Tais-toi, toi tu n’as pas fait la guerre ! » Leur heure allait venir.

                                                      1940

Ma génération a vu le jour dans l’ombre des combattants et combattantes de l’autre guerre, celle qui n’aurait pas dû venir, la seconde. Qu’en reste-t-il ? Des trajectoires limpides ou tortueuses, des blessures visibles ou enfouies, des secrets de famille dans une France que l’on annonçait rapidement réconciliée. Face au courage des uns, on avait gommé de ses souvenirs la lâcheté des autres, ainsi ces abjects anonymes qui rendaient alors la Poste prospère, tant les lettres de dénonciation étaient nombreuses. Ce n’est que plus tard, après ces années de reconstruction suivies des « Trente glorieuses », que l’on regarda différemment, avec une nouvelle génération d’historiens, français et étrangers, ces années dites noires. Bien qu’il ne soit pas toujours simple de séparer le bon grain de l’ivraie. Même s’il est confortable de se prononcer lorsqu’on connait la fin de l’histoire. Une question m’a toujours obsédée: « qu’aurais-je fais en 1940 ou les mois suivants ? » Je n’aurai évidemment jamais à me prononcer mais comme tout journaliste, j’aime bien qu’à une question succèdent des mots. Mais là, c’est impossible. 

Cordier et Germain

Des hommes comme Daniel Cordier et Hubert Germain ont, eux, répondu. Très clairement. En ce mois de juin, ces eux jeunes garçons de 19 ans ont transformé leur désappointement en fougue, le 17, après l’intervention radiophonique du maréchal Pétain annonçant la demande d’armistice. L’action plutôt que la raison ? Heureusement que quelques individualités, souvent très jeunes, ont choisi de partir pour tenter de continuer de se battre contre « le boche » et le renoncement. Avec qui ? Ils l’ignoraient. Où aller ? Même chose. En Afrique du Nord avec l’armée d’Afrique, en Grande-Bretagne avec les Anglais (quelques-uns avaient entendu un général français sur les antennes de la BBC parler, ou lu son nom le lendemain dans les journaux), au Canada ? Ces deux aventuriers, appareillant, séparément, du Pays Basque sont revenus vivants de près de cinq années de guerre. Eux, comme les autres compagnons de la Libération que j’ai côtoyés depuis une vingtaine d’années, ont affiché en permanence l’humilité. Aux Invalides, ce jeudi, en regardant le cercueil de Daniel Cordier c’est à l’engagement de la jeunesse, au désintéressent, au don de soi, à l’acte de foi qu'hommage a été rendu.

mercredi 25 novembre 2020

Hommage demain à Daniel Cordier aux Invalides

 

Daniel Cordier, 18 juin 2015, Paris @HW

C’est dans un format limité à trente personnes pour raisons sanitaires, que se déroulera demain après-midi, la cérémonie religieuse en l’honneur de Daniel Cordier, compagnon de la Libération. Elle aura lieu en la cathédrale Saint-Louis des Invalides (Paris) à 14h. Les honneurs militaires lui seront ensuite rendus, en présence du chef de l’Etat.  Bernard Emié, directeur général de la Direction générale de la sécurité extérieure a, ce matin, annoncé dans le Carnet du jour du Figaro et cet après-midi dans le Carnet du Monde, le décès de Daniel Cordier "membre du BCRA, dont la DGSE est l’héritière, où il avait été chef de la section parachutage puis chef de cabinet du fondateur des Service secrets de la France Libre, André Dewavrin alias le colonel Passy."

lundi 23 novembre 2020

Une rue Daniel Cordier à Bordeaux ? A Arcachon ?

 

 ©Guy Fouré

Après l’annonce de la mort de Daniel Cordier, vendredi, des politiques bordelais souhaiteraient que le nom de l’ancien secrétaire de Jean Moulin, chancelier honoraire de l’ordre de la Libération, né dans la ville-préfecture de la Gironde soit donné à l’une des rues ou l'une des places de la commune. Pourquoi, également, ne pas imaginer qu’Arcachon nomme ainsi l’une de ses artères. Dans son adolescence, le futur Français libre a fréquenté un établissement scolaire de la cité balnéaire. Ce qu’il a raconté dans un livre publié en 2014 « Les feux de Saint-Elme » (Gallimard). Pour en avoir parlé avec lui, Daniel Cordier conservait de ces années-là beaucoup d’émotion. La mémoire de la Résistance (intérieure et extérieure) circule au travers de la toponymie urbaine. Les noms de rue sont également des symboles.

Procès de 7 militaires après le décès d'un élève officier à Saint-Cyr en 2012

 

Jallal Hami ©DR

Ouverture, ce matin, devant le tribunal correctionnel de Rennes (Ile-et-Vilaine) du procès de sept militaires jugés pour homicide involontaire, huit ans après la noyade du sous-lieutenant Jallal Hami lors d’une soirée « de transmission des traditions »c'est-à-dire bizutage, à Saint-Cyr. C’était le 30 octobre 2012. Les prévenus devront s’expliquer sur les conditions qui ont mené à la mort de cet élève officier de 24 ans, lors d’une traversée d’un plan d’eau (Voir posts des 31 octobre 2012, 29 juillet et 30 novembre 2013). 

dimanche 22 novembre 2020

Mort de Noëlla Rouget, la résistante qui avait pardonné à son bourreau

  

7 février 2020 ©HW

 Le 25 décembre prochain, Noëlla Rouget aurait eu 101 ans. Elle s’est éteinte, cette nuit, à Genève (Suisse). Sa trajectoire est rare dans l’histoire, même si elle commence classiquement. Résistante durant la Seconde Guerre mondiale, la jeune fille, née en Anjou, est arrêtée par un collaborateur français de la Gestapo, torturée, déportée à Ravensbrück. Elle parvient à survivre à l’horreur. Lui, Jacques Vasseur, sera arrêté en 1962, jugé, condamné à mort. Là où le récit prend un tour singulier, c’est que Noëlla Rouget obtient sa grâce auprès du président de la République, Charles de Gaulle, au nom de son rejet absolu de la peine de mort. Vasseur obtiendra plus tard une réduction de peine, mais ne manifestera jamais le moindre remords. Le fiancé de Noëlla, lui, n’a bénéficié d’aucune clémence des nazis puisqu’il a été fusillé pour faits de résistance. Le 7 février dernier, Noëlla Rouget avait reçu l’écharpe de grand’croix de l’ordre national du Mérite à la résidence du consul général de France à Genève, qui lui avait été remise par le général Benoit Puga, grand chancelier de la Légion d’honneur, chancelier de l’ordre national du Mérite.  

Hubert Germain, le dernier Compagnon

  

Hubert Germain en 2016  ©HW

L’ordre de la Libération et l’Institution nationale des Invalides sont très proches. Toutes deux situées dans l’enceinte des Invalides. Vendredi après-midi, le général Christian Baptiste, délégué national de l’ordre de la Libération est allé annoncer à Hubert Germain la mort de Daniel Cordier. Centenaire depuis le 6 août dernier, celui-ci est désormais le dernier des 1038 compagnons de la Libération. Celui qui porte l’héritage des 1032 hommes et des 6 femmes qui ont reçu la croix de la Libération avant janvier 1946*. Quelques jours avant le 80ème anniversaire de la création de l’ordre de la Libération, le 16 novembre, Pierre Simonet a disparu. Quelques jours après, c’est au tour de Daniel Cordier. Funeste période !

*A l’exception de Winston Churchill et du roi Georges VI pour qui l’ordre fut, exceptionnellement, rouvert en 1958 et 1960.

vendredi 20 novembre 2020

Disparition cet après-midi de Daniel Cordier, secrétaire de Jean Moulin

 

18 juin 2018 ©HW

C'était il y a quelques années. Au téléphone, Daniel Cordier me racontait son emploi du temps. « Vous vous rendez compte, je n'arrête pas ! » Le soir même France 3, diffusait Alias Caracalla. Titre d’un monumental ouvrage sur son engagement dans la Résistance et sa rencontre puis son travail au quotidien avec Jean Moulin (Alias Caracalla, Gallimard, 2009). Dans la clandestinité, Daniel Cordier, utilisera effectivement nombre de pseudonymes. Il sera BIP W, BX 10, Alain (à Lyon), Michel (à Paris), Benjamin, Talleyrand, Toussaint. Le jeune homme fut donc dix mois durant, le secrétaire de Jean Moulin. Yves Farge (journaliste, qui contribua à la création du mouvement Franc-Tireur et qui sera dirigeant de l'Armée secrète) dit de lui : « Il ne notait rien, il savait tout ». Son destin est celui de ces jeunes gens auquel la fin de l'adolescence a été amputée par la guerre. Des jeunes gens venus d'origine et de courants de pensée très différents. Daniel Cordier est mort en début d’après-midi, chez lui à Cannes (Alpes-Maritimes).


L'heure des choix

Daniel Bouyjou-Cordier est né le 10 août 1920 à Bordeaux (Gironde) dans une famille de négociants et effectue ses études dans plusieurs collèges catholiques ; militant de l'Action française, il fonde à 17 ans le Cercle Charles Maurras. Il n'a pas encore 20 ans et attend son incorporation prévue le 10 juillet, lorsque, près de Pau où habite sa famille, il entend l'annonce de demande d'armistice faite à la radio par le maréchal Pétain le 17 juin 1940. Il décide immédiatement de continuer la lutte et rassemble seize volontaires avec lesquels il embarque le 21 juin depuis Bayonne sur un navire belge, le Leopold II, pour l'Afrique du Nord. Dérouté vers l'Angleterre, il atteint Falsmouth le 25 juin.   

Daniel Cordier s'engage avec ses camarades dans la "Légion de Gaulle", le 28 juin 1940. En transit pendant quelques jours à l'Hôtel Olympia, il y est affecté au bataillon de chasseurs alors en formation. Il arrive début juillet à Delville Camp, où il suit un entraînement jusqu'à la fin du mois. Le bataillon est ensuite installé à Camberley puis au camp d'Old Dean où Daniel Cordier poursuit sa formation militaire. Promu aspirant en août 1941, alors que le départ prévu pour le théâtre d'opérations africain ne se concrétise pas, il obtient d'être affecté, à l'été 1941, au service "Action" du Bureau central de Renseignements et d'Action (BCRA), les services secrets de la France libre à Londres. Pendant un an, il suit un entraînement spécial dans les écoles de l'Intelligence Service sur le sabotage, la radio, les atterrissages et parachutages.


Jean Moulin

Daniel Cordier, est parachuté en France près de Montluçon le 26 juillet 1942, comme radio et secrétaire de Georges Bidault, chef du Bureau d'Information et de Presse (BIP), agence de presse clandestine.

A Lyon, le 1er août, il rencontre pour la première fois Jean Moulin alias Rex, représentant du général de Gaulle et délégué du Comité national français, qui l'engage pour organiser son secrétariat à Lyon. Il met sur pied un état-major clandestin, sans moyen ni personnel - surtout au début - avant d'être assisté par Laure Diebold, puis par Hugues Limonti notamment.

En mars 1943, Daniel Cordier organise et dirige à Paris, selon les directives de Jean Moulin, son secrétariat de zone nord. Après l'arrestation de ce dernier le 21 juin 1943 à Caluire, il poursuit sa mission en zone nord comme secrétaire de la Délégation générale en France auprès de Claude Bouchinet-Serreulles, successeur par intérim de Jean Moulin.

A son poste jusqu'au 21 mars 1944, pourchassé par la Gestapo, il s'évade par les Pyrénées. Interné en Espagne, à Pampelune puis à Miranda, il est de retour en Angleterre fin mai 1944 et est nommé chef de la section des parachutages d'agents du BCRA. Intégré à la Direction générale des Etudes et Recherches (DGER) en octobre, il dépouille, avec Vitia Hessel, les archives du BCRA pour permettre la rédaction, dont se charge Stéphane Hessel, du Livre blanc du BCRA. Chef de cabinet du colonel Passy, directeur de la DGER (qui deviendra rapidement le SDECE), il démissionne après le départ du général de Gaulle en janvier 1946.


Travail de mémoire

Après la guerre, Daniel Cordier désire consacrer sa vie à la peinture et commence une collection d'art contemporain. En 1956, il ouvre une galerie d'art à Paris et à New York jusqu'en 1964. En 1979, il est nommé membre de la commission d'achat du Centre Georges Pompidou auquel, en 1989, il fait don de sa collection dont une partie se trouve au Musée d'Art Moderne de Toulouse, Depuis le début des années 80, Daniel Cordier est devenu historien afin de défendre la mémoire de Jean Moulin (il publiera à partir de 1983 une biographie en plusieurs tomes). Grand croix de la Légion d'honneur, Daniel Cordier était l’un des deux derniers Compagnons de la Libération. Le dernier est désormais Hubert Germain.

lundi 16 novembre 2020

80ème anniversaire de la création de l’Ordre de la Libération

 

©Ordre de la Libération

Le 16 novembre 1940, à Brazzaville, le général de Gaulle confirme les prérogatives régaliennes de son pouvoir en signant l’ordonnance de création de l’ordre de la Libération (ordonnance n°7). C’est pour récompenser ceux qui ont, tôt, rejoint la France libre et qui se sont signalé dans « l’œuvre de libération de la France et de son empire » que le général de Gaulle l’a créé. 

Dans la réflexion qui précéda ce choix, l’idée émergea d’opter pour un «  ordre de la Délivrance » arboré par des « croisés. » Ce qui témoigne de l’idée d’une nouvelle chevalerie regroupant, comme au Moyen-Age, les serviteurs d’une cause et d’un idéal presque religieux. Mais l’idée apparut désuette.

Ce sera donc « compagnon de la Libération » qui rappelle les premiers vers de L’Odyssée, par lesquels Homère désigne les marins d’Ulysse. Les compagnons d’Alexandre le Grand sont, ainsi désignés. Tous ont pour point commun d’avoir affronté, au travers des siècles, la mort avec pour seul bénéfice, l’honneur.

La croix est très sobre. C’est un écu de bronze qui porte un glaive chargé d’une croix de Lorraine. Au revers la devise : Patriam servando – Victoriam Tulit. « En servant la Patrie, il a remporté la Victoire ». L’ordre est égalitaire, il n’y a qu’un seul et unique grade. Les couleurs du ruban ont été choisies pour exprimer le deuil de la France (noir) et l’espoir (vert).

Le 27 janvier 1941, les 5 premiers compagnons sont nommés. Parmi eux, le capitaine de frégate, Georges Thierry d’Argenlieu (décoré de la légion d'honneur à 24 ans), supérieur provincial des Carmes, deviendra le premier chancelier de l’ordre. Il le restera 17 ans malgré toutes les responsabilités qui furent les siennes. Il a été blessé à Dakar (23 septembre 1940).

Ordre forclos le 23 janvier 1946 avec le départ du pouvoir du général de Gaulle qui en sera le seul et unique grand-maître. Il fut réouvert, à titre tout à fait exceptionnel, en 1958 pour admettre Sir Winston Churchill et en 1960 pour le roi George VI (à titre posthume).

L’ordre a compté 1032 hommes et 6 femmes seulement. 5 villes (Nantes, Grenoble, Paris, Vassieux-en-Vercors et l’Ile de Sein) et 18 unités militaires. 75 % de ces titulaires de la croix de la Libération sont des combattants et résistants de 1940. 91% se sont engagé avant 1942. Deux tiers ont porté l’uniforme des FFL, un tiers de la Résistance intérieure. Deux compagnons sont encore en vie : Daniel Cordier et Hubert Germain, cent ans tous les deux.

dimanche 15 novembre 2020

La photo de la semaine

 

DR

Pendant dix ans, Agnès Reis, à droite sur la photo, a été porte-parole de la police fédérale à Bruxelles. Puis elle a démissionné et est devenue boulangère, à Liège (Belgique) avec deux autres « reconvertis ». L’Amicale des boulangers est née en 2018 et l’affaire est en pleine croissance.

samedi 14 novembre 2020

Nouvelle frappe française au Mali

 Où des membres d’un groupe armé terroriste ont été tués jeudi soir dans la région de Mopti. "Une trentaine de membres d’un GAT appartenant au RIVM ont été neutralisés" a précisé le porte-parole de l’état-major des armées, le colonel Frédéric Barbry. Ces hommes du Rassemblement pour la victoire de l’islam et des musulmans ont été tués lors d’une opération associant Mirage 2000, hélicoptères de combat et commandos. Le chef militaire du RIVM avait été "neutralisé" le 10 novembre.

vendredi 13 novembre 2020

Il y a 5 ans…

 

Cette maman et ses fillettes se recueillent devant le Carillon le lendemain ©HW 

Le vendredi 13 novembre 2015, en début de soirée, 15 personnes sont tuées au Carillon et au Petit Cambodge qui lui fait face dans le 10e arrondissement de Paris. D’autres victimes sont abattues par les terroristes à La bonne bière, à La casa nostra, à La belle équipe, à proximité du Stade de France, au Comptoir Voltaire, et au Bataclan. Bilan 130 morts dont 123 sur place. 543 blessés dont 337 hospitalisés.

Ag Moussa tué au Mali

Chef militaire du Rassemblement pour la victoire de l’Islam et des musulmans (RIVM), groupe affilié à Al-Quaïda, Baj ag Moussa a été « neutralisé » le 10 novembre dans une opération menée par les forces françaises au nord de la Ménaka. Cet ancien officier de l’armée malienne était considéré comme l’un des principaux responsables militaires djihadistes du Mali.

L'officier français mort en Egypte est le lieutenant-colonel Botta

©Armée de l'air et de l'espace


Officier de l'armée de l'air et de l'espace engagé au sein de la "Force nationale et Observateurs" (MFO), Sébastien Botta est mort ce jeudi avec six autres militaires de différentes nationalités, dans le crash de l'hélicoptère dans lequel ils avaient pris place. L'appareil s'est écrasé dans la région de Sharm-el-Sheik (Egypte). Né en 1976 à Moissac, il s'était engagé en 1999. Sous-officier affecté sur la base de Cazaux (Gironde), ce tarn-et-garonnais avait ensuite réussi le concours de l'école de l'air et était devenu officier "exemplaire, loyal et dévoué" écrivait hier soir, le général Lavigne, chef d'état-major de l'armée de l'air et de l'espace. Depuis août 2019, le lieutenant-colonel Botta, 44 ans, père de trois enfants, était chef de la division "personnels"  au sein de l'état-major opérationnel du commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes.

jeudi 12 novembre 2020

Egypte, 7 observateurs de la MFO tués dans un crash dans le Sinaï

©MFO


Sept membres de la Force multinationale d'observateurs dans le Sinaï égyptien, dont cinq Américains, un Français et un Tchèque, ont été tués aujourd’hui dans le crash de leur hélicoptère. On ne connait pas, pour l’heure, les causes de l’accident.
Cette force (MFO), chargée de surveiller la paix entre Israël et l'Egypte, compte actuellement 1154 militaires issus de nombreux pays dont l’Australie, les Etats-Unis, le Canada et la France...

mercredi 11 novembre 2020

Maurice Genevoix (1890-1980) au Panthéon

DR

Pierre Brossolette, Félix Eboué, Jean Moulin, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion, Jean Zay ont été « panthéonisés » au titre de la Seconde Guerre mondiale. André Malraux, René Cassin, Jean Monnet en partie pour leur rôle joué pendant celle-ci. Les visages de 14-18 reposent ailleurs : Foch aux Invalides, Joffre dans un mausolée dans sa propriété de Louveciennes (Yvelines), Clémenceau à Mouchamps (Vendée) pour ne citer qu’eux. Tous trois siégèrent à l’Académie française où ils furent élus en 1918. Comme Maurice Genevoix, élu -raccourci de l’histoire- juste après la fin de la seconde Guerre mondiale, en 1946.

Combattant dès 14, le jeune lieutenant Genevoix est très grièvement blessé le 25 avril 1915, de trois balles qui l’atteignent au bras et à la poitrine, lui sectionnant l’artère humérale. Il perd l’usage de sa main gauche. Dès lors, Genevoix devient un porte-parole de ses camarades ayant combattu durant la Grande Guerre. Travail de mémoire qu’il accomplit par la plume, publiant cinq ouvrages entre 1916 et 1923, Sous VerdunNuits de guerreAu seuil des guitounesLa boueLes Eparges. Cinq volumes mieux connus sous le titre Ceux de 14. C’est à partir de ses carnets que M. Genevoix entreprend « de restituer patiemment son expérience, de dépeindre les hommes et les situations avec une scrupuleuse exactitude, de conjuguer sa formidable mémoire à son sens de l'observation et du détail » explique l’universitaire Laurence Campa. Ses premiers ouvrages sont parmi les livres les plus forts écrits sur l’horreur de 14-18. Prix Goncourt en 1925 pour Raboliot, il sera secrétaire perpétuel de l’Académie française de 1958 à 1973. Maurice Genevoix entrera à 18h aujourd’hui au Panthéon, hors la présence de sa fille Sylvie, décédée en 2012 sans celle de Bernard Maris dont la panthéonisation de son beau-père était l’un des objectifs. Bernard Maris a été tué lors de l’attentat contre Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015.

 Le transfert des cendres de Maurice Genevoix coïncide avec le centenaire du Soldat Inconnu.